Au terme de la sixième session qui s’est achevée en fin de semaine dernière, seules ont été mises en avant le commerce, les échanges culturels et la coopération scientifique
Les travaux de la sixième grande commission mixte entre le Cameroun et le Nigéria, tenus du 09 au 11 avril 2014, se sont achevés vendredi dernier à Yaoundé. Présidés côté camerounais par le ministre des Relations extérieures, Pierre Moukoko Mbonjo, et côté nigérian par le ministre délégué au ministère des Affaires étrangères de la République du Nigéria, Nuruddeen Muhammad, ils ont abouti à la signature de quatre accords, d’après le communiqué conjoint publié à l’issue des échanges. Il s’agit, sans détails apportés par le document, d’un « accord commercial ; un accord de coopération dans le domaine des sciences et des technologies ; un protocole relatif au programme de mise en uvre de la coopération et des échanges culturels ; un accord en matière de développement de la jeunesse ».
Même si une sous-commission « chargée des affaires juridiques et de la sécurité » été mise en place pour la session aux côtés de trois autres commissions, la mention sur la sécurité apparaît incidemment dans les formules d’usage vers la fin du communiqué : « le chef de la délégation nigériane a fait part de son appréciation pour la coopération et le soutien apportés au Nigéria en matière de lutte contre le terrorisme et les autres formes d’insécurité ». On peut aussi supposer que la révision du protocole d’accord sur la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays, signé en 1963, et devant être revue en juillet prochain à Abuja, fait allusion à cette question.
Boko Haram
Les défis sécuritaires, au vu de l’actualité entre les deux pays ces derniers mois, sont pourtant importants. La sixième édition de la Grande commission mixte s’est tenue une semaine après l’enlèvement de trois religieux dans l’Extrême-Nord du Cameroun, rapt dont certains soupçons se portent sur la secte islamiste Boko Haram (qui n’a pas revendiqué toutefois l’enlèvement) ; Le 4 avril 2014, le gouverneur de la région du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilai, faisait état de la présence de plus de 4000 réfugiés Nigérians dans des villages de sa région, réfugiés fuyant des conflits meurtriers entre des agriculteurs et des éleveurs nigérians.
A la fin du mois de mars 2014, une cache d’armes contenant des grenades, des kalachnikovs, des lance-roquettes entre autres, et attribuée à la secte Boko Haram, a été découverte dans le département du Logone et Chari (Extrême-Nord) par des forces du Bataillon d’intervention rapide (BIR). En début d’année, le Nigéria a fermé une partie de sa frontière avec le Cameroun, dans l’Etat d’Adamawa, au nord-est du Nigéria, pour tenter de contenir la fuite des bandes criminelles et des islamistes de Boko Haram qui se replieraient toujours dans les Etats voisins (Cameroun, Tchad, Niger) en cas d’attaques de l’armée nigériane.
La porosité des frontières entre le Cameroun et le Nigéria est une faiblesse qui laisse libre cours à des trafics de bandes criminelles de tout genre. Entre février 2013 et avril 2014, trois enlèvements d’Occidentaux ont eu lieu au Cameroun. Et à chaque fois, les regards se tournent vers le Nigéria. La sécurisation des frontières entre les deux pays est une question cruciale pour le Cameroun qui pourrait être considéré comme un pays à déconseiller aux touristes Occidentaux si des cas d’enlèvements venaient à se reproduire. Un défi immense, car, selon le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires des Nations-Unies, il s’agit de 2100 km à sécuriser de l’Extrême-Nord au Sud-Ouest du Cameroun.
