Première région pétrolière africaine, cette zone fait l’objet de beaucoup d’attractions
Avec 24 milliards de barils de pétrole de réserves prouvées, le Golfe de Guinée disposerait d’un des plus grands gisements sous-marins de pétrole connus au monde, du moins si l’on s’en réfère à ce que soutiennent de nombreux spécialistes. Cette partie du continent, qui est une synthèse de l’Afrique occidentale et de l’Afrique centrale, serait de loin la première région pétrolière africaine, avec des pays comme le Nigeria, l’Angola et la Guinée équatoriale, qui figurent au peloton de tête des producteurs de pétrole du continent. On comprend dès lors que sur les 9 millions de barils de pétrole produits quotidiennement en Afrique, cinq millions de barils, c’est à dire plus de la moitié, proviennent du Golfe de Guinée.
Sur la base d’études qui ont été fiabilisées, des analystes soutiennent qu’au cours de la prochaine décennie, le Nigeria, et dans une moindre mesure l’Angola, qui constituent le duo de tête, pourraient produire cinq millions de barils par jour, pour peu qu’on mette fin à l’insécurité entretenue par les mouvements rebelles qui s’attaquent aux installations pétrolières, notamment au Nigeria. La Guinée équatoriale, dont la production de pétrole lui a permis une croissance économique à deux chiffres depuis une dizaine d’années, devrait connaître une hausse de sa production au-delà du plafonnement décidé depuis cinq ans par le gouvernement, qui serait de plus de 700 000 barils/jour actuellement. Aux côtés de ces géants, on compte des producteurs moyens et petits, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Congo, le Cameroun., qui font partie de l’Association des pays producteurs de pétrole d’Afrique (APPA). Ces derniers mois, l’Angola, le Nigeria, le Cameroun, la Guinée équatoriale et le Gabon ont connu des attaques ciblées ou des menaces d’attaque liées aux ressources pétrolières. A cela s’ajoutent des enlèvements et des attaques récurrents des navires voués à l’exploration et à l’exploitation pétrolière.
Tout cela expliquerait et donnerait des idées claires sur les enjeux en présence, cette partie du continent se retrouve en tête de liste des sujets de préoccupation majeure qui intègrent à la fois des données régionales, continentales voire internationales. A ce sujet, la communauté internationale, en l’occurrence les Etats-Unis et la France, multiplient des actions concertées avec les pays limitrophes dans la perspective de sécuriser cette région stratégique. Dernièrement encore, c’est la marine américaine qui se retrouvait là pour des exercices de routines avec la marine camerounaise. Des experts affirment en effet que, les pirates profitent de la lourdeur des rouages administratifs entre les Etats, et tirent avantage d’une configuration géographique morcelée pour opérer en toute quiétude. D’où la nécessité d’une coordination des actions d’intervention. Fin mars dernier, la France a organisé à Douala un séminaire sur les enjeux sécuritaires dans le Golfe de Guinée, en déployant à l’occasion Le Tonnerre, considéré comme le premier bâtiment militaire à propulsion entièrement électrique. Avant que les Etats-Unis n’explorent cette région avec la porte avion USS Nashville en vue de former et de recycler la marine camerounaise dans la surveillance et la protection des côtes, ce sont les français qui s’y étaient déjà pointés.
Pourtant le développement par le pétrole semble être voué à une certaine malédiction. Le pétrole, c’est 90% des exportations du Nigeria, de la Guinée, du Congo et fournit plus de 50 à 70% des ressources financières de ces Etats. Ce sont des économies peu diversifiés et donc très dépendant de l’or noir. Cela a donc des effets variables selon l’importance de la population. Redistribuer une rente pétrolière à une population gabonaise d’1,3 millions d’habitant n’est pas la même chose que de le faire pour une population nigériane de 130 millions. Autre effet du pétrole, l’urbanisation rapide de ces pays dont les infrastructures et les bâtiments sont directement financés par la manne pétrolière. Cela attire et alimente un exode rural croissant, mais aussi une forte immigration des pays alentours. Mais cela permet de financer un réseau ferré et routier moderne malgré le captage opéré par la corruption qui volatilise une bonne partie de ces investissements. Ces pays cherchent aussi à préparer l’avenir lorsque la ressource pétrolière sera moins abondante. Déjà, le Cameroun et le Gabon connaissent un fléchissement de leur production pétrolière. Dans les discours, les politiques sont très conscients du problème et cherchent à économiser la ressource tout en projetant des investissements pour préparer l’après pétrole (éducation, recherche, équipement, réserves). La chute des cours en cette période et la concurrence des biocarburants renforcent cette relativisation.

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