Le collectif qui souhaite que la gestion du complexe industrialo-portuaire soit confiée à un Camerounais a rencontré des responsables des services du Premier ministre
Un dialogue de sourds. Ainsi pourrait-on caractériser la rencontre qui a eu lieu le 6 juin dernier entre l’Unité opérationnelle du Comité de pilotage et de suivi de la réalisation du complexe industrialo-portuaire de Kribi que préside Louis-Paul Motaze, secrétaire général des services du Premier ministre, et le Collectif du «Plaidoyer pour la camerounisation de la gestion du complexe industrialo-portuaire de Kribi».
Alors que le Collectif souhaite que la concession du terminal polyvalent soit confiée à une ou plusieurs entreprises à capital majoritairement camerounais, l’Unité opérationnelle a indiqué que les entreprises camerounaises ne sont pas suffisamment compétentes pour exploiter cette infrastructure. Ce qui reviendrait à dire que plaider pour une «camerounisation du port» revient à enfoncer une porte déjà ouverte. « Le projet a échoué parce que les chefs d’entreprises chargés de conduire le processus ont privilégié les considérations d’ordre extra-professionnelles indiquant de ce fait dans la liste à remettre au gouvernement, des noms et des entreprises qui n’avaient aucun rapport avec le domaine portuaire» a relevé un représentant de l’Unité opérationnelle du projet.
De plus, ont indiqué les représentants du Secrétaire général des services du Premier ministre à cette rencontre avec le Collectif, il manque une dynamique entre les autorités administratives (ministères de l’Enseignement supérieur, des Enseignements secondaires ; de l’Emploi et de la Formation professionnelle) qui n’ont pas encore réformé les programmes scolaires afin de former une main d’ uvre locale qui pourra uvrer sur ce port de troisième génération.
Les associations Adisi Cameroun et Cameroon ô Bosso qui font parti de ce collectif relèvent que cette attitude laisse perplexe et qu’elles ne vont pas par conséquent s’arrêter là. «Des rencontres avec des hautes autorités de la République sont au menu ainsi que le volet pédagogique de notre plaidoyer afin que ce domaine très fermé aux Camerounais lui soit acquis au regard des grands enjeux que charrie ce secteur », peut-on lire dans la note communiquée aux médias par le Collectif après la rencontre du 6 juin.
Le Collectif souhaite, entre autres, que la concession du terminal soit attribuée exclusivement à des entreprises à capital majoritairement camerounais vu que l’expérience de DIT (structure appartenant à Bolloré Africa Logistics) ne rend pas des résultats exceptionnels au Port de Douala. Le Collectif indique par exemple que ce port présente pour le moment le temps de transit le plus élevé de la Côte Ouest Africaine : 12 jours de l’Europe de l’Ouest pour Abidjan tandis qu’il faut 35 à 40 jours en moyenne de l’Europe de l’Ouest pour Douala. Ou encore qu’il faut 31 à 35 jours pour partir de l’Extrême Orient à Luanda, Pointe Noire ou Abidjan tandis qu’il en faut 60 à 70 jours de l’Extrême-Orient pour Douala. D’où, selon le Collectif, la nécessité de faire montre de patriotisme économique et de transparence tout au long du processus, pour que le Port de Kribi ne soit pas exploité avec les mêmes faiblesses que celui de Douala.
Lire le Communiqué de presse après la rencontre du Collectif avec les représentants du Comité de pilotage
Lire le plaidoyer du Collectif en version succincte
