Par Saïd Mbombo Penda
Gbagbo et les crises
Le documentaire que j’ai commis, est une uvre où est mentionné le parcours de Laurent Gbagbo, en tant que président de la Côte d’Ivoire de 2000 à 2010. J’ai été un très grand admirateur, je le considérais comme un partisan de l’opposition mais autant, j’ai été très déçu de ses dix années de règne. On ne peut juger les gens que quand ils sont mis face à des situations. On ne peut juger un homme politique qu’à la pratique du pouvoir. Vous avez vu que sur mon documentaire, basé exclusivement sur des faits, que Laurent Gbagbo instrumentalise des thèmes délicats tels que l’ethnie, la religion et même les problèmes fonciers. Dans ce documentaire, nous tenons compte du contexte politique et nous rappelons d’entrée dans ce documentaire que la crise ivoirienne en réalité et les problèmes identitaires en Côte d’Ivoire, sont antérieurs à Laurent Gbagbo. Mais tout ce que le documentaire démontre avec des preuves, c’est que Laurent Gbagbo a plutôt exacerbé les crises qui existaient avec son arrivée au pouvoir Certains commentaires faits par monsieur Owona Nguini sur mon documentaire sont assez surprenants. J’ai tendance à remarquer que monsieur Owona Nguini ne l’a pas regardé. Il est resté dans l’incantation. Je pense que ce débat serait plus important que si nous nous appuyons uniquement sur des faits. Je suis journaliste et je parle des faits, je parle en tant que journaliste ayant travaillé en Côte d’Ivoire pendant plusieurs années et pratiquement pendant toutes les étapes de la crise ivoirienne. Pendant que moi je donne des faits, monsieur Owona Nguini, qui a des connaissances limitées sur la Côte d’Ivoire, reste dans l’incantation et dans une analyse simple et gratuite.
Gbagbo et le néocolonialisme
Les faits présentés dans mon documentaire, contredisent Laurent Gbagbo comme étant un anti-néocolonialiste. Les faits sont que, Laurent Gbagbo, qui se positionne comme anti-français, sous ses dix années de règne, accorde 90% des marchés, des constructions et des travaux publics à gré à l’entreprise française Bolloré. En occurrence, le port d’Abidjan, instrument fondamental, capital de l’économie ivoirienne. Est-ce que ceci est un acte, un fait anti-néocolonialiste? J’en doute fort. Surtout que, au même moment, d’après des investigations, il y avait des offres comme Dubaï et la Chine qui sont plus avantageuses que celles de Bolloré. Je suis très heureux que monsieur Owona Nguini qui est un analyste, ait une analyse très pointue. Mais seulement, c’est une simple analyse. Car l’analyse est un fait subjectif. Et ce n’est que de l’interprétation. Les faits, eux, ils sont têtus et sacrés. Aux dires de monsieur Owona Nguini, je n’invente pas le portrait de Laurent Gbagbo. Quand on fait le portrait en documentaire, on fait le portrait de l’individu.
Pendant que Laurent Gbagbo clame son anti-néocolonialisme, connaissez-vous une lettre que Laurent Gbagbo a adressée à la France pour la fermeture de la base militaire française dans son pays? La réponse est non. Pensez-vous que Thomas Sankara, qui était le vrai anticolonialiste et le vrai anti-néocolonialiste, aurait laissé une base militaire française dans son pays? Monsieur Owona Nguini, vous pouvez avoir des opinions très fortes sur Laurent Gbagbo qui sont certainement fondées sur votre anti-néocolonialisme que je considérerais peut être dogmatique. Mais de grâce, évitons de mentir l’opinion camerounaise. Toujours pour prouver que Laurent Gbagbo n’est pas un anti-néocolonialiste, l’autre fait c’est que, Laurent Gbagbo n’a jamais demandé à sortir de la zone franc. Un anti-néocolonialiste serait-il resté dans la zone franc? C’est juste que ce monsieur est un illusionniste. Il a menti et trompé les ivoiriens et le peuple africain tout entier. Il n’a pas eu en aucun cas, le courage de ses propos. Monsieur Owona Nguini, veuillez analyser les faits froidement et il faut avouer aux camerounais que de part les faits, Laurent Gbagbo est loin d’être un anti-néocolonialiste. Il a plutôt adopté une position populiste et rentable politiquement pour la survie de son régime. Donnez-moi un seul fait, pas de discours où Laurent Gbagbo s’est opposé une seule fois à la France durant son règne.
