Mascotte de la campagne de lutte contre le Sida, compagne de route de Chris Badd, elle nous a ouvert sa porte et nous raconte tout!
On entend parler de vous pour la première fois avec le Single « No Sida » une production issue de votre collaboration avec le chanteur camerounais Chris Bad, parlez-nous de votre rencontre
Je suis originaire du nord Cameroun. Chris Bad est venu pour une tournée dans ma région avec l’animateur Foly Dirane, puis on s’est perdus de vue. Lorsque je suis descendue au sud du pays avec comme projet d’essayer de faire partie d’une troupe de danse, j’ai revu Chris Bad, il m’a demandé si je voulais faire partie du projet « No Sida » et pour moi cela me convenait. Il m’a en quelque sorte donné ma première chance, et on a collaboré ensemble.
Est-ce qu’on peut donc dire que cette rencontre a été déterminante pour votre carrière?
Cette opportunité m’a permis de croire en moi et en ce moment là je me suis dit que je pouvais faire quelque chose dans la musique. Je m’étais rendue compte durant la caravane « no Sida » que j’avais une personnalité et une image qui captivaient des personnes autour de moi. Sur le plan financier cela ne m’a pas rapporté grand-chose. Seulement bien sûr après la caravane car nous avons acquis une certaine notoriété et je me suis dit que je pouvais capitaliser et apprendre de nouvelles choses pour développer déjà ce que j’avais acquis.
Alors aujourd’hui quels sont vos rapports avec Chris Badd ?
Avec Chris Badd, (Rires). disons qu’on s’est un peu perdus de vue, cela fait deux ans. C’est devenu un peu plus compliqué entre temps. Au cameroun il était le leader du groupe et moi j’étais en quelque sorte la deuxième. Lorsqu’un est arrivé en France, l’ordre des choses a un peu changé, les gens ont semblé montré un peu plus d’intérêt pour ma personne, bien sûr cela me gênait un peu parce que je voulais que les choses restent en l’état. Alors vous comprenez comme moi aussi que c’est délicat lorsqu’on a été leader d’être contraint à suivre désormais, cela a posé quelques problèmes et je pense aujourd’hui qu’il ne pouvait accepter le nouvel ordre des choses et il a marqué sa volonté de quitter le groupe.
N’aviez-vous pas un projet de duo ?
Si, nous avions un projet de Duo lui et moi, finalement nous n’avons pas pu arriver jusqu’au bout. Nous avons quand même sorti un single où je l’avais vraiment mis en avant. Seulement on a eu un désaccord sur la gestion des retombées. Je crois aujourd’hui qu’il est France et ça fait deux ans que je ne l’ai pas vu.
A-t-il été votre petit ami à la ville ?
Pas vraiment. Mais on a un peu joué avec. Dans le fond on a été très proches, pour moi il était comme un frère, il y avait entre nous une grande complicité.
Vous avez récemment présenté votre dernier clip, un clip que nous rappelons vous avez tourné en partie au Cameroun, racontez nous un peu cette expérience ?
Il s’agit effectivement du clip « Strip For Me », premier extrait de mon album « Mi Poullo ». « Strip For Me » c’est l’histoire d’une inversion de rôles. Pour une fois c’est la fille qui drague un garçon juste pour satisfaire ses propres fantasmes l’espace d’une nuit. La fille séduit le garçon, parfois avec un langage très osé, et lui demande de lui faire un strip tease. Le clip est visualisable sur Youtube et sur mon site www.jyjunelle.com. Les premières diffusions à la télévision ont d’ailleurs démarré cette semaine. Pour le tournage, on s’est rendus dans le nord cameroun et le clip on l’a tourné entre Garoua et Maroua. C’était pour moi une belle expérience parce que moi qui suis née là bas je n’ai découvert la beauté de la savane qu’avec ce tournage. Donc deux jours de tournage dans le nord Cameroun. Les autres prises de vue ont été réalisées à la fois sur une plage sauvage du Sud de la France, sur le dancefloor du légendaire Prosper Club à Saint Tropez et en studio à Paris.
Parlez-nous des VIP Girls où il se dit que vous avez joué sur votre coté irrésistible, belle et magnétique, vous reconnaissez vous dans tous ces qualificatifs ?
