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Les aventures de Faka Bilumba N°20, la chronique de François Zo’omevele Effa

"Je dis donc simplement que ma mission consiste à vous révéler les choses profondément vraies" Le saviez-vous ? Il existe…

« Je dis donc simplement que ma mission consiste à vous révéler les choses profondément vraies »

Le saviez-vous ? Il existe un monde invisible : celui de l’intelligibilité. Pour le monde du sensible dans lequel les prétendues connaissances modernes et contemporaines contribuent à vous fermer au spirituel, à l’essentiel, beaucoup de choses et d’événements que l’on croit savoir, connaître ou maîtriser, échappent à l’entendement.

Faisons simple, soyons-le aussi. Je suis là, moi, Faka Bilumba, pour pallier cela. Socrate avait essayé de son temps de le vulgariser par le mythe de la caverne, et bien d’autres aussi, à l’instar de Descartes, dont je ne citerai pas le « cogito ergo sum ». Je dis donc simplement que ma mission consiste à vous révéler les choses profondément vraies, et les non-dits, parce que je rencontre des personnalités de l’au-delà, du présent et de l’avenir ! Je côtoie les concepts d’antan, contemporains et à exister pour les privilégiés que vous êtes, chers lecteurs.

– « Et tu nous tutoies tous, comme moi, Ahidjo, que mes détracteurs surnommaient « Barbatoura le Bituré ». Mettons une fois pour toutes les choses au point. Je n’ai jamais réellement été le « Père de la Nation » camerounaise, je ne l’ai jamais dit. Ce sont mes « griots », mes courtisans flatteurs et conseillers toxiques qui m’ont affublé de tous ces superlatifs, faisant de moi un « Son Excellence le Président ». Vous le savez, je n’avais pas été très loin à l’école, et ce que Mongo Beti disait de moi dans « Main basse sur le Cameroun » est vrai. Ne sachant pas résoudre une équation, même du premier degré, car ne l’ayant pas appris, il m’était difficile d’avoir une vision pour ce pays. Quand je déclarai aux Nations Unies que le Cameroun n’était pas encore mûr pour l’indépendance, on me l’avait soufflé, comme d’ailleurs tous mes discours dont -je vous l’avoue- je ne comprenais pas tout ! Vous me direz, mon successeur, bien que bardé de diplômes, ne fait pas souvent mieux ! Il a été mon « bon élève », donc un béni-oui-oui ; c’est d’ailleurs pourquoi je lui ai confié ma succession, qu’il ne veut d’ailleurs plus quitter ! ».

– « Tu as été le premier à contribuer à la déformation de l’histoire de ton pays. Moi, le Grand Général, j’ai combattu pour la Résistance à Londres et à Brazzaville par des appels au secours, pour aider la France à se débarrasser de son colonisateur, l’Allemagne fasciste ; je n’aurais jamais permis qu’on associât à notre indépendance retrouvée à la fin de la deuxième guerre le nom de Pétain qui était à l’ennemi. Nous vous avons et continuons à vous dominer, à vous exploiter, et vous, par vos Pétains africains, vous continuez à être nos bons élèves, comme le meilleur élève de Mitterand, comme les dynasties présidentielles des Bongo, des Kabila, celles du Togo et bientôt sans doute du Sénégal ! ».

– « Tu as beau rôle avec les tiens de traiter l’Allemagne de fasciste parce qu’elle vous a colonisés pendant cinq ans ! Alors, votre colonisation n’était-elle pas du fascisme ? Comment traitiez-vous les indigènes de vos colonies ? Les considériez-vous comme des hommes à part entière ? Vous aviez là-bas vos maisons à part, vos écoles à part, vos hôpitaux à part ; on formait des médecins que vous appeliez « médecins africains », je le sais, puisque moi, le Docteur Moumié, j’en étais un ! Mais aujourd’hui, cet apartheid continue. En Afrique, cinquante ans après les prétendues indépendances, vous vivez toujours comme du temps colonial, sans vous mélanger à la populace. Il y a des écoles spéciales pour vos enfants, vos salaires sont toujours plus élevés que ceux des autochtones pour un même travail ! Et ces Chinois que vous dénoncez comme envahisseurs !… Eux, au moins, ce faisant, vendent et mangent les mêmes beignets que les autochtones, les articles qu’ils proposent sont à des prix accessibles à la réalité économique locale. »

– « Je croyais que tu allais parler de ton assassinat, Docteur Moumié ! Ca fait cinquante ans aussi que deux assassinats, organisés par la France, se sont honteusement produits : le tien à Genève, par un espion français, et celui de Ruben Um Nyobé au Cameroun par l’armée coloniale française. Alors, toi, Ahidjo, qui as exigé ma tête -qu’on t’a rapportée sur un plateau, ma tête coupée, bien sûr-, pour te rafraîchir la mémoire ainsi qu’à tes bourreaux, sache que je m’appelle Ossendi Afana ! Oui, toi, Ahidjo, il faut que l’Histoire, la vraie, te mette à ta vraie place ainsi que tes bourreaux. Je vois aujourd’hui à la télé des images de certaines figures de l’histoire de l’indépendance ! Quand est-ce que tes successeurs raconteront comment tu as fait exécuter la bande à Ernest Ouandié ! Ils avaient, prétendais-tu, ourdi un complot contre toi. Tu les as assassinés, et proclamé la fin de leur parti… et tu as officiellement maintenu la dictature de ton parti unique, l’U. N. C.. Ce n’est pas très glorieux pour toi, mais c’est l’histoire de ton pays. Tu as voulu faire oublier tout cela en ne faisant plus du 1er janvier 1960, date de l’Indépendance, une fête nationale, mais tu as pris le 20 mai, ta date… ».

– « Et moi je vous dis que mon invitation à Paris pour le 14 juillet reste valable. Vos armées viendront, vous dont la monnaie, le franc C. F. A., est tout un symbole : Colonies Françaises d’Afrique. Vos armées viendront défiler aux Champs-Elysées, vêtues des tenues que nous leur fabriquons et que nous leur vendons depuis plus de cinquante ans, armés de ces armes, nos armes, qui servent à vos génocides, vos guerres fratricides et tribales et coups d’états qui font que « vous ne soyez pas entrés dans l’histoire ». De quoi vous plaignez-vous ? Je ne suis pas allé à vos célébrations africaines, j’ai envoyé des ministres, mais gare à celui des chefs d’états C. F. A. qui ne sera pas présent à mon appel le 14 juillet prochain. Ce jour-là, je pourrai me gausser de vous. Comme d’habitude, il n’y aura aucune réaction : Sankara, tu ne pourras plus faire le coup que tu avais fait à Mitterand lors d’un sommet de la Françafrique. »

Et moi je te dis, cher Sarko, qu’Obama t’enjoint de faire attention. Il paraît que les problèmes de pollution pétrolière qu’il connaît avec B.P., tu les rencontres régulièrement, toi, dans l’Océan Atlantique, en Afrique, avec Total, et que tu n’en parles pas. D’ailleurs, la semaine prochaine, j’essaierai d’éviter tous ces pugilats et joutes africains à propos d’indépendance, et si vous avez, chers lecteurs, des sujets sur lesquels vous aimeriez entendre s’exprimer les vivants, les ayant-vécu et ceux du devenir, dites-le moi !

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François Zo’omevele Effa
Journalducameroun.com)/n