Joël Didier Engo, qui a lancé en France le Comité de libération des prisonniers politiques pour soutenir son père et d’autres personnalités, dit prendre «acte» de la décision
Le Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P), mouvement lancé en France le 03 mai dernier par René Dassié et Joël Didier Engo – le fils de Pierre Désiré Engo – a publié un communiqué hier en rapport avec la décision du Tribunal criminel spécial de permettre à l’ex-Dg de la CNPS de comparaitre libre. Pour le CL2P, « si cette décision permet à l’ancien ministre aujourd’hui âgé de 73 ans de respirer l’air d’une liberté qu’il n’aurait jamais dû perdre eu égard à la nature de son affaire, le comité s’étonne cependant que les juges se soient autorisés à l’assortir d’une interdiction formelle de quitter le territoire camerounais. » La décision de la justice, le 07 mai 2014, de lever le mandat de détention provisoire contre Pierre Désiré Engo, a été effectivement assortie d’une interdiction de sortie du territoire, le temps d’avoir des éléments plus précis sur la destination des 25 milliards de F CFA de la CNPS qui se seraient retrouvés dans son compte personnel au crédit lyonnais.
Pour le CL2P par ailleurs, Pierre Désiré Engo qui en est ainsi à sa deuxième affaire depuis septembre 1999 fait l’objet d’un « acharnement judiciaire contre un homme dont le seul crime est d’avoir été soupçonné de vouloir faire ombrage au chef d’État camerounais à travers une association mémorielle (consacrée à Martin Paul Samba, résistant camerounais fusillé par les Allemands le 8 août 2014, ndlr). Au bout de leur argumentaire, René Dassié et Joël Didier Engo qui clament l’innocence de l’ex-Dg de la Cnps, demandent l’intervention du chef de l’Etat camerounais. « La responsabilité directe de Paul Biya est engagée sur ce cas, eu égard à sa mission de garant constitutionnel de l’indépendance de la Justice », plaident-ils.
Des éléments semblent avoir été omis dans le communiqué du CL2P, notamment le fait que Pierre Désiré Engo reste encore en prison malgré la décision du TCS. Au moment de l’ouverture de l’affaire des 25 milliards de F CFA, il purgeait déjà une peine de 20 ans d’emprisonnement infligée en 2000 par la chambre criminelle du tribunal de grande instance du Mfoundi. Peine qui court encore. Me Alexis Bayebeck a reconnu hier au sortir de l’audience du TCS que seule l’application du décret du 18 février 2014 relatif à la grâce présidentielle pourrait permettre à Pierre Désiré Engo d’être en liberté.
Si cette liberté intervenait, le fils de l’ex-DG de la CNPS a affirmé sur son blog, qu’il continuera l’action du CL2P pour «toutes les victimes de l’arbitraire judiciaire et carcéral au Cameroun». On se rappelle qu’au lancement de ce comité, Pierre Désiré Engo était la première personnalité de la liste. Y figuraient également Marafa Hamidou Yaya, ex-Secrétaire général à la présidence de la République (25 ans de prison) ; Paul Eric Kingue, ancien maire de Njombé Penja (prison à vie); Dieudonné Enoh-Meyomesse, historien et homme politique (07 ans de prison); Urbain Olanguena Awono, ancien ministre de la Santé publique (20 ans de prison)
Lire le communiqué du CL2P par rapport à la liberté conditionnelle de Pierre Désiré Engo