Antonio Guterrès visitera les camps des réfugiés centrafricains à l’est du Cameroun, objet de petits désaccords entre Yaoundé et Bangui
S’enquérir des problèmes des refugiés au Cameroun
Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterrès est arrivé ce mardi 02 mars 2010 au Cameroun pour mettre en lumière les besoins oubliés de dizaines de milliers de personnes déplacées par la violence dans cette région. Il a débuté son périple par un voyage par les régions frontalières avec la République Centrafricaine. Au Cameroun, dans les provinces d’Adamaoua et de l’Est, António Gueterrès se rendra dans certaines des 60 installations accueillant quelque 80000 réfugiés centrafricains. Les réfugiés sont principalement des nomades Bororos ayant fui vers le Cameroun en 2006 et en 2007 du fait de l’insécurité généralisée, du banditisme et du conflit armé affectant leurs pâturages. Les réfugiés ont fui les bandits et les rebelles qui attaquent leurs villages, volent leur bétail et kidnappent leurs femmes ainsi que leurs enfants. Nombre d’entre eux ont subi de multiples traumatismes et ils ont perdu des proches. Ils ont également perdu leur bétail et leur mode de vie traditionnel, devenant entièrement dépendants de l’aide humanitaire en tant que réfugiés.
Une situation inconfortable pour le Cameroun
António Guterrès a été reçu par le premier ministre Yang Philémon. Il a fait état de sa reconnaissance pour l’accueil et la solidarité du gouvernement camerounais. Depuis début 2005, le Cameroun fait face à un afflux de ressortissants centrafricains qui s’est intensifié dans le courant de l’année 2006. Il a été constaté depuis le dernier recensement, que ces réfugiés centrafricains, composés principalement de pasteurs Bororos continuent à affluer dans les provinces camerounaises de l’Est et de l’Adamaoua, frontalières avec la République Centrafricaine. Le bureau de l’UNHCR a effectué en octobre 2007, une opération d’enregistrement des réfugiés dans ces deux provinces qui a établi le nombre de réfugiés à 45.192 individus disséminés sur plusieurs milliers de kilomètres carré, soit une augmentation de 50% depuis l’approbation de l’opération d’urgence d’assistance alimentaire (EMOP) de mars à août 2007. La présence massive de cette population sur le territoire camerounais (provinces de l’Est et de l’Adamaoua) résultait jusque-là du climat d’insécurité qui prévalait dans le Nord et l’Ouest de la République Centrafricaine.
Visite sous fond de petite tension sur la situation des réfugiés
Aujourd’hui, la charge assumée par la population et les infrastructures locales atteint ses limites comme pour les 36 centres de santé et de nutrition thérapeutique locaux qui ont un besoin urgent de réhabilitation. Les indicateurs d’eau, d’assainissement et de santé atteignent des niveaux d’alerte, que ce soit pour les réfugiés comme pour les populations hôtes et principalement les femmes et les enfants. Une situation qui selon certaines sources, n’arrangent plus les autorités camerounaises. Ces derniers temps des infractions attribuées à ces réfugiés ont été commis dans cette partie du Cameroun, dont le gouvernement serait favorable à un retour aux pays de ces réfugiés. «La situation en Centrafrique ne justifie plus que le Cameroun continue d’héberger des réfugiés centrafricains», affirme certains experts. Il rencontrera d’autres autorités camerounaises, puis vendredi, il se rendra en République Centrafricaine où plus de cinq ans de persécution et de harcèlement menés par divers groupes armés ont déraciné près de 200 000 civils. Sa visite se déroule dans un contexte où le Tchad a traîné pour marquer son accord à la poursuite des activités de la Mission des Nations unies pour la République centrafricaine et le Tchad (MINURCAT), dont le mandat comprend la protection assurée aux réfugiés et aux déplacés internes.