On va dire que j’ai la chance effectivement d’attirer beaucoup de personnes, hommes comme femmes. Je fais extrêmement attention à mon look et je passe plusieurs heures par jour dans ma salle de bain. Pour VIP GIRLS, l’idée m’est venue au moment de la définition du concept artistique de ma carrière solo. Je suis avant tout une show woman et je voulais recruter des danseuses qui correspondent à mon concept d’expression scénique. Depuis le Cameroun j’ai la réputation, d’avoir une forte présence physique sur scène, et de manière générale en France, la plupart des chanteuses et danseuses sont trop statiques sur scène à mon goût. Or moi je suis plus attirée par une certaine manière américaine d’être sur scène et il fallait pour cela que je trouve et forme une équipe qui puisse adhérer à mon concept. Je me suis rendue compte que le concept accrochait et la troupe est constituée aujourd’hui de 20 magnifiques danseuses professionnelles avec diverses origines. Après 2 ans d’existence, VIP GIRLS fait partie des 2 ou 3 plus grandes troupes de danseuses en France. Nous avons fait récemment l’objet d’un reportage sur la chaîne TPS STAR.
Aujourd’hui que faites vous comme activités parallèlement à la musique ?
Je manage un peu VIP Girls dont j’assure la direction artistique, et aussi je travaille sur ma musique. En ce qui concerne les VIP Girls, en plus de m’accompagner sur scène, la troupe anime de nombreux évènements prestigieux, privés, commerciaux ou institutionnels, en France et à l’international. L’année dernière par exemple, VIP GIRLS a animé le bal de la Principauté de Monaco.
Quelles sont vos origines familiales ?
(Rires) c’est vrai on m’a toujours posé la question je suis très mélangée comme personne. Je suis née de deux parents métissés. Mon père est métis d’origine italienne et Peuhle (Nord Cameroun), et ma mère est métisse d’origine allemande et du centre Cameroun (Sangmélima). La famille est établie à Garoua dans le Nord Cameroun. J’ai fait mes études à Garoua, au collège Lamido Hayatou, au Lycée bilingue de Garoua ensuite, avant cela j’avais fait mon école primaire à l’école de la Bénoué de Garoua. J’ai un frère et quatre s urs dont une ainée et je suis la deuxième.
Et vous avez débuté dans la musique à Garoua ?
Oui déjà toute petite, j’interprétais tous les 45 tours que mon père ramenait à la maison. J’ai aussi fait de la télévision, il y avait à l’époque une émission qu’on appelait Visage Séptentrional, et ensuite j’ai été élue Miss à Garoua. Mais je sentais que je ne suivais pas vraiment ma voie, et les parents me mettaient la pression pour les études.
Vos envies ont-ils été une source de conflit avec vos parents ?
Le Nord Cameroun est une région très conservatrice avec beaucoup de traditions très pesantes et où la femme doit être soumise. Alors mon entourage ne voyait pas d’un bon il pour intérêt pour une carrière artistique. Les voisins avaient peur que je ne serve de mauvais exemple pour leurs propres filles. Je pense que c’est bien d’orienter les enfants vers les études mais parfois les parents devraient laisser les enfants suivre leurs propres choix. Mes parents m’ont dit chantes mais ramène nous de bonne notes. Alors j’ai été obligé de faire une fugue. Je n’avais pas de sous mais je croyais en mon rêve. J’ai pris le train et j’ai fait cette route qui allait me mener vers yaoundé la capitale où disait-on tout pourrait devenir possible. Et je me souviens que j’ai été malade dans le train. Je suis allée d’abord à Douala chez un cousin qui ne m’attendait même pas, j’avais pris son adresse dans les affaires de ma mère et je ne l’avais jamais vu, je suis allée à son bureau il m’a soutenu pendant trois mois, et après ce temps là ma s ur ainée est venue me chercher et je crois que j’avais arraché ma liberté. Après, j’ai pu repartir à Douala et travailler avec quelques artistes connus au Cameroun, comme Sam Fan thomas, Sam Mbede, mais cela n’a conduit à rien. Un jour lorsque j’étais à Yaoundé j’ai aperçu Chris Badd passer en bas de l’immeuble je lui ai fait signe et c’est là où tout est né avec le projet No Sida.
Comment vous retrouvez-vous en France ?
