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La crise dans le Lac Tchad est l’une des plus négligées au monde (Unicef)

D'après les données d'un rapport publié jeudi, 3,8 millions de personnes y sont confrontées à une grave crise alimentaire à…

D’après les données d’un rapport publié jeudi, 3,8 millions de personnes y sont confrontées à une grave crise alimentaire à cause de Boko Haram; 475 000 enfants font face à une malnutrition aiguë

La crise provoquée par l’organisation terroriste Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad – autour duquel on retrouve le Nigéria, le Cameroun, le Niger et le Tchad – est « une des crises les plus négligés au monde », déplore le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) qui demande d’« intensifier l’assistance humanitaire » dans la région. Le plaidoyer est contenu dans un rapport publié ce jeudi, 25 août 2016, par l’organisation onusienne et intitulé: « Children on the move, children left behind. Uprooted or trapped by Boko Haram ».

D’après les données communiquées par l’Unicef, environ 3,8 millions de personnes sont confrontées à une grave crise alimentaire dans et autour de ce Lac qui occupe aujourd’hui moins de 10% de sa superficie d’origine. Les membres de Boko Haram, qui volent le rare bétail des populations vivant sur une terre qui n’est pas cultivée, aggravent la situation.

L’organisation relève aussi que 2,2 millions de personnes – dont la moitié sont des enfants – auront besoin d’aide humanitaire dans les zones sous le contrôle de Boko Haram dans les six prochains mois; 1,4 million d’enfants déplacés et au moins 1 million d’enfants sont « toujours piégés dans des zones inaccessibles ».

« Dans le seul Etat de Borno, au nord-est du Nigéria, environ 49 000 enfants – sur les 244 000 qui souffrent de malnutrition aiguë sévère – mourront s’ils ne reçoivent pas de traitement. Les autorités nigérianes ont déclaré une situation d’urgence nutritionnelle à Borno en juin 2016 », indique le rapport qui présente les conséquences de l’insurrection de Boko Haram sur les enfants.

« Environ 475 000 enfants dans la région du Lac Tchad vont souffrir de malnutrition aigüe sévère cette année, contre 175 000 au début de l’année », alerte l’Unicef. Le Fonds des Nations Unies soutient, de son côté, avoir apporté un « traitement thérapeutique » à « plus de 96 000 enfants » souffrant de malnutrition aiguë sévère dans la région. Avec ses partenaires, l’institution voudrait accroître son intervention auprès d’un plus grand nombre.

Bombe humaine et bombe à retardement
Lorsqu’ils ne subissent pas les conséquences de l’insurrection, les enfants sont parfois utilisés dans des attentats suicides. A la suite d’un rapport par elle publié en avril 2016, l’organisation rappelle qu’« environ 38 enfants ont été utilisés pour perpétrer des attentats suicides dans la région du Lac Tchad depuis le début de l’année, ce qui porte à 86 le nombre total d’enfants utilisés dans ce type d’attaques depuis 2014. »

La pression se fait aussi ressentir sur les communautés hôtes qui, quoique vivant déjà avec de faibles ressources, sont contraintes de les partager avec le flux des déplacés. « Maiduguri, ville du nord-est du Nigéria, avec une population d’un million d’habitants, accueille déjà plus de 700 000 personnes déplacées. Dans la région camerounaise de l’Extrême-Nord, plus de 190 000 personnes déplacées vivent avec les communautés hôtes; tandis que la région de Diffa au Niger accueille une personne déplacée pour deux résidents depuis le début de la crise », détaille le rapport.

Le document publié par l’Unicef ce 25 août intervient un peu moins d’un mois avant la tenue du premier sommet des chefs d’État et de gouvernement sur les déplacements massifs des réfugiés et des migrants; sommet prévu à New York, au siège de l’ONU, le 19 septembre 2016. Objectif principal de cette réunion de haut niveau: « fédérer les pays autour d’une approche plus humaine et mieux coordonnée. »


Unicef Nigeria / Rich)/n

Besoins en financements
« La crise du Lac Tchad est une crise des enfants qui devrait occuper un rang élevé sur l’agenda des [sommets sur les] migrations et les déplacements. C’est l’une des crises les plus négligées au monde et les voix des enfants doivent être entendues », plaide le Fonds des Nations Unies pour l’enfance.

L’Unicef rappelle par exemple n’avoir reçu à ce jour « que 13% (41,2 millions de dollars, Ndlr) des 308 millions de dollars nécessaires pour fournir une assistance aux familles affectées par les violences de Boko Haram au Nigéria, au Niger, au Tchad et au Cameroun. »

Au Cameroun en particulier, l’aide humanitaire globale requise pour l’année 2016, n’a été satisfaite à ce jour qu’à 25% (69,7 millions de dollars obtenus des bailleurs de fonds sur les 282,2 millions de dollars attendus) d’après une évaluation rendue publique le 22 août 2016 par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).


Unicef Tchad / Bahaj)/n

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