L’organisation islamique armée d’origine algérienne tire l’essentiel de son financement dans la prise d’otages
Al-Qaida au Maghreb islamique ou AQMI est une organisation islamique armée d’origine algérienne. Cette organisation a changé de nom le 25 janvier 2007, elle s’appelait auparavant le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Ce changement aurait obtenu l’approbation d’Oussama Ben Laden. L’organisation est placée sur la liste officielle des organisations terroristes des États-Unis, de l’Australie et de la Russie. Elle est considérée par l’ONU comme proche d’Al-Qaida et à ce titre sanctionnée par le Conseil de sécurité des Nations unies. Si les racines du groupe se trouvent en Algérie, la zone d’opération s’est étendue et correspond aujourd’hui à la région désertique du Sahel qui s’étend des régions semi-arides du Sénégal jusqu’à certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger.
L’Aqmi est devenu une multinationale du crime, et selon une étude de l’Observatoire sahélo-saharien de géopolitique et de stratégie (OSGS), il compte entre 200 et 300 combattants. Il conduit des petites guérillas dans sa zone d’influence (Algérie, Mali, Niger, Mauritanie) où les sources de revenus ne sont pas si nombreuses. L’organisation est divisée en diverses tendances. Les deux principales katibas (groupes de combattants) sont animées d’une part par Abdelhamid Abou Zeïd (assassin de l’otage britannique Edwin Dyer en 2009, ravisseur du Français Michel Germaneau mort en juillet 2010, et geôlier des otages d’Arlit), et, d’autre part, par Mokhtar Belmokhtar qui serait, aux yeux de sources proches du renseignement français, l’auteur de l’enlèvement des deux Français tués après leur rapt le weekend dernier. Selon l’ancien ministre malien des Forces armées et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga, « les leaders d’Aqmi, à commencer par Belmokhtar, ont contracté plusieurs mariages de convenance dans différentes communautés, achetant ainsi leur protection. D’autre part, les groupes mafieux et Aqmi ont suppléé à la défaillance des Etats en apportant des solutions à certains problèmes fondamentaux des populations.»
Selon Mathieu Guidère, professeur à l’université de Genève, la drogue est l’un des moyens employés pour se financer. Mais Aqmi ne se livre pas au trafic. Comme tous les groupes islamistes, Aqmi est contre l’usage de drogue. En revanche, dans une certaine théologie de l’islam, il est légitime de percevoir des taxes sur les marchandises qui traversent les territoires musulmans. Et c’est ce que fait Aqmi avec la drogue. Cependant, ce n’est pas sa première source de profit. L’essentiel, c’est le kidnapping. Et pas seulement celui de Français. Aqmi, depuis deux ans, a enlevé des Canadiens, des Italiens, des Espagnols, des Suisses, des Allemands, des Chinois, des Japonais, des Américains. et sans compter les ressortissants locaux. Aqmi kidnappe au moins un homme d’affaires algérien par semaine. La somme des rançons demandées de janvier 2007 à nos jours représente 54 millions d’euros. Et on peut estimer que la moitié de ces sommes a été versée. La deuxième source de financement vient de la contrebande, dans laquelle il faut faire entrer les voitures, les cigarettes, l’alcool, le haschisch, ou l’immigration clandestine. Aqmi prélève une taxe pour permettre à des convois de passer. Une troisième source de financement, c’est le passage, plus récent, de la drogue sud-américaine qui atterrit en Afrique de l’Ouest, puis traverse le désert pour aller vers l’Europe.