N’ayant pas beaucoup évolué dans la manière d’exercer leur activité, ils subissent aujourd’hui la concurrence des industriels
Un reportage réalisé par le « Quotidien de l’Economie le 31 juillet 2013, met en lumière l’ensemble des risques qui existent dans le secteur de la pêche artisanale à Kribi. La ville qui borde la façade maritime sud du Cameroun fait aujourd’hui face à une situation exceptionnelle quant à l’une des activités principales de ses populations, à savoir la pêche artisanale. Pour plusieurs d’entre eux, les pêcheurs artisanaux disent ne plus pouvoir exercer l’activité de façon viable alors même que entre autres bénéfices indirects du développement de la ville, le gouvernement aime à dire qu’il y aura plus de débouchés pour les activités comme la pêche. Les personnes interrogées par le reportage parlent de plusieurs défis. L’un d’eux est l’accès au financement. Dans le souci de satisfaire la demande qui a connu une croissance, ces pêcheurs ont voulu accroître aussi leur rendement, mais les besoins en financement qui en résultent sont au-dessus de leurs capacités individuelles. Résultats, ils ont dépensé plus mais le volume de pêche ne suit pas leurs capacités marginales étant atteinte. En face, les banques compte tenu de leurs indicateurs ne prêtent pas facilement et le gouvernement lui fait savoir que plusieurs fois des appuis financiers octroyés sur le principe du remboursement se sont avérés non performants. L’autre problème constaté dans le secteur est celui d’un manque de confiance entre les pêcheurs. Ce manque de confiance a pour conséquence un faible regroupement qui pourtant aurait permis une mise en commun des efforts et une réduction des engagements (financiers, logistiques) individuels, et incidemment aurait impacté sur la rentabilité du secteur. Le dernier problème soulevé est celui de la concurrence des pêcheurs industriels. Avec leurs gros engins, ils réalisent les meilleures prises les pêcheurs artisanaux ne se contentant que des restes.
Mais au-delà de cette situation une chose demeure constante, le poisson coûte cher sur les bords de l’atlantique à Kribi, preuve que la demande reste solide et que des possibilités de profitabilité existent dans le secteur. Dans un rapport rendu le 9 juillet 2013 dernier, l’Association citoyenne de défense des intérêts citoyens (Acdic) faisait savoir que le Cameroun a importé plus de 220 000 tonnes de poisson en 2012, soit quelque 150 milliards de FCFA dépensés en devise, une somme qui aurait pu permettre au gouvernement de faciliter des dépenses en capital pour industrialiser l’activité des artisanaux de Kribi. On comprend dès lors, que malgré leur bonne volonté, les pêcheurs artisanaux ne peuvent dépasser un certain seuil de prise de poisson. Cette capacité à même baissé, puisque le rapport fait ressortir que la production halieutique nationale est passé de 80 mille tonnes à 50 mille tonnes. Plutôt que d’apporter des solutions visant l’ouverture du secteur à de nouveaux acteurs ou de nouveaux capitaux, les pêcheurs et l’administration ont plutôt décidé d’enfermer le secteur à Kribi, en conditionnant l’accès à la profession et en renforçant les mesures de contrôle, donnant ainsi la possibilité aux pêcheurs industriels généralement étrangers, la possibilité d’exploiter les meilleurs bans. Les pêcheurs artisanaux de Kribi n’ont pas de choix, ils devront se muter pour survivre ou alors ils disparaîtront.

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