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Le musée national du Cameroun passe au présent

Longtemps laissé à l'abandon et vandalisé, l'ancien palais présidentiel avait été fermé en 2009 pour des travaux de réfection. Le…

Longtemps laissé à l’abandon et vandalisé, l’ancien palais présidentiel avait été fermé en 2009 pour des travaux de réfection. Le bâtiment a été rouvert vendredi lors d’un gala culturel

Près de 27 ans après sa transformation en Musée national, la demeure officielle du premier président de la République du Cameroun, (re)donne à voir. L’importante bâtisse, située à un jet de pierre du ministère des Finances, dans le quartier administratif de la capitale politique, a été rouvert solennellement vendredi, 16 janvier, au cours d’une soirée de gala.

Le Musée national, baptisé comme tel en 1988 sous l’initiative de Paul Biya, actuel chef de l’Etat, avait fermé ses portes en 2009 pour réfection après avoir été laissé à l’abandon et vandalisé.

Le délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Yaoundé, Gilbert Tsimi Evouna, connu pour être un personnage qui ne fait pas dans la langue de bois, a manqué de mots pour qualifier le nouveau visage du Musée national vendredi, lâchant simplement un «vous m’avez convaincu», à l’endroit du ministre des Arts et de la Culture, Ama Tutu Muna.

Le Musée national du Cameroun a été officiellement rouvert le 16 janvier 2014 au cours d’un gala culturel
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Renaissance
C’est donc sous le signe de la «renaissance culturelle» que la Heritage and Arts Foundation (Harts) a placé la réouverture officielle du Musée. On y retrouve plus de 5000 m2 d’espace d’exposition et une trentaine de salles comprenant des collections originales allant des symboles culturels du Cameroun (masques traditionnels, instruments de musique, habitat) à des uvres plus contemporaines comme ce polyptique (série de 12 tableaux) offert en juin 2014 par Idanna Puci, l’héritière de Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905). L’explorateur français d’origine italienne est connu comme celui qui a ouvert la colonisation française en Afrique centrale.

Des invités triés sur le volet ont été invités à la soirée de gala de la « renaissance culturelle du Cameroun ». Ici, le ministre des Arts et de la Culture, Ama Tutu Muna, avec le PDG de la Société sucrière du Cameroun, Louis Yinda
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Le Musée «reflète toute l’histoire et la beauté culturelle que le Cameroun a à offrir», selon les mots de Mme Ama Tutu Muna. La Minac a par ailleurs indiqué au cours du gala culturel qu’il était nécessaire de «comprendre d’où nous venons, pour déterminer où nous allons». D’où l’intérêt, selon la ministre, d’une telle institution qui résume tout ce que le Cameroun a de plus cher, l’ uvre de ses héros nationaux, tout comme celle de ses icônes internationales, de tous ceux-là qui ont influencé l’histoire politique, sociale, diplomatique du Cameroun.

Des membres du gouvernement étaient présents. De gauche à droite: Le délégué du gouvernement à la CUY; Les Minjec, Minefop, Mincom, Minesup, Minjustice, Minsanté
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Le passé réconcilié avec le présent
Le Musée national est un lieu de mémoire, le symbole même de l’histoire tumultueuse du Cameroun. Le lieu a d’abord servi de résidence au major Hans Dominik (1870-1910), qui dirigea le poste militaire de Yaoundé à l’époque du protectorat allemand. Après la Première guerre mondiale et le retrait à l’Allemagne de toutes ses colonies, le bâtiment sera repris par les Français pour servir de Palais du gouverneur à partir de 1930. Roland Pré, André Soucadaux, Pierre Charles Cournarie et les autres commissaires français s’y succèderont jusqu’à la moitié des années 50.

Au lendemain de l’indépendance du Cameroun, en 1960, le Palais des gouverneurs français sera transformé par le premier chef d’Etat du Cameroun, Ahmadou Ahidjo, en Palais présidentiel. Il le restera jusqu’à la venue au pouvoir de Paul Biya, en 1982, qui décidera de le transformer en Musée six ans plus tard.

Des pygmées exécutant une danse traditionnelle au Musée national, le 16 janvier 2014
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Si les rapports entre les deux chefs d’Etat n’ont pas toujours été au beau fixe, le second ayant accusé le premier d’avoir fomenté un coup d’Etat contre lui en 1984, le Musée national s’offre aujourd’hui comme le symbole d’une cohésion en devenir. Le bureau de feu Ahmadou Ahidjo, qui a été vandalisé, sera reconstitué, d’après les assurances du ministre de la Culture hier au cours d’une visite guidée qui a eu lieu en matinée. Cette reconstitution a bénéficié de l’accord et du soutien de Paul Biya, a-t-elle précisé.

Autre image, celle des nationalistes, persécutés par le premier président du Cameroun. Ruben Um Nyobé et ses camarades de lutte sont exposés au Musée national, lequel musée est surmonté à sa façade principale par un imposant portrait de l’actuel chef de l’Etat. Le rassemblement de ces personnalités au même endroit eut été impossible dans la vraie vie.

Une vue du cadre qui a servi au gala culturel à l’esplanade du Musée national
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Un vestige moderne
Le gala culturel qui a servi de cadre à la réouverture du musée national a laissé une sensation étrange aux journalistes locaux invités à l’occasion. «Ça ne nous ressemble pas», pouvait-on entendre les uns et les autres grommeler. Et pour cause. La Harts Foundation, initiative du Minac à son lancement mais aujourd’hui pilotée par des Afro-américains a jugé utile d’inviter . des artistes américains prester lors du gala.

Les Camerounais présents sur les lieux ont eu droit, dépaysés, à une dance classique animée par le couple Maxim Beloserkovsky et Irina Dvorovenko, les premiers danseurs du ballet américain ; une chanson de Marie Dionne Warrick, cousine de la regrettée Whitney Houston, couronnée par cinq Grammy Awards aux Etats-Unis ; la prestation scénique de Viviane N’Dour, la star sénégalaise du «Djolof Band» auteur d’une dizaine d’albums à succès, et connue également pour avoir été la choriste de Youssou Ndour.

En se mettant dans l’esprit des organisateurs, cela était peut être justifié par les invités au gala: des membres du gouvernement et des ambassadeurs triés au volet ; mais peut être également par l’ambition que la Harts Foundation fixe dans le Musée national du Cameroun, celui d’être un «trésor» national, «placé sur des standards internationaux».

Le Musée national du Cameroun est désormais ouvert au public, de mardi à dimanche entre 10h et 18h. Le ticket d’entrée a été fixé à 4000 F CFA. «C’est un formidable voyage!», promet Lydienne Billong, l’une des guides que Journalducameroun.com a croisé sur les lieux vendredi.

Le couple Maxim Beloserkovsky et Irina Dvorovenko, du ballet américain, exécutant la dance classique au Musée
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