La convocation du corps électoral par le Président Paul Biya va relancer la dynamique politique au sein du pays.
Le président Biya fidèle à ses habitudes a une fois de plus « surpris » la classe politique avec la signature d’un décret lu le 2 juillet 2013 et convoquant le corps électoral en vue des élections législatives et municipales au Cameroun. La date est désormais connue, ce sera le 30 septembre 2013. Jusqu’à 17 heures de l’après-midi du jour de l’annonce, aucune autorité ni du ministère de l’administration territoire ni d’Elections Cameroon (organe en charge de l’organisation matérielle des élections) n’avait encore fait de commentaires sur le sujet. Mais à première vue, tout le monde semble plus ou moins surpris par cette annonce. Il y a quelques jours, le 27 juin dernier, le président de la république signait un décret prolongeant de 3 mois supplémentaires le mandat des députés et des maires. L’heure est désormais aux grandes man uvres pour conquérir ou conserver une position dans l’arène politique. A l’annonce de la date des élections, certaines voix se sont déjà élevées notamment dans des forums sur internet, pour décrier une convocation du corps électoral sans consensus. Des voix qui se font toujours entendre mais aboutissent aussi souvent à la participation des protestataires. Une autre conséquence de la convocation de ce corps électoral est la suspension des inscriptions sur les listes électorales.
Le choix de la date des élections par le président Biya ne manquera pas de faire l’objet des débats. Première remarque, les élections législatives se tiendront un lundi, chose qui est rarement arrivée, car la date des élections est très souvent une journée fériée et chômée. La deuxième remarque par rapport à la date est qu’elle intervient à la veille des rentrées scolaires. Une période au cours de laquelle la plupart des parents sont préoccupés par le sort de leurs enfants. Pourtant rien n’est gagné d’avance. Les dernières sénatoriales ont mis en évidence les différents pôles et les nouveaux enjeux électoraux dans le pays. Au sein du RDPC même la bataille fait rage et la discipline partisane est très difficilement acceptée. Avec les sénatoriales on a assisté à l’union RDPC et SDF contre tout le reste. Plusieurs commentateurs estiment déjà que c’est du passé, mais selon d’autres analyses, le RDPC et ce qui reste de l’opposition au Cameroun pourraient encore dans une alliance stratégique conquérir des places sur l’échiquier politique. L’autre enjeu des élections législatives à venir sera celui de la répartition des places au sein de la politique. Maurice Kamto avec son MRC a déjà montré qu’il constituait une inquiétude pour le régime. Certains voient en la nomination de Niat Ndjifenji-originaire de la même région du Cameroun que Kamto-à la tête du Senat, une volonté de casser l’électorat de l’ouest en plusieurs segments qui fragiliseront les velléités de conquêtes de pouvoir. L’élection présidentielle de 2011 avait, on se souvient, mis en évidence d’autres personnages montants de la scène politique locale. Des personnes comme Kah Wallah ou encore Jean de Dieu Momo pourraient jouer un rôle non négligeable. Mais pour l’immédiat, la grande question est celle de savoir comment seront désignés les candidats. Pour des partis comme le RDPC et le SDF où les aspirations sont grandes et où les frustrations des sénatoriales n’ont pas été complètement digérées, on risque d’assister à la guerre avant la bataille.