OpinionsNon classé, Opinions, Tribune




La guerre aux militaires

Par Le Lieutenant-colonel Didier Badjeck La physionomie d'une bataille n'est pas un long fleuve tranquille. Encore moins celle des batailles…

Par Le Lieutenant-colonel Didier Badjeck

La physionomie d’une bataille n’est pas un long fleuve tranquille. Encore moins celle des batailles qui s’inscrivent dans les procédés asymétriques, nouveaux modes d’emploi qui se heurtent au mode conventionnel. Aux confins de la période de la guerre froide, caractérisée par des oppositions idéologiques et des soutiens des grands blocs, ont fait place des guérillas multiformes. Les guerres se gagnent aujourd’hui par moins par la force que par le soft power à commencer par les médias, la désinformation, l’instrumentalisation des acteurs, le rôle des lobbies et des faiseurs d’opinion.

Le théâtre des opérations est un vaste champ de planification où se choquent les centres de gravité, les différences qui alternent entre bonnes et mauvaises nouvelles. Le calme, dit†on, est la force du sage. La stratégie se conçoit dans la sérénité, la déduction, l’apprentissage de l’environnement, la collation du renseignement. Si à la première déconvenue l’on fait montre de fragilité et de fébrilité, l’on est tout sauf un combattant. Le combat est un théâtre de patience où il se construit intelligemment la méthode qui va contraindre l’ennemi à abandonner ses ambitions.

A partir du moment où le combat se déclare, la zone se contamine. Phénomène encore plus remarqué après cette mondialisation qui a édulcoré la verticalité de l’Etat dans son sens westphalien. Se traduisant par une défrontièrisation. Les guerres modernes deviennent alors plus pernicieuses et c’est bien pour cela que la résolution de l’asymétrie est un casse†tête pour la stratégie conventionnelle. Ce n’est pas raisonnable d’y ajouter plus dans un domaine qui déjà est complexe. La stratégie militaire n’est ni un jeu de dame ou alors un jeu d’échec. Elle est le sommet de l’art militaire qui accumule dans le temps des expériences de guerre, celles des grands stratagèmes, de la lecture des facteurs environnementaux et psychologiques. Elle est la convergence de la technologie, du savoir et du raisonnement mis à la disposition de l’offensive et de la défensive sur le terrain.

Rien n’est si simple sur un champ de bataille. Raison de plus pour avoir l’humilité de ne rien présumer, rien déduire hâtivement. Tout est une conduite d’hypothèses qui s’éliminent progressivement, objectivement, pour dégager les solutions les plus défavorables. Si cela n’était pas su, cela est bon à savoir. Tout comme nous acceptons les ordonnances des médecins qui s’appuient sur les symptômes et les examens pour nous soigner†ce qui n’assure d’ailleurs pas pour autant une guérison quasi complète†, laissons aux militaires le soin de mener l’art de la guerre tel qu’ils l’ont appris et soutenons†les. Car le combat est une épreuve et la victoire au bout de la peine. Il se dit bien qu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. On l’accomplit comme il se doit.

Lieutenant-Colonel Didier Badjeck
droits réservés)/n