Pris à partie, @MinComCameroun a bloqué l’accès à ses tweets à des internautes qui critiquaient la gestion de ce compte
«D’après moi, ce compte Twitter sera la porte d’entrée du Cameroun. J’espère que nous aurons des informations sur l’action gouvernementale», s’exprimait avec enthousiasme Gaetan, un internaute camerounais influent sur les réseaux sociaux, lors de l’arrivée sur Twitter du ministère de la communication du Cameroun, le 12 février.
Cet enthousiasme était d’ailleurs partagé par de nombreux autres internautes qui ont exprimé leur satisfaction de voir les autorités prendre en compte l’importance des réseaux sociaux.
D’autant plus que, deux jours avant, le chef de l’Etat, Paul Biya, demandait à la jeunesse de se méfier «des chants trompeurs des oiseaux de mauvais augure, ces marchands qui n’ont pour projet que la déstabilisation via les réseaux sociaux».
Seulement, la joie des internautes camerounais n’aura été que de très courte durée. Dès le 14 février, ils ont commencé à reprocher au @MincomCameroun ses tweets jugés inappropriés, comme celui adressé aux soldats engagés dans la lutte contre Boko Haram au nord du pays à l’occasion de la Saint-Valentin.
Ensuite, les internautes se rendent compte qu’ils ne sont pas au c ur de l’actualité comme ils pensaient pouvoir l’être avec l’ouverture de ce compte.
Dans la journée du 14 février, le premier ministre camerounais, Philémon Yang, se rend sur les lieux de l’explosion d’un dépôt pétrolier survenu dix-sept ans plus tôt, à Yaoundé, la capitale camerounaise.
Ils se sont dit surpris de ne lire un tweet sur l’événement que tard dans la soirée pendant le journal du soir à la télévision nationale.
Pour ces internautes camerounais, c’était l’incident de trop.
Les critiques se sont multipliées à l’encontre du gestionnaire de @MincomCameroun qui s’est vu accusé de «ndem» (une expression locale pour évoquer la poisse).
Ainsi pris à partie, @MinComCameroun a bloqué l’accès à ses tweets à des internautes comme le confirment ces derniers. Le gestionnaire du compte Twitter du ministère camerounais de la communication a qualifié cette man uvre de «dératisation».
Quelle idée de créer un compte sur les réseaux sociaux si l’on bloque toutes les personnes susceptibles de partager les messages, s’interrogent les internautes.
Le ministère de la Communication rejoint un outil que le gouvernement a eu par le passé à combattre. Pour rappel, méfiant quant au rôle joué par Twitter et les autres réseaux sociaux dans le succès des soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte, le gouvernement camerounais avait suspendu le service Twitter de l’opérateur de téléphonie MTN pour des raisons de « sécurité nationale ». La suspension avait duré 10 jours, du 08 au 18 mars 2011.
