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« La Turquie est l’exemple même du partenariat gagnant-gagnant »

Le Directeur général de la Coopération et de l’Intégration régionale au Minepat, Charles Assamba Ongodo, parle des opportunités et contraintes du Cameroun dans ses relations avec les pays émergents.

Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent de la revue 2013 du portefeuille de coopération avec les pays émergents du Cameroun?
En ce qui concerne les grandes tendances, on peut juste constater que le parcours des projets nous amène à des niveaux de réalisation convenables. Sur le projet de construction et d’équipement de l’hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Douala, nous avons un taux de réalisation au niveau du génie civil de 100% et un taux d’équipement de 60%. Le taux de décaissement est de 40%. En ce qui concerne le stade de Limbé, nous avons un taux de réalisation de 96%. Il reste cependant les voies d’accès, l’approvisionnement en eau et en électricité, l’aménagement des parkings ainsi que d’autres commodités. C’est la responsabilité de la partie camerounaise, on peut dire que c’est la contrepartie camerounaise à ce projet. Ces exemples montrent le niveau de réalisation très acceptable des projets qui est à féliciter. Maintenant on sait que tout à côté, il y a un problème de décaissement. Cela incombe à la partie camerounaise. C’est un appel pour qu’on puisse mobiliser davantage les financements pour les fonds de contrepartie ainsi que les tâches qui incombent à la partie camerounaise.

Depuis quelques années, la Chine apparaît comme le principal partenaire « émergent » du Cameroun. Quelles sont les raisons de cette constance par rapport aux autres pays qui sont dans le portefeuille du Cameroun ? Pourquoi cette prééminence de la Chine ?
La Chine s’est positionnée comme un partenaire majeur dans notre coopération à la fois financière mais aussi technique. La prééminence de la Chine, ce n’est pas que le Cameroun qui l’a constaté et qui en bénéficie. Vous savez bien que c’est le premier partenaire financier des Etats-Unis. Il se trouve qu’à la réalité, c’est la Chine qui a de l’argent aujourd’hui. Ce n’est pas un effet de mode, mais c’est une réalité. Ensuite, il se trouve que les procédures de financement du partenaire chinois sont flexibles et souples. C’est vrai qu’il y aurait des aspects à améliorer de ce côté-là mais on note la flexibilité et la souplesse. Avec la Chine il est désormais question d’explorer d’autres sources de financement pour qu’en raison du volume massif de nos projets, des besoins en financement qui en résultent, nous puissions avoir les capacités nécessaires non seulement pour financer, mais aussi rembourser ces crédits. Les conditionnalités politiques ne sont pas mises en avant avec le partenaire chinois. Il s’agit beaucoup plus des conditionnalités d’ordre technique et financière. La Chine a ajouté dans son processus, le mécanisme d’efficacité du mécanisme de remboursement de la dette à contracter. C’est-à-dire qu’il faut désormais prouver chaque fois, en dehors du contrat commercial, des études de faisabilité techniques et financières. En dehors des études d’impact environnemental et social, la Chine exige désormais que nous lui présentions, dans chaque projet, comment est-ce que le projet va générer des ressources qui permettront de rembourser les prêts.

Que gagne le Cameroun dans ce type de partenariat à l’opposé de celui avec les partenaires traditionnels ?
Je voudrais dire qu’il ne s’agit pas de gagner un partenariat contre un autre. Il s’agit pour le Cameroun, comme cela est bel et bien stipulé dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, à travers la diversification de son partenariat, d’avoir un maximum de ressources pour financer ses projets de développement. Ce sont des projets structurants, de croissance économique, à forte création d’emplois. Ce sont des projets de bonne gouvernance et de gouvernance tout court. Tous ces axes majeurs contenus dans le Dsce doivent être reflétés dans les projets. Que ce soit chez le partenaire d’un pays émergent d’une part, ou les autres partenaires d’autre part, tout cela contribue, au niveau des financements extérieurs, à permettre au Cameroun, qui ne peut pas se suffire des financements internes, de se développer, de réaliser des projets.

Lors des recommandations de la revue en 2011, il était question d’élaborer une stratégie de coopération avec ces pays. Où en est-on avec cette stratégie ?
Elle existe déjà. Mais nous sommes dans sa phase d’opérationnalisation. Il s’agit de la mettre concrètement en uvre. Nous avons parlé d’une diversification des partenariats, nous avons aussi parlé d’une diversification dans les domaines d’intervention de ce partenariat. Nous avons pu observer qu’il y a des partenaires dont on ne peut pas attendre grand-chose sur le plan de la coopération économique et financière, il faudrait regarder et mettre l’accent sur la coopération technique. Une étude nous a permis de voir les avantages comparatifs en terme de coopération. Maintenant, comment est-ce que nous allons nous déployer ? Evidemment, il est question aujourd’hui d’aller vers ces pays, pour voir comment structurer le partenariat avec eux. Au demeurant, il est question aussi d’envisager de nouvelles formes de financements. Il y a des financements innovants. Il y a par exemple avec la Chine comme je l’ai dit, une question à l’ordre du jour : le financement par paquets de projets, le financement global. C’est une nouvelle forme de financement que nous sommes en train de vouloir explorer avec le partenaire chinois. Il s’agit de voir, au regard de la masse importante de projets que nous avons à mettre en uvre, comment est-ce que nous pouvons démontrer notre capacité non seulement à capter ces financements, mais aussi à rembourser efficacement notre dette et de façon soutenable.

Quels sont les défis pour 2014 ?
Nous devrons accélérer la croissance. Nous allons diversifier notre partenariat et envisager des sources efficaces de financement, des sources nouvelles en dehors de celles qui existent. Autre pan, nous mettrons l’accent sur les dimensions économique et technique de cette coopération. A côté de l’apport en argent pour financer les projets, nous devons aussi voir comment est-ce que le Cameroun peut développer son outil humain. Voilà un peu de façon schématique le déploiement de nos activités au cours de l’année 2014.

Lors de la revue, vous avez annoncé l’offensive vers des pays comme Cuba, le Venezuela. Qu’est-ce que ces pays offrent ?
Sur le plan sportif, Cuba nous offre une expertise à moindre coût. Un entraîneur de volley, d’haltérophilie, de javelot nous coûte bon marché lorsqu’il est Cubain. Cuba fait des prouesses aussi au niveau de l’agriculture et de la médecine. Il faut pouvoir capitaliser cela. Le Venezuela a aussi de nombreux atouts. Vous avez vu que lors de la construction du pipeline, nous avions du mal à recruter une main d’ uvre locale qui devait souder les tuyaux de pétrole. Avec le Venezuela et la Pologne qui est également un pays émergent, on peut trouver facilement ce savoir-faire et être accompagnés techniquement, de façon à pouvoir le faire nous-même d’ici à quelques années. La Corée du Sud, elle, est en train de construire des centres professionnels et nous pouvons mettre cet enseignement professionnel à contribution. J’allais oublier de vous parler de la Turquie, qui allie les deux, qui peut apporter de l’argent mais qui nous accompagne aussi pour la construction des infrastructures. La Turquie est l’exemple même du partenariat gagnant-gagnant. Elle exige que la participation des Camerounais soit d’au moins la moitié dans la réalisation des projets. Un autre axe majeur sera le renforcement des capacités de la chaîne de négociation dans la mise en uvre des projets.

Est-ce qu’on peut dire que le Cameroun est sur la bonne voie en ce qui concerne la mobilisation des financements extérieurs ?
Je puis vous dire qu’on est sur la bonne voie.

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Charles Assamba Ongodo, Directeur général de la Coopération et de l’Intégration régionale au Minepat
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