Le gouvernement a décidé, le 30 juin 2014, de l’augmentation des prix à la pompe. Le gazoil, le super et le gaz domestique connaissent une hausse tandis que le prix du litre de pétrole est maintenu
Après des années de tergiversations, de ballons d’essais dans les médias pour voir la réaction des Camerounais et de mesures reportées sine die, le gouvernement a enfin décidé de l’augmentation des prix des carburants. Dans un communiqué lu ce 30 juin 2014 au journal de 20h00 sur «Le Poste National», on apprend que le gouvernement a décidé de l’augmentation de trois produits: Le prix du litre de super qui passe de 569 à 650 F CFA ; le litre de gazoil qui passe de 520 à 600 F CFA ; la bouteille de gaz domestique de 12,5 Kg, qui passe de 6000 à 6500 F CFA.
Cette augmentation répond, selon le gouvernement, à la nécessité de prendre en compte l’augmentation «continue» des prix du pétrole sur le marché international et sa prise en charge par les autorités camerounaises. La pression n’était plus supportable selon le gouvernement camerounais qui affirme que la prise en charge des subventions, de 2008 à 2013, a coûté à l’Etat «1200 milliards de F CFA et 157 milliards de F CFA pour les six premiers mois de l’exercice en cours.»
Pour «préserver le pouvoir d’achat des populations» et atténuer l’impact de ces mesures sur l’économie nationale, le gouvernement informe qu’il a décidé des mesures suivantes: « maintien du prix du litre de pétrole à 350 F CFA ; réduction de 50% du montant de l’impôt libératoire, de la taxe de stationnement et de la taxe à l’essieu ; revalorisation des salaires des agents publics ; début immédiat des concertations paritaires en vue de la revalorisation du SMIG ». Ces mesures sont destinées à «dégager les ressources nécessaires au financement de nombreux projets de développement.» Mesures pour lesquelles le gouvernement dit compter sur «le civisme des populations». Et à juste titre.
Février 2008
Une mission du Fonds monétaire international (FMI) conduite par Mario De Zamaroczy a séjourné au Cameroun du 24 avril au 08 mai 2014. Cette dernière – reçue par le président la République au terme de son évaluation de la situation de l’économie camerounaise – s’était dite satisfaite du taux de croissance réalisé par le Cameroun en 2013 (5,5%). Sans manquer toutefois de dénoncer, pour une énième fois de la part de cette institution de Bretton Woods, le poids de la subvention des carburants pour les finances publiques camerounaises. Un pays qui recherche les financements à l’extérieur pour nombre de ses projets structurants alors qu’il peut économiser directement en interne.
On comprend que le Cameroun a toujours considéré une augmentation des prix à la pompe comme un risque social important depuis le souvenir des émeutes de février 2008. Pour s’opposer à la hausse du carburant, des syndicats de taxis avaient appelé une grève générale le 24 février 2008. Le mot d’ordre de grève avait été si bien suivi qu’il se transformât le lendemain en des revendications collectives et des casses dans de nombreuses villes du Cameroun et quartiers populaires. Ces manifestations violentes – sévèrement réprimées avec des morts sur le carreau – ont été qualifiées par des observateurs d’ «émeutes de la faim». Peut-être est-ce pour contenir ce même risque que le gouvernement a décidé de ne pas augmenter le prix du litre de pétrole même si l’on sait que les prix des denrées alimentaires risquent de connaître une inflation avec cette annonce, au moment même où les musulmans commencent le jeûne du Ramadan.
