L’équipe de tournage a présenté en exclusivité aux médias camerounais la mouture finale du film
Une incroyable histoire de mouvement
L’histoire est celle d’une investigation journalistique dans un pays imaginaire que son réalisateur a voulu appeler Chimpanz. Deux journalistes enquêtent sur un régime et veulent percer le mythe de l’immortalité du président. Un tyran qui a fait 139 ans au pouvoir les traque autant que ses opposants. Au centre de l’intrigue, un opposant, Nirien le rebelle. Le personnage incarné par Jacobin Yaro, un as du théâtre camerounais, a la caractéristique d’être narcissique, violent et traitre. Sa formule magique, seul les vivants comptent dans une révolution, le génocide est un vain mot. Il est surtout la grande gueule du film et n’a qu’une raison de vivre, chasser le grand Papa Ndem du pouvoir et prendre sa place. En face justement, Papa Ndem. Personnage interprété par un autre grand nom du spectacle représenté au Cameroun, André Bang. Il (Papa Ndem) est l’incarnation parfaite de la dictature africaine. Cela fait 139 ans qu’il est au pouvoir, il collectionne les champagnes et des filles magnifiques pour agrémenter sa vie. Il suscite crainte et respect. Tan-pis si le pays souffre, il leur fera un bon discours préparé. Et le peuple ignorant l’acclame et lui voue une idolâtrie sans faille. Dans le rôle du vertueux, le jeune Black. Il s’est mis au service de Papa Ndem pour venger la mort de son ami. Mais il redoute de remettre le pays entre les mains de Nirien le rebelle, et il n’a pas tort. Le plan de Nirien est de le tuer une fois son plan exécuté. Jusqu’au bout Black jouera le rôle de vertueux qui même dans les pires dictatures, assure un certain brin de moralité. Dans ce nouveau rôle Alain Bomo Bomo s’est encore surpassé exécutant à merveille des actes de policier surentrainé. Il y a aussi Franklin Djawe, le plus jeune des acteurs. Protégé par le dictateur, mais amoureux du journalisme que son protecteur méprise tant. A la fin, tout le film n’était qu’une histoire, celle de Djawe qui retrouve une amie d’enfance dans une ambiance folle et presque romantique.
La critique a approuvé et recommandé
La critique n’a pas été sévère. Les journalistes ont globalement apprécié. Des reproches techniques ont été fait sur le son ou encore le manque de fluidité, mais de manière générale le film a subi le coup de tout projet de cinéma au Cameroun: Manque d’argent, engagement volontaire… Le film permet à chacun de s’identifier, les plus téméraires reconnaîtront des rues de Yaoundé, la capitale camerounaise et d’un certain quartier. Dans le film on remarquera aussi l’absence de masse; un choix de réalisation. Le producteur affirme avoir voulu partager sa propre vision. Dans une révolution, la masse raisonne peu, ça tourne rapidement à la violence. Richard Djif qui lui-même joue le rôle du journaliste persécuté et finalement martyr, a voulu attirer en même temps l’attention sur le fait que la révolution de masse n’est pas une solution face à la dictature. Des actions plus intelligentes et plus ciblées à elles seules peuvent suffire. Le film est aussi drôle: dans le luxueux palais du dictateur, on voit passer une petite souris. Quant au choix du nom de la république Chimpanz, Richard Djif invite les spectateurs à ne pas y voir une façon de rendre péjoratif l’africain. C’est le côté grimaçant de notre plus proche cousin animal, qui l’intéresse. Des Journalistes comme Norbert Kaka sont là pour faire face à des dictateurs. Le film s’achève tout de même sur une note d’espoir celui d’un pays libéré de ses tares. Ce long métrage de 1h29mn, tourné en numérique, est un roman ouvert que l’on lit au fur et à mesure des pages. Il révèle toutes les aspirations de son auteur: ses rêves d’écriture, sa passion pour le journalisme et son amour pour des radios internationales, symbole de liberté. Peut être verra-t-il plus loin un de ces jours.