Avec la campagne No sida qui était soutenue par la Banque Mondiale et l’ONUSIDA, on a eu un vrai succès. Après je me suis dit qu’il n’y avait plus rien à faire, c’était dur pour les droits d’Auteur. J’ai dit à l’époque à Chris Badd, que je devais partir du Cameroun, parce que je savais que tant que je restais au Cameroun, personne ne me soutiendrais, je suis rentrée à Garoua et j’ai rencontré des gens qui ont bien voulu m’aider. Mes s urs en France m’ont soutenu et m’ont permis de les rejoindre.
Et comment ça s’est passé à votre arrivée en France ?
Je me suis rendue compte tout de suite que je pouvais passer sans que personne ne m’approche ou me demande de signer une autographe. Après j’ai rencontré un réalisateur qui croyait en moi. Puis j’ai fais la connaissance du producteur Thierry STAN qui a cru en mon potentiel. J’ai pris des cours de chant et j’ai signé un contrat d’artiste avec le label DAYLINE PRODUCTIONS. Je crois que le travail finit par payer.
Et le Cameroun, quand retournerez-vous ?
Je suis rentrée au Cameroun pour mon clip et j’ai fait deux jours seulement. On n’oublie jamais ses racines et moi je fais partie de ceux qui tiennent leurs engagements.
Je porte le Cameroun dans mon âme et mon concept artistique reflète mes racines. Je fais une musique urbaine internationale mais avec beaucoup d’instruments typiques camerounais. Dans chacune de mes chansons, les textes sont à la fois en Français et en Peuhl. J’ai toujours rêvé de partir pour revenir avec un produit, et aujourd’hui je travaille dur sur la question. J’essaye aujourd’hui de m’imposer et d’imposer le nom de mon pays le Cameroun, je veux en vendre l’image et briser les tabous qui parfois le minent. Je ferai le maximum à mon niveau.
Un mot sur votre album qui paraît cette année
L’album compte 10 titres et s’intitule « Mi Poullo », qui signifie « je suis une femme peuhle ». Ce que je veux exprimer, c’est que je suis une citoyenne du monde et je revendique mon origine Peuhle tout en m’épanouissant, et je veux qu’on comprenne que le fait d’être peuhl avec des traditions très présentes n’est pas synonyme de non épanouissement, surtout chez les femmes.
Musicalement, les 10 chansons du titre sont construites sur un style RNB/POP, avec un mélange subtil d’instruments typiques africains.
Je vous donne rendez-vous d’ici quelques semaines, on pourra parler de l’album plus en détail.
Etes-vous consciente de jouer avec votre beauté, je parlerais même de l’utiliser comme votre fond de commerce ?
Oui j’ai cette chance d’avoir un physique qui plaît et c’est plutôt un plus pour une carrière artistique. L’image que je dégage reflète aussi une personnalité que j’assume. J’aime être ultra sexy et séduire.
Cependant, on peut utiliser ses atouts mais il faut garder le sens des valeurs. Il ne faut pas abuser, moi je ne prône pas du tout cela. Pour moi toute femme a le droit de se mettre en valeur, mais ce n’est pas pour cela que je me trouverais dans le lit d’une personne pour de l’argent. Prendre soin de mon corps c’est quelque chose que je fais depuis mon enfance. J’essaye au maximum d’être cohérente avec moi-même. J’utilise mes atouts, mais je sais rester pudique encore plus que mes s urs par exemple. Beaucoup ne comprennent pas le détachement entre ma vie privé et ma vie publique.
Qu’est ce que vous écoutez comme titres ?
J’écoute d’abord mes propres musiques, puis il y a Beyonce Knowles, les Pussicats Dolls. Généralement je suis très marquée par des gens qui bougent sur scène.
Et comme titres camerounais ?
Au Cameroun, j’écoute beaucoup plus des anciens chanteurs : Tokoto Ashanti, San Fan Thomas, Tom Yom’s, Grâce Deca par exemple.
Il y’a une grande communauté camerounaise ici en France. Vous fréquentez quelques camerounais ici ?
J’ai des bonnes relations avec quelques uns. On peut citer Wes Madiko et Imane Ayissi qui est un grand ami et qui m’a habillée d’ailleurs dans mon dernier clip.