La célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse au Cameroun ce 3 mai 2014 marque le lancement des activités de la Fédération des éditeurs de presse
La Fédipresse a décidé d’entrer définitivement en scène ce 03 mai 2014, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Avec des activités organisées à l’hôtel Mont Fébé à Yaoundé à l’instar de cette conférence-débat sur le thème : « presse, démocratie et citoyenneté ». Elle rassemble trois séquences : un exposé du ministère de la Défense sur le thème « journalisme et secret-défense » ; Un exposé du ministère de la Communication sur le « rapport entre le pouvoir et la presse privée » ; Un exposé de l’Ecole supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication (Esstic) sur « Les voies de l’émergence de la presse ». Programme signé par Haman Mana au nom de la Fédération des éditeurs de presse.
Désormais, il faudra s’habituer à cette illustre plume de la presse privée camerounaise sous une troisième casquette officielle. On le savait directeur de la publication « Le Jour », directeur de la maison des éditions « Les éditions du Schabel », Haman Mana assume aussi les rennes de la Fédération camerounaise des éditeurs de presse (Fedipresse). La naissance de cette fédération s’apparente pourtant à ce que les économistes appellent « l’effet boule de neige ».
A l’origine de la Fédipresse
Ce qui n’était au départ qu’une rencontre de circonstance, a pris des proportions considérables et une forme qui se précise. Retour en arrière. Le 27 novembre 2013, 12 jours après des décisions rendues par le Conseil national de la communication (CNC) et suspendant des journaux privés de presse écrite, une vingtaine de patrons de presse se retrouvent dans les bureaux du directeur de la publication « Le Jour » à Yaoundé, pour manifester leur soutien aux titres suspendus. Il s’agit des journaux « Ouest Littoral » et « The Guardian Post ». Pour marquer cette désapprobation totale avec les décisions du régulateur des médias, un membre du CNC, Christophe Bobiokono, par ailleurs directeur de la publication « Kalara », prend également part aux assises du 27 novembre.
A la fin de la réunion, un communiqué des éditeurs de presse jugeant les décisions du CNC « empreintes de contradictions et suspectes de règlement de comptes » est publié. La suite, celle qui n’est pas passé inaperçue, est bien connue. Reporters sans frontières (RSF) a attribué de mauvais points au Cameroun, dans son classement mondial 2014 de la liberté de la presse. Le pays est passé de la 120ème à la 131ème position. Motif principal évoqué par RSF : les décisions du CNC. De quoi renforcer, dans l’ombre, l’affinement de l’idée d’une fédération des éditeurs de presse se reconnaissant la possibilité de constituer « une force de proposition ».
« L’honneur du journaliste, c’est la juridiction des pairs »
« Sur les questions d’honneur professionnel, les juridictions ne s’en remettent qu’aux juridictions des pairs. C’est un principe de base dans le métier. A l’heure actuelle au Cameroun, nous ne sommes pas sûrs que ce soit le cas », explique Haman Mana, en cette veille de célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, dans les bureaux du quotidien « Le jour », les mêmes qui avaient accueilli, le 27 novembre 2013, les éditeurs de presse pour la levée de boucliers contre le CNC. L’une des raisons qui aurait conduit à la création de la Fédipresse, d’après Haman, c’est ce « combat pour l’assainissement de l’exercice de la profession de journaliste ». Une idée qui a fait germer une autre.
« La Fédipresse, c’est un peu comme le Gicam (Groupement inter-patronal du Cameroun, ndlr) de la presse », soutient Guibaï Guitama, Directeur de la publication « L’ il du Sahel » un bihebdomadaire régional. Convaincu de la nécessité d’un tel organisme, Guibaï Guitama fonde la nécessité de la Fédipresse, entre autres, sur le plan économique. Elle permettra aux éditeurs de presse d’avoir une plateforme pour mieux dialoguer avec les annonceurs afin d’accroitre, substantiellement, les revenus de la publicité, explique-t-il. Ces chantiers économiques s’ajoutent aux chantiers déontologiques évoqués. « La presse écrite, c’est un monde qui a des problèmes spécifiques. La presse audiovisuelle peut s’organiser comme elle veut », renchérit Haman Mana qui circonscrit l’action de la Fédipresse au sein des entreprises de presse écrite, uniquement.
Quid de la représentativité
« Le bureau est provisoire, nous ne sommes pas un bureau définitif. Compte tenu de l’urgence des questions à régler, l’ensemble des éditeurs de presse qui étaient réunis ici pour d’autres questions, nous a désignés pour pouvoir expédier les affaires courantes. La mise sur pied d’un bureau définitif aura lieu à un moment donné », assure Haman Mana. « Qui est membre de la Fédipresse ? », interrogeons-nous, afin d’évaluer la représentativité d’une telle initiative. « La vrai question, c’est de demander qui n’est pas membre », intervient Parfait Nsiki, l’un des dirigeants de l’hebdomadaire Repères.
L’adhésion serait presque à 100% si l’on suit ses assurances. « Tout le monde ! Toutes les obédiences: de l’Extrême gauche à l’Extrême Droite », certifie-t-il. « Toute la presse à capitaux privés est avec nous », complète le DP du quotidien Le Jour. Et l’horizon est vite trouvé. « Aujourd’hui, le gouvernement manque d’interlocuteur crédible dans la presse écrite privée », déclare Parfait Nsiki. Le CNC, selon les positions de la Fédipresse, est considéré comme une institution « latérale » en opposition avec la Fédération « au centre » de l’activité d’information des citoyens. Pour adhérer à la Fédération, « il faut être une entreprise de presse qui a un siège, qui est inscrite au registre de commerce, avec des relations avec la CNPS,ainsi que des salariés. C’est vraiment une fédération d’entreprises de presse», indique le président de la Fédipresse. Sur ce point, ses propos peuvent être perçus comme un idéal dans l’environnement camerounais de la presse écrite privée caractérisé par une précarité tous azimuts, à quelques exceptions notables.