Le ministre de l’Industrie accablé par le promoteur d’un projet sucrier à l’Est

DieudonnéThry Dong affirme que Emmanuel Bondé aurait demandé des pots de vin de 3,75 milliards de FCFA Dieudonné Thry Dong,…

DieudonnéThry Dong affirme que Emmanuel Bondé aurait demandé des pots de vin de 3,75 milliards de FCFA

Dieudonné Thry Dong, promoteur d’un projet sucrier dans la région de l’Est sous la bannière de Justin Sugar Mills S.A, consortium indo-camerounais, accable le ministre de l’Industrie, des Mines et du développement technologique (Minimidt), Emmanuel Bondé, dans une interview publiée le 10 décembre dernier dans l’hebdomadaire Repères. Le promoteur accuse le ministre de l’Industrie d’avoir résilié en juin 2014 le protocole d’accord signé entre le consortium et l’Etat camerounais, à cause de certaines conditions posées par Emmanuel Bondé et qui auraient reçu le refus du promoteur. M. Thry Dong parle notamment de la cession gratuite de 3,75 milliards de F CFA représentant 25% d’actions de Justin Sugar Mills S.A dans ce projet sucrier.

«Le ministre Bondé m’avait invité à son domicile privé et exigeait que je lui cède gratuitement 25% des actions de Justin Sugar Mills (soit au nom de sa femme ou de son fils) représentant une valeur de 3,75 milliards de F CFA sinon le projet aura des difficultés à démarrer tant que lui et certains de ses collègues resteront ministres au Cameroun», confie Dieudonné Dong Thry à Repères. Le promoteur affirme dans l’interview qu’il aurait offert symboliquement 1%.

Le chef de file du consortium Justin Sugar Mills S.A affirme que les actions attribuées au ministre pour justifier le lancement d’un nouvel appel à manifestations sont le fruit de nombreux autres dysfonctionnements.

Le promoteur du projet sucrier indique en premier lieu que le Minimidt lui aurait demandé de nommer son épouse au poste de directrice générale avec un salaire de 10 millions de F CFA. «Le premier dysfonctionnement dans l’application du protocole d’accord est le fait que M. Emmanuel Bonde, le ministre des Mines et de l’Industrie, m’impose le recrutement de sa femme, au poste de directrice générale de Justin Sugar Mills S.A. Cameroun, avec un salaire mensuel de 10 millions de F CFA et les avantages appropriés, proposition que je décline et l’engage plutôt comme directrice de l’environnement et du développement social avec un salaire mensuel de 1.000.000 F CFA en attendant. Celle-ci démissionne donc de la CNPS où elle aurait travaillé pendant plus de 20 ans et nous rejoint».

D’autres «disfonctionnements» sont énumérés : le fait que le ministre ait prétendument demandé de reverser à un de ses neveux, actuel directeur de l’industrie au Minimidt, la somme de 80 millions de F CFA sur des participations de 11 communes, de l’ordre de 562,5 millions de F CFA reversées par le Feicom ; le retrait de la Société nationale d’investissement comme représentant de l’Etat dans le projet ainsi que 22 autres communes sur les 33 de la région de l’Est ;

«Le quatrième dysfonctionnement fut l’exigence de M. le ministre de l’Industrie de transférer le siège social de Justin Sugar Mills de la ville de Bertoua à son propre domicile situé à Batouri qu’il nous imposait de louer à 1,5 million de F CFA par mois», ajoute Dieudonné Thry Dong.

Le protocole d’accord relatif à la mise sur pied d’un complexe sucrier à l’Est avait été signé entre l’Etat du Cameroun et le consortium indo-camerounais Justin Sugar Mills S.A. 13 avril 2012, avant d’être résilié deux ans plus tard. Le ministère de l’Industrie avait pris la décision sur la base d’une étude réalisée par le cabinet d’audit international Ernst and Young qui relevait de nombreux retards dans la réalisation des termes du protocole d’accord et de nombreux disfonctionnements.

Le 20 novembre 2014, après s’être séparé de Justin Sugar Mills S.A., le gouvernement avait rendu public un appel à manifestation d’intérêt pour la sélection d’un investisseur privé en vue «en vue de la création et de l’exploitation d’un complexe agro-industriel sucrier» à l’Est, dans «l’interzone Bertoua-Batouri». Le gouvernement, à travers le Minimidt, Emmanuel Bonde, indique, dans cet appel, qu’une superficie minimale de 32.000 hectares sera accordée à l’investisseur retenu.

Dieudonné Dong Thry croit savoir que des proches du ministre seraient en course: [i «Pour sûr, nous sommes au courant de la création de la société Sunrise Sugar S.A. de Mme Bondé avec son partenaire Dong Blaise Pascal, un ancien de Justin Sugar Mills [.] En conclusion, l’appel à manifestation lancé le 20 novembre 2014 par le ministre de l’Industrie est dédié à céder notre projet à un partenaire étranger qui prendra en compte leurs propres intérêts à travers la société Sunrise Sugar S.A. de Mme Bondé»], déclare-t-il.

«Toute entreprise désireuse de s’engager sur notre zone le fait à ses risques et périls et rendra compte car aucun soi-disant investisseur n’héritera des 32.000 hectares de terres appartenant à Justin Sugar Mills S.A. dans notre propre pays et notre région d’origine de l’interzone Bertoua-Batouri», estime pour sa part M. Dong. «L’administration étant écrite, l’Etat du Cameroun ne nous a jamais signifié la résiliation du protocole d’accord du 13 avril 2012 qui nous confère d’ailleurs l’exclusivité pour la réalisation du projet sucrier dans la région de l’Est sur une période de 10 ans, poursuit cet homme d’affaires présent dans l’industrie sucrière en Tanzanie, au Nigéria, et en RD Congo. Un bras de fer qui s’annonce donc entre le consortium et le ministère de l’Industrie d’après lequel le projet sucrier de l’Est a pour objectif de résorber le déficit actuel du marché national de sucre par an.


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