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Inquiet de la situation politique du Cameroun, l’évêque de Bafang plaide pour la révision du code électoral

Mgr Abraham Kome, évêque de Bafia, président Conférence épiscopale nationale du Cameroun

Monseigneur Abraham Kome déplore les tensions politiques dans le pays, accuse la gouvernance actuelle d’être à l’origine de la détérioration des mentalités et du bien-être social. Lui qui est par ailleurs le président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun s’exprime aussi sur la marche projetée le 22 septembre par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun pour « chasser » le chef de l’Etat du pouvoir.

Ci-dessous l’intégralité du message de Mgr Abraham Kome publié le 14 septembre 2020.

       MON POINT DE VUE FACE A LA SITUATION POLITIQUE DE NOTRE PAYS.

« « Nous n’avons pas de puissance contre la vérité » (2Co 13, 8) Depuis un bon moment, notre pays ne vit plus dans la perspective de son progrès, mais dans le vertige d’un chaos grandissant. Les effets de ce chaos rampant sont facilement visibles dans nos villes et villages: ils dérivent, pour une grande part, de la faiblesse des mécanismes gouvernementaux portés par un profond enracinement dans le Jacobinisme, et traversés par le désir de pérenniser le contentement de l’élite dirigeante. Le refus jusqu’à ce jour de donner à notre pays un processus électoral plus à même de porter aux responsabilités ceux que le plus grand nombre aurait librement choisi, apparaît comme un stratagème au service de cette pérennisation aux fruits amères pour le plus grand nombre de citoyens

Mais précisément, le désespoir est mobilisateur et, ici ou ailleurs, tout stratagème continu fini toujours par susciter en face, des stratégies d’affranchissement. Ces derniers temps, ces stratégies ont pris chez nous une tournure qualifiée de décisive : il est demandé aux populations qui le jugent pertinent, de « descendre dans la rue» pour y « arracher » un changement de cap.

La question de savoir à quoi s’en tenir face à cet appel a été amplement posée à l’Evêque de Bafang que je suis. Pour y donner une suite, je voudrais décliner ce qui suit :

Ma mission en tant que leader religieux consiste à éclairer les situations de ce monde à partir des valeurs transversales, à partir de l’Eternel. Pourquoi la gouvernance actuelle a-t-elle produit une telle détérioration sur le plan des mentalités et du bien-être social ? Parce qu’elle ne s’est pas rappelée à elle- même et aux autres ce que signifie « Exister»

« Ex-sistere » qui renvoi à « se tenir hors », nous suggère que nous ne sommes pas faits pour nous préoccuper de nous-mêmes, mais pour construire le bien de ceux qui nous entourent. C’est ce que le Christ Jésus a fait en quittant son confort céleste et en offrant sa vie par amour pour la créature à sauver (Ph 2, 6-8; Jn 15,13).

A l’état actuel des choses nous devons constater, à notre honte éventuellement salutaire, que nous avons réussi à nous soustraire aux exigences de « l’exister » et, le faisant, nous sommes devenus des Hommes sans humanité

La révolution la plus déterminante – mais non exclusive – pour notre société aujourd’hui consiste donc à réapprendre soi-même et à apprendre à nos  enfants que Homme n’est pas fait pour le confort de son contentement personnel, mais pour la joie enivrante du don de soi au service du bien commun.

Nous voulons d’ailleurs faire noter que ce bien commun, d’après la Doctrine Sociale de l’Eglise, constitue la plus haute finalité que chaque société doit rechercher. Là se trouve la solidité du sol qui permet å un peuple d’avancer. Ce sol solide se construit principalement par le moyen d’une éducation conséquente que chaque parent, qu’il soit biologique ou sociologique, peut efficacement donner, au moment le plus opportun, aux enfants placés sous son autorité.

J’ai des raisons de penser que tant que cette masse critique d’altruistes éperdument acquis à l’ «être bien » de l’ensemble ne sera pas substantiellement constituée, l’avenir sera toujours exposé au risque de l’utopisme. Et tout enthousiasme pourrait très vite muer, en parodiant Alfred de MUSSET en une ivresse de l’emballage.

Que la Vierge Marie nous inspire en vue de la survenue d’une vraie paix dans notre pays. »

Fait à BAFANG, le 14 Septembre 2020

(Fête de la Croix Glorieuse)

 


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