L’ancien ministre de la santé publique s’est entendu à nouveau dire lors de son audience du 30 juillet dernier que son verdict n’était pas prêt
Urbain Olanguena Awono, ancien ministre camerounais de la santé en détention depuis cinq ans pour des affaires de détournements présumés de fonds publics alors qu’il était en fonction, devra encore attendre pour avoir le verdict de la deuxième affaire qui l’oppose à l’Etat du Cameroun. Lors de l’audience de délibéré du 30 juillet 2013 dernier, le juge Francis Claude Moukouri a déclaré que la décision du tribunal criminel spécial sur cette affaire n’était pas encore prête. Une déclaration qu’il avait déjà faite le 9 juin 2013 dans le cadre de la première affaire. Il faudra peut-être attendre le 12 Août 2013 pour avoir le verdict de cette deuxième affaire. Les juges ne donnent pas une explication claire à ces différents reports, mais dans l’entourage de l’ancien ministre, on est de moins en moins surpris. Les juges se trouvent dans une position délicate où la véracité des accusations n’a pas été aisée à établir. Dans cette deuxième affaire, l’ancien ministre de la santé publique est accusé du détournement de 80 millions de Fcfa au travers de la réalisation d’un «marché fictif» effectué par l’entreprise Vision Sarl pour la livraison de moustiquaires au Programme national de lutte contre le paludisme et du détournement de 11 millions de Fcfa pour la production du livre «Le Sida en terre d’Afrique». Il répond de ces accusations avec quatre de ses anciens collaborateurs.
Monsieur Olanguena a toujours rejeté cette accusation. Dans une lettre à ses juges rendue publique en 2012, il a apporté des explications à ce qu’il pense être une fausse accusation. Derrière cet enfumage, la vérité des faits est demeurée intangible : il n’y a rien d’illégal à reprocher à l’ex-ministre ni à ses ex-collaborateurs, jeunes médecins et autres. Dire par exemple que l’Etat a financé la production de mon livre, « le Sida en Terre d’Afrique », est une contrevérité, dans la mesure où un contrat d’auteur (article 1er alinéa 4), conformément au droit français de la propriété intellectuelle, met à la charge exclusive de mon éditeur Privat de Toulouse, les obligations financières relatives à la publication et à la diffusion de l’ uvre. Les experts judiciaires l’ont clairement établi et contredit l’accusation, avait-il écrit. Plus loin, il donne sa version des faits sur l’affaire des 80 millions détournés, il a toujours nié sa responsabilité dans la distraction. Sa version des faits fait ressortir un certain Soue Mbella, qui aurait selon lui falsifié des documents et récupérés les sous au ministère des finances. Elle ne me concerne pas. Mais elle met nécessairement en cause le faussaire qui a fui et ses complices du ministère des finances qui ont violé les procédures budgétaires en vigueur et se sont abstenus d’exercer les contrôles réglementaires qui devaient conduire au rejet pur et simple du dossier. Je n’ai pas liquidé ce dossier de paiement frauduleux, mon administration ne l’a pas lancé et il ne m’a pas été soumis, avait fait savoir le ministre dans sa lettre. Comme dans de nombreux cas de l’opération épervier, la justice camerounaise même avec le nouveau Tribunal Criminel Spécial ne parvient pas à convaincre l’opinion de la pertinence des poursuites pour détournement de fond. Une situation qui laisse grandir l’idée selon laquelle ces prisonniers de l’opération épervier sont détenus pour des raisons politiques. Problème, les personnes concernées en majorité se refusent d’avoir eu des ambitions politiques et de l’autre côté, il reste constant que des fonds publics ont été détournés.
