Cameroun : les kidnappings d’éleveurs sèment la désolation dans l’Adamaoua

Exils des familles, cheptels décimés, volés, millions d’euros de rançons versées, écoles fermées : depuis 2013, les prises d’otages à…

Exils des familles, cheptels décimés, volés, millions d’euros de rançons versées, écoles fermées : depuis 2013, les prises d’otages à répétition appauvrissent la région du Nord. Alfaki Abdoullahi déambule dans son enclos à bétail vide. Voilà cinq ans que cet éleveur a fui son hameau de Marlok, dans l’Adamaoua, l’une des trois régions septentrionales du Cameroun, abandonnant sa maison, ses champs, son troupeau. « Les preneurs d’otages menaçaient de me kidnapper comme ils l’avaient fait avec mes voisins. J’ai préféré partir », se rappelle-t-il, au bord des larmes.

Alfaki s’est réfugié à Ngaoundéré, la capitale régionale de l’Adamaoua. Il a vendu plus de la moitié de ses bœufs et de ses moutons pour acheter la maison dans laquelle il vit aujourd’hui avec ses deux femmes et ses onze enfants. Alfaki affirme avoir été l’éleveur le plus prospère du coin. Mais « la guerre a détruit toute ma vie, trente-deux années d’élevage », se désole-t-il. Malgré la peur qui reste tenace, il a accepté de revenir dans son village avec Le Monde Afrique pour montrer l’étendue du désastre. En effet, depuis plus de cinq ans, des preneurs d’otages venus de la République centrafricaine (RCA), du Tchad et même du Soudan enlèvent des éleveurs camerounais avec la complicité de bandits locaux.