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La poésie camerounaise, un fleuve qui tarie!

Beaucoup se demandent si elle a d'ailleurs un jour existé On peut situer la genèse de la poésie camerounaise d'expression…

Beaucoup se demandent si elle a d’ailleurs un jour existé

On peut situer la genèse de la poésie camerounaise d’expression Française à 1930 avec Louis Marie Pouka qui à cette époque était presque le seul à entretenir la flamme frêle de cette poésie jusqu’en 1953, nous révèle Patrice Kayo dans Panorama de la littérature Camerounaise publié en 1978. en 1954, on assiste au Cameroun à une sorte de renaissance de la poésie. De Julliot impulsera une vague de poètes entre autres Elolongué Epanya Yondo, Nyunaï, Paul Dakeyo, François Sengat Kuoh. Des noms qui commenceront à se faire rares à la fin des années 70.

Les causes d’une mort subite de la poésie camerounaise
Au premier chef de cette « presque mort » de la poésie camerounaise, on peut citer tout d’abord l’absence d’association de poètes au Cameroun. On a pourtant connu l’association des poètes et écrivains camerounais (APEC), qui voit le jour au moment où le Cameroun accède à l’indépendance, c’était le 23 janvier 1960. L’association mourra plus tard, à cause du non paiement des cotisations par ses membres, du manque d’engagement et de l’apathie de certains. Aujourd’hui au Cameroun, il n’existe pas une véritable instance comme l’APEC, cette association reconnue d’utilité publique qui réunissait en son sein tous les poètes camerounais. Celles des associations qui existent comme La ronde des poètes (crée en 1996), l’association de lutte pour l’éducation par la poésie (Lupeppo international), quoique très dynamiques, n’ont pas toujours de la part des poètes des taux d’adhésions satisfaisants. Du coup les poètes camerounais se ferment chacun dans son univers, écrit pour ne même pas être lu.

Figurez-vous que même les poètes ne se lisent pas entre eux. Il y a au moins 1000 poètes au Cameroun, dont plus de la moitié dans trois ou quatre villes, où se trouvent aussi la plupart des librairies du pays et où le livre est le plus diffusé. Mais si vous sortez 500 exemplaires d’un recueil de poésie et les ventilez vous ne les écoulerez jamais en 6 mois.
Patrice Kayo, ancien président de l’APEC

Autre cause que l’on peut citer ce que le poète, peintre et metteur Matchadjé Yogolipaka appelle « le mythe du poète ». Entretenu par le comportement de certains poètes, ce mythe a encouragé le regard dédaigneux et railleur de la société sur le poète. D’après ce mythe, le poète est un vagabond ; être poète c’est souffrir d’une pathologie, c’est être un peu fou , c’est choisir de ne pas se marier, ne pas bien se vêtir, ne pas se peigner les cheveux, ne pas avoir de richesse matérielles. Fort de tous ces facteurs endogènes non exhaustifs l’on peut conclure que ces clichés ne peuvent grandir la poésie au Cameroun disait le poète dans son rapport intitulé Comprendre la crise de la poésie en Afrique : le cas du Cameroun, rapport présenté lors d’une Conférence au festival des rencontres internationales de la poésie et de la musique 2008.

A côté de tout cela, certaines associations, notamment La ronde des poètes reconnaît que les poètes sont méprisés et la poésie non publiée; Seule la poésie française est connue dans nos écoles et universités; Les poèmes rédigés par les jeunes sont pour la plupart gardés dans les tiroirs ; les professeurs ont du mal à enseigner la poésie qui par ailleurs n’est plus lue ; La poésie traditionnelle est méconnue aussi bien à l’école qu’à l’université.

Centre culturel camerounais
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Quelques solutions de sortie de crise Des propositions pour sortir de ce triste sommeil et relever la poésie camerounaise fusent de toute part. pour sa part, La ronde des poètes propose de regrouper tous les jeunes poètes afin de faire connaître leurs uvres poétiques ; Vulgariser la poésie à travers des rencontres, des publications (recueils ; journaux, revues, anthologies, etc.) ; Participer à la réflexion sur l’enseignement de la poésie. De son côté, Matchadjé Yogolipaka, par ailleurs président de l’association de lutte pour l’éducation par la poésie (Lupeppo international), pense que les solutions devraient venir de deux sens, celui des poètes eux mêmes, et celui de l’Etat. Concernant les poètes, il est important qu’ils se regroupent en associations sérieuses où ils partageront leurs savoirs et porteront leurs doléances auprès des pouvoirs publics.

La poésie doit cesser d’être hermétique et ornementale pour devenir un véritable instrument de participation au développement social. Les poètes doivent également vulgariser la journée mondiale de la poésie instituée par l’UNESCO, prévue le 21 mars de chaque année. En incluant des manifestations grand public à cette journée, nous créerons assurément chez certains, une culture poétique. Parlant même de cette culture poétique que certains affirment ne pas avoir, je me suis souvent demandé comment les Camerounais comme de nombreux Africains ont-ils fait pour avoir une culture de la bière!
Matchadjé Yogolipaka, président de l’association de lutte pour l’éducation par la poésie

Et concernant l’Etat, l’auteur pense qu’il doit il doit ratifier et appliquer les conventions internationales en rapport avec le livre à l’instar des accords de Florence qui préconisent aux pays l’ayant ratifiés comme le Cameroun ; d’exonérer les taxes douanières sur le prix du livre et les intrants de fabrication du livre. Ce qui serait bénéfique pour la relance de l’édition de la poésie. Il préconise aussi que seul le talent conduise l’entrée d’une uvre poétique au programme scolaire et non le bord politique, ni l’ethnie, ni l’âge ou toutes autres considérations réductrices. Ce qui fera profiter tous poètes talentueux et créera entre eux l’émulation. Il serait utile aussi que le ministère de la culture lance des concours nationaux de poésie et que les meilleurs soient entretenus comme une pépinière capable de représenter valablement notre pays à l’international.

Il faut promouvoir le rencontre entre les jeunes auteurs
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