Publié aux éditions Publibook, cet ouvrage de 261 pages met en lumière l’influence du milieu sur la langue
L’ouvrage du sociolinguiste Jean-Alexis Mfoutou intitulé « Dynamique et perspective des français d’Afrique subsaharienne : ces mots qui ne veulent pas dire la même chose ici, là, là-bas » nous charme par la finesse des analyses, et nous dévoile un aspect essentiel du langage humain : sa ductilité. Il met en lumière l’influence du milieu sur la langue. Aussi, chaque fois qu’elle change de milieu, la langue change.
Et Jean-Alexis Mfoutou d’écrire : « La langue change : cela signifie que la langue et le lieu tangible ne font plus qu’un dans la tâche de vivre. Dans cette unité de la langue et du lieu tangible, nous découvrons le devoir majeur du langage humain : partager son existence avec le lieu tangible et même s’en nourrir. Il y a, en effet, péril pour la langue à vouloir se passer du lieu ou à vivre en des lieux qui ne se prêtent pas aux besoins de la langue. La langue et son lieu d’actualisation doivent s’écouter. Que deviendrait la langue, en effet, si elle n’écoutait pas le lieu où elle est parlée – au risque de n’être plus, au moins pour un temps, une langue pour personne ? » (p. 14)
Il y a autant de manières de parler une langue qu’il y a de lieux où cette langue est parlée. Et si Jean-Alexis Mfoutou parle non pas « du français d’Afrique » mais des français d’Afrique, c’est précisément parce que la langue française n’échappe pas à la règle. Partout, au Burkina Faso, au Sénégal, à Madagascar, au Tchad, le français hexagonal perd en chacun de ces lieux sa légitimité : la Norme n’y apparaissant plus que comme un leurre. Les conclusions de l’auteur sur les fluctuations de la langue sont tout à fait passionnantes : « C’est que des manières de parler différentes apportent chacune une dimension de l’humanité qui complète ce qui manque aux autres. » (P. 191)
Plus loin, Jean-Alexis Mfoutou écrit : « Dans son processus d’acclimatation, la langue – hautement contemporaine, écartant les esthétiques prestigieuses de la Norme – choisit de s’ouvrir à la pleine logique de ses locuteurs et de son lieu d’actualisation, s’avance sur cette ligne de crête exigeante où les ressources de l’« ici » et de l’« ailleurs » lui sont tout aussi nécessaires l’une que l’autre. » (P. 203).
C’est un ouvrage très bien écrit et très instructif. On l’apprécie page après page : un livre de 216 pages, paru aux éditions Publibook-Société des écrivains – Connaissances st Savoirs, à insérer dans sa bibliothèque à côté des « classiques ».