Lors du récent forum minier au Cameroun, de nombreuses présentations ont montré à souhait l’importance qui doit être accordée à cette problématique
Une des problématiques importantes du forum minier qui s’est achevé le 31 mai dernier, aura été celui de la conciliation entre développement de l’industrie minière et respects des considérations environnementales. Dans son approche, le gouvernement n’a pas encore défini un cadre clair et unique relatif à la préservation des environnements tant physiques, que socio-économiques. Un des problèmes soulevés aura été celui du chevauchement entre des zones attribuées à des entreprises minières, et celles qui sont protégées pour la conservation. Prenant la parole sur le sujet, le Centre pour l’environnement et le développement (CED), a remis sur la table des discussions, la nécessité de suspendre l’attribution de nouveaux permis en vue de voir clair dans les différentes situations. « L’expérience en matière d’exploitation forestière montre que très souvent, le gouvernement semble négliger ces aspects et après, de gros conflits ne manquent pas de survenir. Pour éviter d’avoir à gérer les même contraintes qui se soldent souvent par des procédures coûteuses et difficiles à gérer pour l’Etat, il est important de bien appréhender la situation de manière étendue avant », a expliqué Samuel Guiffo, le responsable de cette organisation.
Le besoin de renforcer la capacité à comprendre la chaine des valeurs.
Même si un cadre légal clair n’existe pas encore, le gouvernement semble se préoccuper des questions environnementales. La principale exigence actuellement est la réalisation d’une étude d’impact par des cabinets d’études agrées. A la suite de cette étude d’impact, les audiences foraines sont réalisées et donnent la possibilité à toute personne intéressée de venir faire entendre une quelconque prétention. Mais la démarche du gouvernement ne semble pas suffisante. Selon certains experts, posséder un cadre légal ne suffit pas. Il faudrait encore avoir l’expertise pour clairement identifier la chaine des valeurs devant servir de contrepartie pour les impacts environnementaux. De plus, le gouvernement semble déjà, en matière forestière, manquer de personnel et n’a pas présenté une issue pertinente de suivi des activités minières et de leur impact sur l’environnement. « Il faut pour chaque projet une bonne étude de base du projet, pour avoir un aperçu clair et net des enjeux qui existent. Ensuite il faut discuter avec les communautés locales pour avoir une idée de ce que cela pourra entrainer comme conséquences et enfin discuter en tenant compte du maximum d’exigence dans la transparence. Le Cameroun pourra ainsi avoir une exploitation minière durable », a expliqué Brendan Schwartz, un des responsables du réseau de lutte contre la faim (RELUFA), au Cameroun.
. Et de travailler avec toutes les parties prenantes
Pourtant et au-delà du débat, des entreprises se disent prêtes à tenir compte des normes environnementales. « Nous avons travaillé et continuons de le faire, pour éviter au maximum les aires protégés. C’est pour nous une préoccupation réelle. Nos équipes sont ouvertes pour s’y mettre avec l’administration, les organisations de la société civile et les populations concernées », a expliqué David Meehan, le Directeur des Opérations pour Sundance Resources, l’entreprise opérant sur le fer de Mbalam. Selon ce responsable, la question environnementale pourra aller au-delà de la convention minière. « Comme je l’ai dis dans ma présentation, nous consacrerons 0,5% de nos bénéfices nets à la gestion des problèmes environnementaux et communautaires », a-t-il expliqué. Une position louable mais à surveiller selon le RELUFA. « C’est une bonne nouvelles, mais les communautés doivent aller plus loin encore, la question est de savoir ce à quoi équivalent les 0,5%. Il faut s’assurer que leur valeur permettra de combler la dégradation causée sur les différents environnements concernés par le projet. Et pour cela, il faut un travail concerté et surtout une communication permanente entre les différentes parties prenantes. Selon des expertises internationales, près de 60% des exploitations minières sont à ciel ouvert causant une défiguration permanente du territoire due aux procédés d’exploitation. Le principal problème dans une mine est la gestion des déchets. (79 tonnes de résidus miniers sont nécessaires à la production d’une once d’or). L’une des résolutions du forum minier aura été de travailler avec la société civile, les communautés riveraines et tous les experts, pour s’assurer que l’exploitation par le Cameroun de ses mines, n’aura pas les mêmes lacunes environnementales que celle des forêts.
