une réalisation exceptionnelle de la coupe du monde procurera une fierté sans borne, non seulement aux sud-africains mais à l’ensemble de l’Afrique
La Coupe du monde de la FIFA 2010 sera plus qu’une compétition de football. Bien sûr qu’il y aura 32 équipes réparties dans 8 poules, bien sûr qu’il y aura 736 joueurs qui voudront se surpasser pour soulever le plus beau trophée de football au monde. Mais le mondial de football est pour l’Afrique en général et l’Afrique du Sud en particulier un évènement singulièrement «importantissime».
Comme le disait Samuel ÉTO’O, dans une entrevue accordée à Ali MAKHAN du site Afrik.com, «nous, les Africains, nous aurons la possibilité de prouver au monde entier que nous ne savons pas seulement jouer au football, que nous ne savons pas seulement gagner le 5 000 ou le 10 000 mètres. L’Afrique, ce n’est pas que les enfants malades, c’est encore plus. Si nous en avons l’opportunité, nous pouvons faire autant que les autres. Voire encore mieux.» Nous rejoignons complètement Samuel ÉTO’O car une réalisation exceptionnelle de la coupe du monde procurera une fierté sans borne, non seulement aux sud-africains mais à l’ensemble de l’Afrique. Vous savez, cela contribuera à dire au monde, à prouver à l’ensemble de l’humanité que: «nous aussi, nous sommes capables». Barack OBAMA aurait peut être dit: yes, we can.
Mais plus que le football, quels enjeux pour l’Afrique du Sud?
Ils sont nombreux. Citons simplement quelques uns: L’affirmation d’une nation émergente. Vous savez l’Afrique du Sud produit près de 40% de la richesse de l’Afrique noire. Son niveau de développement lui accorde un statut de puissance émergente. Il n’y a que les esprits les plus naïfs qui ne mesureront pas que cet évènement mondial ne lui servira pas pour affirmer ses aspirations. Après la Chine qui a organisé les jeux olympiques en 2008 et qui abrite l’Exposition universelle 2010 à Shangai, et avant le Brésil qui organisera la Coupe du monde 2014 et les JO de 2016, les enfants de Madiba confirmeront qu’ils veulent prendre toute leur place dans le nouveau monde.
Les retombées diplomatico-médiatiques. Nous voulons que les uns et les autres se rendent bien compte que – nous exagérons à peine – dans tous les pays du monde, au moins une fois par jour, lors du journal, il y aura quelques minutes consacrées à l’Afrique du Sud. Pour les communicants que nous sommes, c’est proprement extraordinaire! Faut-il rappeler que ce sont, en audiences cumulées, près de 26 milliards de téléspectateurs qui regarderont cet évènement?
La consolidation du sentiment national? Comme vous le savez, et d’ailleurs le livre et le film INVICTUS, la Coupe du monde de Rugby avait permis au Président Mandela de réunifier son pays. Puisque l’Unité nationale est en perpétuelle construction, il est fort probable que cette Coupe du monde contribue à solidifier ce sentiment patriotique.
La fidélisation de nouveaux touristes? Le nouveau pays-monde recevra sans doute des dizaines de milliers de touristes qui fouleront son sol pour la première fois. En démontrant leurs capacités à accueillir, il y a fort à parier que ce pays pourrait renforcer son secteur touristique. Mais dans sa chronique, qui devrait être quotidienne sur grioo.com, l’économiste de la Banque mondiale, Célestin Monga nous prévenait: «Croire qu’un simple tournoi de football permettra subitement à l’Afrique d’enclencher un processus de développement économique qu’elle recherche péniblement depuis au moins un demi-siècle est un leurre.» Il y aurait sans doute encore de nombreux enjeux à soulever qui ne sont pas directement lié au sport en tant que tel. Mais il est clair que le football n’est pas qu’un sport.
C’est certes d’une importance de très loin moindre, mais nous espérons que le Cameroun organisera bientôt une Coupe d’Afrique des Nations. Comme le faisait remarquer (en parlant de l’évolution de la CAN) Pascal Boniface, spécialiste de football et Directeur de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques: «Des vedettes qui jouent dans les grands championnats européens (sauf dans le cas de l’Egypte, où quasiment tous les joueurs jouent au sein de leur pays), des sponsors de plus en plus nombreux, des droits télé disputés: la CAN monte. Elle semble à présent se situer juste derrière l’Euro, et devant le championnat d’Amérique du Sud des nations.»