3 mois après sa sortie de prison, le chanteur camerounais est en concert à Lille ce mercredi, 1ère étape d’une longue tournée
A son récent actif, 36 mois de prison. Et il en risque encore 60, si son amende n’est pas payée. Une amende qui se chiffre à 280 millions de FCFA. Le calvaire est donc loin d’être terminé, mais Lapiro, égal à lui-même, n’est pas prêt de garder sa langue dans sa poche. Libéré le vendredi 8 avril dernier, il avait été condamné en 2008 pour incitation à la violence et incendie volontaire, à la suite des incidents meurtriers qui avaient eu lieu dans le pays en février de la même année. Depuis trois mois maintenant, Lapiro revit les plaisirs de la liberté, avec son épouse, ses enfants et autres proches à Mbanga, localité située à près d’une heure de route de Douala. Des proches, des ONG Internationales dont Freemuse (Freedom of Musical Expression), ou encore l’association américaine d’avocats « Freedom Now », « qui m’ont soutenu durant toute cette période passée dans les prisons pourries du Cameroun. J’ai reçu à peu près 5.000 cartes de soutien pour m’encourager, pour me dire de tenir bon. Maintenant, je me sens mieux armé pour prouver au monde que le système camerounais est un système pourri qui utilise la justice pour anéantir tous ceux qui se battent pour la liberté du peuple» déclare l’artiste.
Des concerts de remerciement
Cet été, « Ndinga Man », comme on l’appelle affectueusement, jouera aussi à Lausanne, Bruxelles, Paris, Barcelone, et dans des villes des Etats-Unis, du Canada et de la Grande Bretagne. Des concerts qui devraient lui permettre de « trouver déjà un peu d’argent! Car, il faut bien que je travaille pour vivre et au Cameroun aujourd’hui, personne n’est prêt à prendre des risques pour organiser un concert pour Lapiro de Mbanga Déjà, les autorités ne donnent pas les autorisations pour le faire, parce que toute déclaration de Lapiro de Mbanga peut changer le pays ». Mais le principal but de tous ces concerts, à en croire le chanteur, est surtout de lui permettre de remercier tous ceux qui ont cru en lui « je vais profiter de cette tournée pour dire : Me voici, et je vous jure que votre soutien a été juste, parce que je n’ai rien fait de tout ce que l’on me reproche » confie-t-il à RFI. Avant de poursuivre, « je voudrais remercier la communauté camerounaise à l’étranger qui organise ces concerts, surtout celle de France, qui a beaucoup souffert de ce faux procès. Personne ne croyait que j’allais sortir vivant de cette prison. Mais, par la grâce de Dieu, je l’ai fait ».
Projets
Mis à part ces concerts, Lapiro de Mbanga affiche d’autres projets : d’abord un single en prélude à son prochain album qui sera probablement enregistré à Paris en septembre prochain. « Le single sera un clin d’ il à mes codétenus, pour parler du quotidien que nous avons vécu ensemble. Et pour les faire danser, Car, même en prison, on a le droit de danser. Ce serait pour leur dire aussi que l’un des leurs, qui a été là, est sorti et continue à penser à eux ». Très attendu aussi, un livre signé du chanteur et au titre très évocateur « Cabale politico-judiciaire, ou la mort programmé d’un combattant de la liberté ». Et il ne tarde pas pour annoncer les couleurs, « là, je vais dire des choses beaucoup plus directes ». Sortie prévue selon l’auteur, « avant la fin de l’année ».