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La recomposition géostratégique du monde

Par Michel Lobé Etamé, journaliste La violence est notre lot quotidien. Elle se manifeste dans tous les coins du globe…

Par Michel Lobé Etamé, journaliste

La violence est notre lot quotidien. Elle se manifeste dans tous les coins du globe de manières différentes : les guerres, la malnutrition, la faim, la dictature, les viols, les injustices, les migrations, etc. Aux États-Unis, la police tire sans sommation. Les bombes ne font aucune distinction entre les civiles et les combattants. Au Pakistan, les drones ciblent les terroristes. En Afrique, Boko Haram et ses alliés ratissent large. Le monde est confronté à une guerre qui sera longue et douloureuse.

Les menaces qui pèsent sur notre planète sont nombreuses. Elles ne se limitent pas seulement à la remise en cause des frontières reconnues par l’Onu. Elles prennent de nouvelles formes qui bousculent l’équilibre précaire des frontières héritées des conquêtes occidentales. A tout cela s’ajoutent les nouvelles pandémies telles que le sida qui tue sans discernement.

Le monde est confronté à la pénurie des matières premières jusqu’ici exploitées par les anciens colons. Les demandes viennent de la Chine, de la Corée, de l’Inde ou du Brésil. Ces « nouveaux intrus » sont qualifiés d’émergents. Ils viennent empiéter dans le pré-carré des éternels conquistadors européens et américains. Ils proposent des prix qui ne laissent pas indifférents l’Afrique.

De nouveaux loups se sont introduits dans la bergerie Afrique. Une panique qui ne dit pas son nom s’installe. Les matières premières voient leurs cours prendre l’ascenseur. Ce désaveu jette de l’huile sur le feu. L’occident ne saurait tolérer cette insolence de ses « enfants » si choyés et choisis par eux pour veiller sur « leurs biens ».

Cette menace pèse sur les équilibres économiques, sociaux et industriels de l’Occident. La grogne s’installe. Les réponses apportées jusqu’ici n’ont aucun effet. Les va-t-en-guerre en profitent pour déclencher des conflits extérieurs et détourner le citoyen de l’essentiel.

L’équilibre du monde vacille. Nous ne le voyons pas car dans les dix prochaines années, la recomposition géostratégique du monde va bouleverser les équilibres. Les nouveaux dragons comme la Chine, l’Inde et le Brésil vont réclamer leur part de gâteau. Qui sera le grand perdant ?

L’Europe devra alors s’interroger sur sa relation privilégiée avec le États-Unis. Une relation jusqu’ici indéfectible. Mais pour combien de temps encore ?

L’Afrique sera-t-elle la grande gagnante de cette dislocation ? Nous ne pouvons en douter. En effet, elle pourra diversifier ses partenaires et vendre ou transformer ses matières premières.

Ces déséquilibres mettront aussi fin aux paradis fiscaux et à l’optimisation fiscale des multinationales. La rareté de l’argent va inéluctablement redistribuer les richesses épargnées ou thésaurisées un peu partout. Irons-nous jusqu’à dire que l’argent va changer de camp ? Pas si sûre. Mais il y aura un transfert progressif des richesses vers d’autres pays jusqu’ici marginalisés.

C’est dans ce contexte que l’Afrique va tirer son épingle du jeu. Cela suppose qu’il y aura de vrais changements de mentalités de de personnes. Exit les vieux et séniles dirigeants corrompus et incultes. La jeunesse a du pain sur la planche. Elle doit se montrer à la hauteur de la tâche qui l’attend.

Le monde de demain composera avec les dragons asiatiques, la Russie, l’Iran, le Brésil, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Amérique Latine. L’Afrique noire, débarrassée de ses dictateurs, privilégiera la formation et l’éducation pour mettre fin à sa léthargie. Elle a les moyens d’une politique adaptée et progressiste. Débarrassée de ses mentors actuels, elle va diversifier ses partenaires et équilibrer ses relations. L’Europe, pour garantir sa survie aura besoin d’unité et de paix. Dans cette logique, elle devra renoncer à certaines alliances qui la plombent. C’est pourquoi le traité de libre-échange transatlantique (TAFTA) est condamné d’avance car il fait la part trop belle aux multinationales au détriment de la souveraineté des États.

Les pays européens doivent retrouver leur souveraineté sur le plan politique, économique, financier et militaire. Ils devront d’abord compter sur eux-mêmes. Pour cela, il faudra une Union Européenne forte et consolidée.

La recomposition géostratégique du monde est en marche. Elle ne se limite pas seulement à de nouvelles frontières. Elle va favoriser une croissance partagée entre les pays riches et pauvres. La redistribution des opportunités de productions industrielles inclusives vers les pays pauvres éradiquera les migrations vers l’Europe.

Et que dire du défi du siècle qui se traduit par le réchauffement climatique ? Si les engagements de la COP21 ne sont pas tenus, les efforts consentis vont altérer durablement les équilibres humains, sociaux, industriels et économiques.


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