La jeune femme diffuse un pur son Bassa pour faire danser l’Afrique
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Yvette Bassega |
Cette phrase, expressive à souhait, nous la tenons de Yvette Bassega. Du temps libre, elle n’en a pas assez, puisque partagée entre ses fonctions de Ground Operation Supervisor (Superviseur des opérations sur terre), responsable qualité pour une grande structure internationale de transfert de colis (DHL) et surtout sa mission de chanteuse, ou mieux, d’ambassadrice de la musique traditionnelle africaine. Son ambition qu’elle définit comme un rêve, la jeune native de Ndom dans le département de la Sanaga maritime, ne cache pas: Voir les africains s’approprier leur propre culture, prendre conscience des richesses que regorge notre continent et cesser de copier aveuglement les autres car au finish c’est leur culture que nous diffusons, au détriment de la nôtre. Ces valeurs traditionnelles africaines qu’elle se charge d’ailleurs de transmettre à travers sa musique, Yvette hérite de sa maman, compositrice et chanteuse traditionnelle. Telle mère, telle fille alors !
La musique traditionnelle, Yvette Bassega l’a dans la peau ; mais l’école doit être la priorité, lui fera comprendre son oncle enseignant avec qui elle vit dès l’âge de 10 ans. Après ses études primaires et secondaires entre Mbouda, Ndom et Edéa, elle poursuit son cursus à l’université de Douala, d’où elle sort munie d’une licence en droit privé. Mais ne comptez pas sur elle pour porter la longue robe noir, elle « bosse » déjà pour la structure de colis avant même d’avoir sa licence. Mais elle chante aussi. Depuis longtemps d’ailleurs, elle joue très bien des instruments, le premier auquel elle s’est frottée étant un clavier synthétiseur que lui avait offert son grand frère du temps où elle était à Edéa. Entre sa rencontre avec une française qui lui donne des cours de musique sur piano et son entrée à l’université de Douala il n’y a qu’un seul lien, la musique, et pas n’importe laquelle. Normal, lorsqu’on a pour idole Myriam Makeba, ou encore Sally Nyollo qui m’a beaucoup inspiré. C’est elle qui m’a permis de définir mon style traditionnel.

La « Douala University Music »
C’est dans cet orchestre qu’elle va véritablement prendre ses marques, parlant de musique. Des rencontres, et pas des moindres, tout d’abord avec Eko Roosevelt avec qui elle fait plusieurs ateliers, et plus tard, la plus déterminante; Calvin Yug, encadreur de musique traditionnelle à l’université de Douala, qui deviendra son arrangeur et directeur artistique, ajouté à son rôle de batteur-percussionniste.
Avec ce dernier, la jeune Bassega redouble d’ardeur, elle qui sera entre 1999 et 2001, chef d’orchestre du D.U.M, la « Douala University Music ». En 1999, elle participe au premier festival universitaire des arts et de la culture du Cameroun et est consacrée meilleure instrumentiste du festival. De consécration en consécration, elle obtient en 2003, l’Epi d’or de la chanson universitaire et appelée en 2005 à participer au festival culturel « les après midi des traditions ». La même année elle met sur le marché un single intitulé « bot bem », de quoi tenir en haleine les mélomanes africains, jusqu’à la sortie en août 2007, de son premier album « Couleur Café ». Avec l’album, elle fera pendant 5 mois le tour du Cameroun à travers les CCF et les alliances Franco-camerounaises. Du « Njindja festival » en mars au festival « le Kolatier » en octobre 2008 en passant par son époustouflant spectacle en avril à Libreville à l’occasion de la journée de la femme gabonaise, Bassega a marqué les esprits et clôturera l’année 2008 en beauté, en participant au festival national des arts et de la culture (FENAC) à Maroua.
En dépit de ses multiples projets qui pour l’instant manquent de financement, elle se prépare à entamer dès l’année prochaine un nouvel album, toujours le reflet de nos traditions africaines nous révèle t-elle.
Ambassadrice des musiques du patrimoine
Un savant mélange de blues, de jazz et de rythmes bantous tels que le Makune, le Mahongo, le Nkoung, le Bolobo, ou encore l’Essewe, voila la recette que propose Yvette Bassega, auteur-compositeur, chanteuse et pianiste à travers ses uvres. Des uvres qui n’ont pour seule mission que la restauration des valeurs traditionnelles de l’Afrique. En langue bantou, en français ou en anglais, elle chante le panafricanisme, la paix, l’amour et la haine, la colonisation, la pauvreté qui rongent notre continent, de sorte qu’il ne serait que naturel de la classer dans la sphère des musiques conscientes, celles-là qui peuvent changer l’ordre des choses dans un monde où l’Afrique n’a pas toujours eu l’occasion de s’exprimer et de contribuer à l’équilibre du monde. D’une vivacité danse et mosaïque, la jeune Bassa reste confiante quand à l’avenir culturel de l’Afrique. Et ne dit-on pas que la culture est l’essence des peuples et renoncer à la sienne c’est cesser d’exister.
