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Les aventures de Faka Bilumba N°15, la chronique de François Zo’omevele Effa

"Laisse tomber l'idée de faire défiler pour ton 14 juillet aux Champs Elysées les soldats africains et leurs chefs d'Etats!"…

« Laisse tomber l’idée de faire défiler pour ton 14 juillet aux Champs Elysées les soldats africains et leurs chefs d’Etats! »

Vous savez, chers lecteurs, il m’est difficile de vous cacher la joie de nos rencontres, et le privilège que me confèrent mes attributs extraordinaires à travers et par lesquels je vous fais vivre ces rencontres irréelles au-delà du temps et de l’intelligible, bref, voici le kongossa fakabilumbien.

Beaucoup auront compris depuis un moment qu’il nous arrive assez souvent de vous relater des choses dites par ceux qui sont partis au pays du grand repos, et vous vous demandez comment ça se fait ! J’ai fait appel à certains de nos poètes pour qu’ils nous rappellent les bases de l’essence culturelle africaine. A savoir, comme le disait Senghor, qu’il n’y a pas de frontière entre le visible et l’invisible, que : « Le réel n’acquiert son épaisseur, ne devient vérité qu’en s’élargissant aux dimensions extensibles du surréel. » C’est pourquoi, quand nous nous remémorons cette poésie de Birago Diop, il est important de savoir que c’est de son amitié avec le vieux griot Amadou Koumba que nous avons cette sagesse, cette poésie :

« Ecoute plus souvent
Les choses que les êtres.
La voix du feu s’entend,
Entends la voix de l’eau.
Ecoute dans le vent
Le buisson en sanglots :
C’est le souffle des ancêtres.

-« Avant que tu ne continues à nous faire ton intello initié avec tes invités d’outre-tombe, je voudrais, moi, Meze’e me Ndoum, doyenne Essawo, pousser un cri d’indignation !
Mercredi soir, la troisième chaîne de la télévision française nous a abrutis par des images surréelles de ses explorateurs, Fred et Jamy, au Congo. C’était un « Tintin au Congo » des temps modernes. Pourquoi faut-il que cette civilisation occidentale qui, dans son capitalisme effréné, détruit les forêts amazoniennes et africaines par son exploitation outrancière, dites-moi vraiment pourquoi elle trouve le moyen d’enfoncer le clou en venant se moquer des indigènes et raconter des inepties dans ce reportage ?! Dire que les Pygmées ont troqué le pagne au profit du tee-shirt, cela voudrait dire que les Pygmées, du temps où ils portaient des pagnes, cultivaient du coton et étaient des tisserands ! Si ce n’est pas honteux, honteux de voir cet exploitant forestier français, Blanc, qui, dans ce reportage, se disait guide et se pavanait dans cette forêt, sa forêt, ses parcelles, légitimant leur destruction ! Là où il a alors tout gâté, c’est quand ils sont montés dans une pirogue, cette bande de Blancs, faisant la morale aux indigènes qui pagayaient ; ils leur reprochaient de braconner singes et crocodiles, leur apprenant à respecter la forêt. Puis, pour le bouquet final, notre « guide exploitant forestier » a fait poser un tronc d’arbre à travers la piste forestière qu’ils avaient faite, prétendant que c’était pour empêcher les braconniers de passer. A-t-on déjà vu des braconniers emprunter des pistes carrossables pour aller dans la forêt ? »

Ceci est donc la vraie raison pour laquelle, chère ancêtre, nous allons continuer à méditer ce poème de Birago Diop :

« Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans l’eau qui dort,
Ils sont dans la case, il sont dans la foule :
Les morts ne sont pas morts. »

-« Monsieur Faka Bilumba, je m’invite, moi, Léon Gontran Damas, dans ton forum aujourd’hui, pour dire certaines choses, mais des choses certaines ! Depuis ma Guyane natale, mes bourgeois de parents prônaient l’assimilation à la France cultivée, gauloise, et j’ai rompu avec tout cela pour retrouver mon vrai moi dans mes authenticités de négritude, pour avoir fréquenté Senghor, Aimé Césaire et autres Langstone Hughes. Mes parents m’ont coupé les vivres, et j’ai tiré le diable par la queue pour pouvoir poursuivre mes études. J’ai été débardeur des Halles, ouvrier, plongeur. C’est pourquoi j’écrivais :

« Ma mère voulant d’un fils très bonnes manières à table :
« Les mains sur la table !
Le pain ne se coupe pas,
Le pain se rompt
Le pain ne se gaspille pas
Le pain de Dieu,
Le pain de la sueur de votre Père
Le pain du pain
(…)

Cet enfant sera la honte de notre nom
Cet enfant sera notre nom de Dieu
Taisez-vous
Vous ai-je dit ou non dit qu’il vous fallait parler français,
le français de France,
le français du Français,
le français français…

-« Je l’avais préconisé, moi, Bernard Dadié, car nous sommes envahis, encerclés, engloutis, dans l’aliénation. Nos enfants aujourd’hui veulent pour beaucoup d’entre eux devenir plus Gaulois que ceux de la Gaule authentique. Tu penses bien, mon pauvre Gontran, qu’ils se rendent compte qu’ils se renient en préférant un certain confort matériel que leur octroient les nationalités occidentales qu’ils demandent ! La réciproque est-elle vraie ? Combien d’Occidentaux sont-ils obligés par les textes à demander une nationalité d’un pays africain pour occuper des postes décents et bénéficier de certains avantages ?

-« Vous parlez sans savoir qu’on peut aussi tirer avantage de la mondialisation des images ! Je suggère, moi, Henry Bendelo, comme journaliste et ministre que je fus, de créer plusieurs équipes de reporters et d’explorateurs africains et de les envoyer en France. Un groupe irait au Panthéon déterrer les corps illustres qui y sont enterrés, afin qu’on les soumette à nos sorciers et qu’ils disent la vraie vérité sur ce qu’ils étaient. Ensuite, il faudra faire des reportages pour voir comment la Civilisation parque et traite ses Anciens -ce sera un régal- ! Il ne faudra pas oublier de faire des reportages sur la nouvelle puissance électorale sexuelle, les homosexuels et leurs nouveaux droits qu’ils veulent universels. »

-« Désolé les amis, il faut que nous arrêtions aujourd’hui ici ce forum, je sais, cher Pape Benoît, que tu demandes la parole depuis un moment, tu l’auras la semaine prochaine, ainsi que toi, cher Sarko ; tu crois que les Africains t’ont encore jeté un sort, un « grimba » qui te cause encore de problèmes de ménage. Comme il faut faire une bonne action, même à ceux qui ne vous aiment pas, voici un message des Africains pour toi : « Laisse tomber l’idée de faire défiler pour ton 14 juillet aux Champs Elysées les soldats africains et leurs chefs d’Etats ! Car, quand l’Afrique avait, avec Leclerc et les autres délivré la France et Paris, les dirigeants du temps, qui ne sont pas d’ailleurs tes ancêtres, ont empêché tous les soldats noirs africains et américains d’entrer et de défiler dans Paris. Pour ta paix intime, je te conseille de craindre ces puissances africaines ! ».

Ekilafrica.com

François Zo’omevele Effa
Journalducameroun.com)/n