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Le Lieutenant Joseph Kévin Donkeng repose à Johnny Baleng

Le premier officier de l'armée camerounaise à périr dans la guerre contre Boko Haram dans l'Extrême-Nord a été inhumé le…

Le premier officier de l’armée camerounaise à périr dans la guerre contre Boko Haram dans l’Extrême-Nord a été inhumé le 30 août 2014 dans son village natal

Le Lieutenant Joseph Kévin Donkeng a été enterré le 30 août 2014 à Johnny Baleng, dans le groupement Bafou, arrondissement de Nkong-Ni, département de la Menoua, Région de l’Ouest. La mise en terre, conduite par ses camarades de la 33ème promotion de l’École militaire interarmées de Yaoundé, s’est achevée à 13h10min.

C’est la fin de parcours pour ce jeune de 26 ans, premier officier de l’armée camerounaise à succomber sur le front de la lutte contre Boko Haram. Avant d’être inhumé, il a reçu un hommage militaire d’un détachement du secteur militaire numéro 9, basé à Bafoussam. La partie civile a été meublée par une messe et plusieurs témoignages.

La veille, le disparu a reçu la médaille de la vaillance et a été élevé au grade de Lieutenant à titre posthume. C’était au cours d’une cérémonie d’hommages à 26 soldats tués sur divers fronts, présidée dans la cour d’honneur de la brigade du quartier général à Yaoundé, au nom du chef de l’État, par le ministre délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o.

L’éloge militaire du Lieutenant Donkeng a été lu par l’Aspirant Batoum, camarade du disparu, au sein de la 33ème promotion de l’EMIA, baptisée «Promotion Lieutenant Youssouf Mahamat Bahr», du nom d’un jeune officier décédé en service commandé le 05 mars 2011, aux larges des côtes camerounaises. On retient que Joseph Kévin Donkeng est mort le 25 juillet 2014 au cours de la bataille de Bargaram, dans le département du Logone et Chari, région de l’Extrême-Nord.

Il fait partie d’un groupe équipé de blindés envoyé en appui à une position qui se battait depuis la veille, pour empêcher que les assaillants n’assiègent la localité. Encerclés par plusieurs centaines d’assaillants, les militaires camerounais ont essayé d’effectuer un repli tactique. 19 d’entre eux tombent, soit 14 militaires et cinq gendarmes. Joseph Kévin Donkeng en fait partie. C’est vers le 18 août que le ministère de la Défense a officiellement confirmé sa mort. Selon les informations glanées auprès de ses camarades, il aurait été enlevé alors qu’il était blessé. C’est en captivité qu’il aurait été tué.

Le Lieutenant Donkeng au bord de la mer (de son vivant)
West-Cameroon News Agency)/n

Témoignages
Dans les témoignages, l’Aspirant Lionel Franck Ntede Ondoua, camarade de promotion à l’EMIA, a affirmé que le Lieutenant Donkeng «savait se soucier de ses camarades en toute circonstance». L’abbé Chrétien Talla, curé de la paroisse de Saint Mathias de Foto, celle dans laquelle Joseph Kévin Donkeng a souvent loué Dieu, a confié une confidence: «Il m’avait dit qu’il est entré dans l’armée, non pas pour tuer, mais pour accomplir une mission conforme à sa foi». Son père, Cosmas Donkeng, qui dit avoir accepté cette mort brutale, espère que «le sang versé par mon fils servira à quelque chose au Cameroun. Il était l’espoir de ma famille».

Le Lieutenant Joseph Kévin Donkeng est né le 08 juin 1988 à Monatelé. La maternelle, il la fait à l’école Marie Goker de Yaoundé. Ce sera l’école Île éducative d’Emana pour le primaire. Il passera par le Collège de la Retraite à Yaoundé, avant d’obtenir son Baccalauréat A4 au lycée classique de Dschang, en 2005. Il passe quatre années à l’université de Dschang et y obtient le Master I en droit et carrières judiciaires. En 2010, après avoir été reçu au concours d’entrée, il entame sa formation d’officier à l’EMIA. La formation s’achève en fin d’année 2013. Le jeune aspirant au grade de Lieutenant est affecté à Kousseri le 12 février 2014. Il meurt à 26 ans, après seulement cinq mois de service.

L’hommage de la 33ème promotion de l’EMIA
West-Cameroon News Agency)/n

Fervent croyant, il était membre de la chorale Saint Jean Paul II de la paroisse Saint Mathias de Foto, par Dschang. Bon chanteur, il a reçu à l’EMIA, le surnom d’Andrea Bocceli. Féru d’écriture, il écrit en 2001, en classe de 4ème, un roman intitulé Les Situations de Koube. Sur son compte facebook, il écrivait il y a quelques mois: «Le fossé qui sépare la vie de la mort est aussi insignifiant que celui qui nous sépare de ceux qui nous ont quittés».

Les chefs traditionnels de la Menoua, le Recteur de l’université de Dschang, Pr Anaclet Fomethe et le président du PADDEC, Jean de Dieu Momo ont pris part à la cérémonie des obsèques à Johnny Baleng.

Le père et la mère du Lieutenant Joseph Kévin Donkeng
West-Cameroon News Agency)/n