Retour en interview sur son spectacle, son parcours, le Cameroun…
Ça fait quelques jours que vous êtes en spectacle au tarmac de la Villette, comment ça se passe?
Ça se passe très bien sinon je serais rentré au Cameroun (rires)
Dans ce spectacle, vous parlez le camfranglais, n’avez vous pas eu peur que le public parisien qui n’est pas essentiellement camerounais ne suive pas?
Oui bien sûr et ça a été la grande interrogation au Cameroun quand je préparais ce spectacle. Parce qu’avant de venir sur Paris, j’ai présenté le projet au centre culturel français qui est partenaire du projet. Ma grande peur était que le camfranglais ne passe pas, mais en même temps c’est très important pour moi de le parler dans mon spectacle. Quand on est nouveau, il faut tout construire et les gens comprennent progressivement. Ça leur fait plaisir d’entendre un langage qu’ils ne connaissent pas mais qui est compréhensible. Plus les gens comprennent, plus ils adhèrent. C’est un langage que les jeunes parlent au Cameroun et moi en tant que jeune camerounais, je me dois de le véhiculer à travers le monde
Que représente pour vous ces représentations au Tarmac?
Ce spectacle est la plateforme qui m’offre la possibilité d’avoir une carrière à l’international en commençant notamment par la France. Si ça se passe bien en France, ça se passera bien ailleurs en Europe et dans d’autres pays comme le Canada
Parlez nous un peu de votre parcours
Je fais du théâtre en principe. Mais depuis deux ans, je me consacre au one man show. Mais je fais toujours du théâtre puisque ma dernière mise en scène au théâtre remonte à moins d’un an. Et justement quand j’ai rencontré Valérie M. c’était pour un projet théâtral. Mon parcours? Tout s’est passé comme je raconte dans mon spectacle. Je voulais faire du cinéma mais il n’ y avait pas d’école de cinéma à Yaoundé et on a trouvé une école de théâtre mais j’ai claqué la porte trois mois après. Le reste de la formation, je l’ai fais en autodidacte et j’ai eu la chance de rencontrer quelques doyens du théâtre camerounais notamment le feu Essindji Mindja, paix à son âme et Ambroise Mbia. j’ai travaillé avec la ronde des poètes de Jean Claude Awono qui est un grand ami. J’ai commencé à déclamer des poèmes et progressivement je les adaptais de manière théâtrale. Mon premier sketch est d’ailleurs un poème de Francis Bebey intitulé Musica Africa de Francis Bebey que j’ai adapté. Avec le temps j’ai commencé à jouer à des pièces de théâtre avec France Ngo Mbog et Essindji Mindja. J’ai fais du théâtre de rue avec une troupe allemande de Francfort. En 2004, j’ai préparé mon premier one man show.

En France, il y a des comédiens camerounais qui émergent, notamment Emile Abossolo Mbo et Thomas Ngidjol. Quels sont vos rapports avec ces autres comédiens?
Malheureusement, Émile n’est pas en France, il doit être en Asie. Thomas, c’est difficile de mettre la main sur lui, il a la chance d’avoir une carrière et je sais que c’est indépendant de sa volonté. Mais de nombreux contacts sont en cours au théâtre Tarmac. Un travail est en train d’être fait en arrière et avec le temps on va voir ce que ça va donner.
Être comédien doit avoir d’énormes difficultés puisque vous êtes intermittent. Parlez nous de toutes ces choses qui ne vont pas!
S’il y avait les intermittents au Cameroun, on serait très heureux (rires). Au Cameroun, le monde du spectacle c’est n’importe quoi! C’est vrai que le ministère fait beaucoup d’efforts, moi personnellement j’ai de bonnes relations avec le ministère de la culture, notamment madame le ministre Ama Tutu Muna. Mais pour parler de la politique du ministère, elle est assez fragile et très peu efficace. Si le fond spécial d’aide à la culture fonctionnait normalement, il y a beaucoup de choses qui seraient faciles pour les artistes et acteurs camerounais. Malheureusement c’est un flou entretenu par les hauts cadres du ministère car c’est un problème de volonté.
Là vous êtes parti du Cameroun qu’est ce qui vous manque?
Pour tout vous dire, le piment (rires). Ici il y a le sel le poivre, mais il manque le piment. (rires)
Et si vous on veut faire plaisir là à l’instant, on vous sert quoi à manger?
Là? Un poisson braisé avec un nerveux piment! (rires)
