Le plan triennal repose sur une stratégie dans laquelle sont privilégiés la relance de la production et des gains en compétitivité, mais les indicateurs ne sont pas précis
Le gouvernement au Cameroun a indiqué son intention de relancer la croissance économique dans le cadre d’un programme triennal que son ministère en charge de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire (MINEPAT) a présenté le 17 avril aux médias. La stratégie du gouvernement repose sur trois points. Réduire les importations notamment de nourriture, combler les déficits de production surtout agricoles et accroitre les revenus des acteurs économiques. Le plan a retenu pour cela le suivi direct des filières en vue de s’assurer de l’accroissement des filières agricoles. A titre d’exemple le document du MINEPAT indique que les productions de riz devront atteindre jusqu’à 256 000 tonnes contre 182 000 aujourd’hui. Un autre exemple est pris avec le poulet qui devra passer à 91 500 tonnes en 2015 contre 60 00 seulement en 2010. Le gouvernement pour atteindre ses objectifs a identifié une trentaine d’actions à mener autour de six axes d’intervention. Il s’agira pour les filières retenues de mettre en place les infrastructures pour accompagner la production, la transformation et la commercialisation des produits, rendre les intrants accessibles, assurer l’accès aux techniques modernes de production, rendre le financement disponible, garantir l’accès au marché à des conditions incitatives. Le projet a débuté avec une campagne de sensibilisation des personnes à mobiliser et bénéficie d’une dotation financière transversale de 188 milliards de FCFA logé dans les différents ministères du gouvernement. Au passage, on a aussi cité l’appui de 32,8 milliards de la coopération espagnole pour le renforcement de la filière bovine.
Le plan du MINEPAT est proposé dans un contexte où au sein du groupe de la Banque Mondiale actuellement en conclave à Washington dans le cadre des rencontres annuelles, on réfléchit à une meilleure manière d’obtenir des croissances économiques transversales en Afrique notamment grâce à l’agriculture. Discutant avec les journalistes du continent dans le cadre d’une vidéo conférence, l’économiste en chef de cette institution a insisté sur l’importance pour les pays d’Afrique d’accorder plus d’attention à un secteur agricole qui emploie plus de 60% de la population active du continent et pourtant génère les plus faibles taux de croissance, rendant ainsi nul les objectif de lutte contre la pauvreté notamment en milieu rural. Le Cameroun semble donc en droite ligne, mais cela demande de faire face à de nombreux défis. Le premier est celui de la pertinence même du plan. Choisir de s’appuyer sur les PME sans prendre en considération de base s’avère stratégiquement non pertinent. Si ce segment s’en sort bien dans le commerce import-export, il n’en est pas de même dans les segments de production. Elles souffrent encore de contraintes financières, d’accès à la terre, et aussi du manque de formation adéquate. D’un autre côté, envisager la croissance uniquement dans le cadre agricole, c’est occulter le fait que l’économie camerounaise est fortement dépendante des biens et surtout de capitaux étrangers. Deux choses peuvent selon de nombreux experts sécuriser durablement l’agriculture au Cameroun. Une augmentation de l’épargne nationale ou des subventions directes du gouvernement pour soutenir les lourds investissements de départs. Dans les deux cas le gouvernement est dans l’impasse. De l’autre côté faire gagner plusieurs points de croissance à l’agriculture demande que soit mise en place une stratégie qui va au-delà de trois ans. Les campagnes de vulgarisation sont attendues peut être donneront elles plus d’informations.
