Se loger, se déplacer et se nourrir sont devenu un luxe pour nos étudiants
Que l’on soit du public (Universités d’Etat), ou du privé, la vie estudiantine est en générale la même. On subit les mêmes galères, le même combat quotidien, le plus dur, en ce lendemain de rentrée académique étant le logement. La période de rentrée est généralement le temps des vaches grasses pour les tenanciers de mini cités situées à proximité des campus. On paie soit pour dix mois, soit pour un an, tout dépend des exigences du bailleur, le plus souvent indiscutables. Faudrait-il déjà négocier et avoir une relation susceptible de vous indiquer une chambre en location. Une fois la chambre trouvée, les négociations commencent avec le propriétaire, la plupart du temps des personnalités de la république et des cadres d’entreprises. Les chambres vont de 15 000 à 30 000Fcfa pour une chambre avec douche et quelques fois un placard, voir 35 000Fcfa si vous voulez en plus un carré qui vous sert de cuisine. On parle ici de chambre très haut standing, l’eau courante étant encore la propriété de quelques privilégiés. Seules quelques cités disposent d’un forage et d’un château d’eau.
Quand à la citée universitaire, celle qui se trouve dans le campus (pour l’université de Douala), et qui appartient à l’Etat, l’acquisition relève du mystère. Et là, deux possibilités s’offrent à vous : soit il faut avoir une relation en fin de mandat qui vous cède sa chambre, soit il faut mouiller la barbe de l’intendant qui s’en occupent, pour ceux qui n’ont pas quelqu’un quelque part, une connaissance sûre ; pour parler comme les étudiants.
En général, ce sont les filles qui dominent sur le plan de l’effectif. Plus de 70% d’étudiantes vivent dans les mini-cités. « Elles ont plus d’argent que les garçons » affirme Gérald, 22 ans et étudiant en 2ème année comptabilité à l’Ecole Supérieure de Gestion (ESG), « pour la plupart, ce sont les bons gars qui paient », poursuit-il. Cette aisance des filles dans les mini-cités se démontre par l’équipement de leur chambre : Frigo, téléviseur, pc, DVD, robot, micro-onde, vêtements et chaussures dernier cri, et aussi la bonne odeur qui s’échappe de la fenêtre.
Autre grand dilemme, la nutrition.
C’est un aspect assez compliqué pour l’étudiant. Certains ont des moyens, d’autres pas. La plupart, en majorité des garçons, mange au restaurant universitaire, où il faut débourser 150f pour un plat. Consistant pour certains, et pas du tout pour d’autres. A défaut du restaurant universitaire, il y a ce que l’on a vite fait de nommer tourne dos, qui offre des services rapides en bordure de route, au risque pour l’étudiant d’ingurgiter tout type de microbes. «Mais on n’a pas trop de choix, les moyens font défaut », lance Cédric, habitué du secteur. Par ailleurs, les marchés situés à proximité des institutions universitaires (notamment ceux de la cité sic et de la cité des palmiers) sont particulièrement sollicités, ce qui rehausse le pris des denrées alimentaires. Seul le prix de la bière est stable et les bars ne désemplissent pas ; Solution Bar, Club UV, pour ne citer que les plus prisés par les étudiants, des deux sexes bien sur !
L’éternel problème d’infrastructures.
La question des infrastructures, notamment à l’université de Douala reste préoccupante pour les autorités universitaires qui déplorent le manque de moyens. En plus, la bibliothèque de l’université n’est pas assez fournis selon la plupart des étudiants, « ce qui ne facilite pas la recherche », clame K. Epée, étudiante en DEA de droit. « Heureusement qu’il y a des structures comme le CCF, où je me suis abonné pour essayer de palier à ce problème ». Sur le campus, il se murmure des rumeurs de corruption, de trafic de note, de droit de cuissage. « J’ai dû changer de directeur de recherche deux fois parce que tous ceux vers qui j’allais voulaient d’abord coucher avec moi » avoue la demoiselle, déçue d’avoir perdu un an « pour rien ». « Si tu n’es pas décisif et déterminé, tu ne peux pas faire l’université au Cameroun » s’attriste -t-elle, elle qui en plus vit à Bonabérie, et donc sacrifie énormément d’argent non seulement pour le transport, mais aussi pour les photocopies.
De leur côté, les étudiants des écoles se plaignent des coûts extrêmement élevés de la formation, pendant que les candidats aux concours d’entrée dans ces écoles crient au favoritisme.
Ainsi va la vie des étudiants à Douala.