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Investissements, industrialisation, lutte contre le terrorisme. l’Algérie parle au Cameroun

Les éclairages de l'ambassadeur Mersak Bedjaoui dans le cadre d'un «Café po» accordé vendredi dernier aux journalistes du Club Politique…

Les éclairages de l’ambassadeur Mersak Bedjaoui dans le cadre d’un «Café po» accordé vendredi dernier aux journalistes du Club Politique de Yaoundé

Un diplomate comme les journalistes aiment. L’ambassadeur d’Algérie au Cameroun est un homme entier. S.E Mersak Bedjaoui ne s’encombre pas de langue de bois pour aborder des sujets brûlants de l’heure. Il partage notamment l’expérience de son pays sur des thématiques telles que l’attractivité des investisseurs, la coopération Sud – Sud et la lutte contre le terrorisme.

1-L’attractivité des investisseurs au Cameroun
Pourquoi le Cameroun tarde-t-il à retrouver le chemin des pays développés? La question, à tout le moins provocante, permet au diplomate algérien de faire un état des lieux de la situation. «Nous vivons dans un monde globalisé qui a ses règles en faveur des plus grands». Parmi les obstacles qui plombent le développement des pays comme le Cameroun, il y a la dette et la décolonisation. S.E Mersak Bedjaoui tranche: «Il faut un nouvel ordre économique mondial, pour espérer le développement du Cameroun». Et d’expliquer comment son pays a échappé aux fourches caudines des bailleurs de fonds: «L’Algérie avait une dette de 44 milliards de dollars, au taux d’intérêt de 17%. Elle a remboursé (par anticipation) 116 milliards de dollars. Cela n’a pas été facile, car les pays prêteurs refusaient d’être remboursés. Mais, c’a permis à l’Algérie d’accumuler des réserves de change suffisantes qui évitent au pays de s’endetter sur le marché international». Bien que disposant de ressources propres pour financer son développement, l’Algérie continue à faire face aux lois et règlements qui régissent le commerce international. «En commerçant avec l’Union européenne dans le cadre du partenariat avec Union du Maghreb Arabe (UMA), nous perdions annuellement environ 2,5 milliards de dollars. Il a fallu arrêter et rectifier le tir», dénonce l’ambassadeur d’Algérie au Cameroun, qui en appelle à «la démocratisation des normes internationales».

2-La coopération Algérie – Cameroun
Les relations Sud – Sud ne sont pas une simple vue d’esprit pour l’Algérie. Son ambassadeur au Cameroun souligne à grand trait la contribution de son pays dans la mise en place du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique). Dans la foulée, il présente sa feuille de route au Cameroun en matière économique. «Il nous faut un accord commercial avec le Cameroun», lance-t-il. Et d’argumenter: «l’Algérie a importé l’année dernière la banane à hauteur de 181 millions dollars. Le Cameroun, grand producteur de banane, aurait pu bénéficier d’une partie de cette manne». L’Algérie envisage tenir incessamment au Cameroun des «Journées de partenariat économique». Celles-ci auront au menu des tables – rondes, des B to B, etc. Une occasion pour parler business. Les Algériens entendent par exemple conduire des activités commerciales, notamment dans le médical (transplantation rénale et médicaments), les grandes surfaces (supermarchés typiquement algérien), etc. Et la concurrence? «On peut jouer sur les prix pour entrer dans le marché camerounais», rassure l’ambassadeur algérien. En avant- goût de cette offensive commerciale, huit containers de produits algériens attendent actuellement d’être dédouanés au port de Douala.

La grande commission mixte entre les deux pays, qui ne s’est pas réunie depuis une trentaine d’années, est aussi dans les tablettes de l’Algérien. Elle va consolider la coopération entre les deux pays. S.E Mersak Bedjaoui ne tarit pas d’ambitions: création d’une ligne maritime avec le Cameroun ; ouverture d’une ligne aérienne ; ouverture d’un show room à Douala.

Pour l’Algérie, le Cameroun est un bon risque en matière d’investissements. S.E Mersak Bedjaoui minimise les «mauvais points» généralement attribués par les institutions de Breton Wood. Pour lui, chaque pays a sa spécificité qu’il faut prendre en compte. Pour autant, il rappelle les constantes incontournables pour se développer: l’éducation et les industries industrialisantes. Bon à savoir: l’Algérie compte 58 universités qui accueillent deux millions d’étudiants; environ 700 Camerounais ont déjà été formés en Algérie; en 1970, l’Algérie avait le même niveau de développement que l’Espagne.

3-La lutte contre le terrorisme et le fondamentalisme
Le Cameroun est actuellement en guerre contre la secte terroriste Boko Haram. Celle -ci a fait allégeance à la branche maghrébine de l’Etat islamique. L’Algérie, de son côté, n’en a pas totalement fini avec Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique). Mais le pays d’Abdelaziz Bouteflika a réussi le plus difficile: pousser dans ses derniers retranchements le terrorisme et le fondamentalisme. «S’il n’y avait pas eu la destruction de la Lybie par les Occidentaux, il n’y aurait pas Boko Haram», assène l’ambassadeur d’Algérie au Cameroun.

L’Algérie, dans sa pénible et longue lutte contre les terroristes, n’a jamais accepté le paiement d’une rançon. «Les rançons financent le terrorisme», martèle S.E Mersak Bedjaoui. Il ajoute: «nous avons demandé à l’Onu la criminalisation des rançons». Enfin, le diplomate précise: «la lutte contre le terrorisme et le fondamentalisme passe aussi par la déradicalisation. Nous sommes le premier pays du monde à en avoir parlé. C’est par là que l’Algérie a réussi son combat contre le terrorisme et le fondamentalisme». Avis au Cameroun et aux pays du pourtour du Lac Tchad.


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