Dans mon documentaire, on voit Laurent Gbagbo en personne (et ce n’est pas de l’analyse), énumérer un certain nombre de faits posés par la France au profit de son régime. Quand je parle de la Côte d’Ivoire, je parle en tant que quelqu’un qui y a vécu et travaillé pendant des années. Donc, mon documentaire ne serait être une trame biaisée. «Trame biaisée», c’est supposer que mon documentaire a été commandité. Dans ce documentaire, je présente les massacres de Dueké où des membres d’une ethnie supportant Laurent Gbagbo ont été massacrés par des membres d’une ethnie qui supportaient Alassane Ouattara. Pensez-vous que Alassane Ouattara aurait financé un documentaire qui pose une telle critique forte sur ses partisans? Ce serait de l’auto flagellation. Acceptez, monsieur Owona Nguini, que vous n’avez pas de preuves suffisantes sur ce que vous dites.
Gbagbo et le panafricanisme
Pour vous, Laurent Gbagbo est bel et bien un panafricaniste. Qu’entendez-vous par panafricaniste? Êtes-vous au courant qu’il y a eu plusieurs milliers d’Africains tués, assassinés par des forces sous le contrôle de Laurent Gbagbo durant ses dix années de règne? Et vous appelez cela panafricanisme? Vous appelez panafricaniste quelqu’un qui massacre des Africains? On a vu des discours anti-Africains dans les principaux organes de presse de Laurent Gbagbo. Et il y a des choses que j’ai omises dans mon documentaire pour éviter d’enflammer la Côte d’Ivoire. Donc, Laurent Gbagbo n’est pas un panafricaniste. Savez-vous ce que font les panafricanistes? Ils posent des actes forts. La première chose que font les panafricanistes c’est de se débarrasser de tous les artifices qui rappellent le colonisateur. Prenons le cas de Kwame Nkrumah qui a changé le nom Gold Coast de son pays pour le nom Ghana. Laurent Gbagbo avait 85% des députés du FPI à l’Assemblée nationale. Mais, sans faire allusion à ses discours, avez-vous un acte législatif posé par Laurent Gbagbo dans la constitution de son pays sur des dispositions refoulant la souveraineté de leurs micros Etats imposés par la puissance coloniale au profit de l’unité africaine, l’Etat africain concret tentant à prouver qu’il est panafricaniste?
Gbagbo et la concentration du pouvoir
Laurent Gbagbo était le seul maître à bord dans le gouvernement ivoirien. La preuve, il y a eu en Côte d’Ivoire ce qu’on a appelé les déchets de Trafigura, ce bateau qui déverse des déchets toxiques à Abidjan, le Probo Koala. Quand il y a eu ce scandale, le Premier ministre du gouvernement de l’Union nationale qui n’était pas du parti de Laurent Gbagbo, Charles Konan Banny, dignitaire parmi les dignitaires du régime de Laurent Gbagbo, demeure le directeur du port d’Abidjan, réinstallé par Laurent Gbagbo. Le directeur de la télévision publique ivoirienne qui refuse de diffuser le deuxième communiqué de Laurent Gbagbo, est viré de la télévision ivoirienne. A la question de savoir, est-ce que dans la constitution du pouvoir, le président de la République est-il le responsable des actes posés par le gouvernement? Je réponds en disant d’abord que je suis vraiment déçu que monsieur Owona Nguini ait une connaissance aussi limitée sur la Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire est un régime présidentiel. Donc, le président de la République est responsable de tous les actes posés lors de son régime. Il y a encore des faits que je peux encore citer pour démontrer que Laurent Gbagbo n’a jamais été un anti-néocolonialiste, ni même un panafricaniste mais un illusionniste.
