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La lettre de la semaine: questions aux présidents africains à propos de certaines dépenses

Par François Zoomevele Effa

Messieurs les Présidents que l’on qualifie d’excellents, j’ai une question à vous poser à propos des dépenses outrancières que vous engagez, et que le peuple paye sans autre forme de procès. Mon exemple se focalisera sur le voyage que certains d’entre vous ont effectué à Paris, afin d’assister à ce sommet à l’Elysée.

Aviez-vous vraiment besoin de faire ce voyage, surtout qu’il existe, avec les moyens modernes dont vous disposez, la possibilité de faire des vidéo-conférences ! Même le plus naïf des guerriers sait que l’on prépare secrètement les plans de guerre. Votre ennemi est averti et, comme on soupçonne qu’il y ait des fuites dans vos sommets, surtout quand ils sont faits à Paris, la stratégie, ne vous en déplaise, est absolument nulle. Cependant, force est de constater que vos voyages à Paris, Londres, Genève, New York et toutes autres grandes villes occidentales sont monnaie courante pour vous. Les avions présidentiels des Républiques bananières sont des gouffres de dépenses qui ne sauraient se justifier. Quand on sait qu’un aller simple d’une capitale africaine à Paris coûte vraiment la peau des fesses, des millions, des dizaines de millions, des centaines de millions, et que beaucoup de premières dames africaines viennent faire leurs courses dans les grandes métropoles européennes avec les avions de la présidence de la République, il y a lieu, Messieurs les Présidents, de se demander si vous êtes conscients que vous ruinez et appauvrissez vos pays.

Il est tout à fait possible que certains de ces voyages en avions présidentiels soient effectués sur les lignes commerciales locales, en première classe. Ceci donnerait plus de crédibilité à vos discours sur la moralisation, la rigueur, et autres valeurs morales qui n’ont plus aucun sens quand ils sortent de vos bouches, dans vos discours auxquels vous ne croyez guère vous-mêmes. Le cas le plus flagrant reste celui de ce chef d’état d’Afrique centrale qui, pendant que son avion de fonction n’était pas disponible, monopolisait et réquisitionnait le seul avion gros porteur de sa compagnie nationale. Ceci durait des mois, et l’avion de ligne était cloué au sol, attendant le retour de ce président qui passe d’ailleurs la plus grande partie de son temps à l’étranger. Quel mépris pour les voyageurs! La pauvre compagnie que l’on nommait par dérision «AIR-PEUT ETRE» a mis la clé sous la porte. D’autres ont été emprisonnés pour cette faillite, ce Président ne sera jamais inquiété.

Messieurs les présidents, vous auriez pu, par solidarité et pour le bien de vos pays respectifs, faire un co-avionage, prendre le même avion. Ceci vous aurait valu une estime on ne plus considérable de vos compatriotes. Vous auriez pu faire plus ample connaissance et la convivialité de cet exercice aurait pu faire que vous trouviez la solution à votre problème en plein vol, au lieu de venir prendre des ordres à Paris. Si c’était le Front Monétaire International qui vous l’avait ordonné, il est sûr et certain que vous l’auriez exécuté, ce co-avionage. Alors, de grâce, pensez-y la prochaine fois. Vous auriez pu, vous qu’on appelle les Excellences, avec ce que vous a coûté ce voyage parisien dans vos avions, vos suites présidentielles et toutes ces dépenses que vous ne comptez pas:
– construire des hôpitaux, des dispensaires, acheter des vaccins,
– assurer les arriérés de salaire de vos fonctionnaires,
– investir dans les établissements scolaires,
– moderniser votre agriculture……..

Il suffisait de penser, comme je vous le disais au début de cette lettre, Messieurs les Présidents, d’organiser une vidéo-conférence. Vous comprendrez que pour tant de gâchis, vous ne recevrez de ma part ni salutations, ni distinctions, jusqu’à ce que vous changiez.

François Zoomevele Effa
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