Par Erick-Achille Nko’o, Ecrivain
Le monde entier connait de violentes secousses liées à des mouvements takfiristes et terroristes. Et l’Afrique déficitaire de systèmes sécuritaires de pointes, n’est pas toujours à même de répondre aux éventuelles attaques terroristes.
C’est vrai que le terrorisme est mutant et changeant mais toutefois, la compréhension des manifestations du terrorisme et l’évacuation de la menace qu’elles peuvent constituer exigent que l’on ne se limite pas à décrire les faits, à observer les conséquences des actions encore moins les modes d’action utilisés mais bien plus, que l’on s’attache à en déterminer les causes qui tournent toutes autour de la mauvaise gouvernance politique et sécuritaire, de la pauvreté, sans omettre bien sûr la mauvaise politique extérieure des grandes puissances qui déstabilisent sempiternellement des régimes qui ne leur font pas allégeances comme en Lybie et en Irak. Une autre cause du terrorisme c’est évidemment la non reconnaissance de la Palestine en tant que Etat. Le terrorisme étant un mode d’action employé par défaut, parce que l’on n’a pas la possibilité de recourir à une autre forme de violence. Sans doute, l’évaluation de la nature du terrorisme contemporain telle que vécu dans le monde, doit être plus nuancée dans la mesure où le caractère instrumental de cette forme de violence peut recouvrir des réalités politiques extrêmement chamarrées.
Après la détermination des origines de la fertilité de la violence dans le monde, l’on pourra donc ainsi penser à l’endiguer. Et pour y arriver, il faut comme Paul Biya du Cameroun l’a suggéré, «À menace globale riposte globale» ce qui suppose une implication concertée de la part de la communauté internationale. Plus encore des pays africains. Ainsi dit, Il faut bien s’égayer de la réponse de l’union africaine qui a vivement critiqué les attaques meurtrières de Boko Haram. Bien plus, le Tchad a tenu à envoyer ses troupes militaires en renfort en sol camerounais. Une assistance militaire diversement appréciée par l’opinion politique camerounaise. Mais qu’il faut en réalité saluer pour un certain nombre de raisons à la fois sécuritaires, économiques et politiques:
Tout d’abord, pour améliorer la gouvernance sécuritaire mondiale, il faut absolument l’implication de toute la communauté internationale sans exception car, un micro événement takfiriste ou même terroriste qui se produit dans une partie lamda du globe terrestre pourrait avoir une incidence à grande échelle sur la sécurité mondiale. Par exemple, l’on a vu l’impact que les attaques contre le journal Charlie hebdo ont eu sur la vie politique du Niger. Et donc dans ce sens, il est extrêmement important que les problèmes sécuritaires du Cameroun soient pris au sérieux par son voisin tchadien.
Il y a quelques années, la question du groupe takfiriste était encore nigéro-nigériane mais aujourd’hui, l’on note malheureusement une forte contamination au Cameroun et le Tchad devrait se sentir menacé. Et comme on dit, gouverner c’est prévoir. Idriss Deby Itno en bon visionnaire évite ainsi de tomber dans le même type de manquements sécuritaires que le Cameroun qui a vu le mal venir sans pour autant anticiper des politiques sécuritaires à long terme. Au delà de cela, il ne faut pas négliger le fait que le Tchad connait mieux la zone sahélienne pour y avoir fait une longue guerre contre la Lybie et bien plus pour avoir combattu aux cotés de la France contre les takfiristes terroristes au nord du Mali, et quand on sait que Boko Haram qui est l’une des factions les plus radicales et meurtrières du takfirisme a des liens avec les takfiristes que le Tchad a combattu au Mali, on se dit dans ce cas que le Tchad a une certaine expérience à partager avec les Cameroun .
Sur le plan économique, et outre l’aspect sécuritaire, l’aide militaire tchadienne se justifie par le fait que le Cameroun est la porte d’entrée et de sortie du Tchad sur le plan économique. Ainsi donc, l’économie du Tchad en dépend énormément notamment son exploitation pétrolière etc. Dans ce sens, il serait judicieux d’abord pour le Tchad et mieux que quiconque, de protéger ses intérêts économiques au Cameroun.
Sur le plan géopolitique, il ne faut pas perdre de vue que Ndjamena qui est la capitale et siège des institutions politique du Tchad pourrait être aisément attaquée si les relents de l’ancienne rébellion venaient à nouveau à jaillir ; et comme les membres des groupes takfiristes sont majoritairement des mercenaires en quête de ressources financières, il serait alors facile que l’opposition radicale tchadienne les enrôlent pour déstabiliser le pouvoir du président Deby. Comme précédemment évoqué, le président du Tchad met là sur pied des politiques sécuritaires pour des perspectives meilleures dans son pays.
C’est vrai que certains y voient une tentative de déstabilisation du Cameroun par la France qui a ses bases militaires au Tchad et qui pourraient profiter de cet appui militaire tchadien pour définitivement déstabiliser le Cameroun. Un aspect à ne pas négliger. Mais toutefois, ce qui importe ici est que la coordination devra se faire sous le haut commandement de l’armée camerounaise. Et bien plus, une telle initiative est de nature à protéger toute la sous région car le Cameroun occupe une place géopolitique importante ; et l’Afrique devrait se mobiliser pour que les pays situés dans sa partie Sud comme le Gabon ne soient à leur tour contaminés par le cancer Boko Haram.