« Il faut que je vous dise que ça chauffe dans les palais présidentiels du Tiers Monde. Depuis Ben Ali, son exil et sa révolution… »
C’est la Fête de la Jeunesse. Depuis des décennies, chaque 11 février, et surtout la semaine qui précède cette date, les jeunes sont censés faire la fête. On entend, dans une cour d’école, le chant poussif des élèves qui se préparent à la grande parade ; elle aura lieu à la Place de l’Indépendance, et ils passeront, au pas, en chantant :
« Les écoliers laborieux
vont avec joie à leur ouvrage
Mais les élèves sans courage
partent des larmes dans les yeux.
Allons, allons ! Il faut faire silence,
Les jeux sont finis,
Mes petits amis,
Voilà le Maître qui s’avance.
Sans perdre de temps,
Mettons-nous en rang ! »
Couché dans son palais doré, lassé du protocole cérémonieux, des réceptions, du tralala diplomatique, le Chef d’Etat écoutait avec attention cette chanson des « écoliers laborieux ». Il se rappelait du temps où il était lui-même écolier, et se demandait s’il n’avait jamais cessé d’être un écolier dans sa vie. En effet, après toutes ses études, au bout desquelles on l’appelait « le bardé de diplômes », il avait toujours été à une certaine école. Il se souvenait qu’une trentaine d’années auparavant, alors qu’il effectuait ses premières visites en tant que chef d’état, il avait déclaré sur le perron de l’Elysée : « Je suis le meilleur élève de Mitterrand ».
Il n’y a que moi, Faka Bilumba, qui soit capable d’entrer dans la tête et le c ur de ce chef d’état et de vous raconter, comme je le fais à présent, ses pensées profondes et très intimes.
« Je suis un écolier très laborieux ;
Mais je n’ai plus le courage d’aller avec joie à l’ouvrage.
Je suis cet écolier très suspicieux,
J’ai peur de la contagion, j’ai peur de la révolution, à mon âge,
Je me demande s’il faut que je me représente
A mon âge, j’ai peur de l’exil. Je ne crois plus aux mirages,
Oui, les jeux sont finis. Notre Maître nous lâche,
Il nous tourne le dos, il crie sans relâche
Qu’il ne s’ingère pas, qu’il ne s’ingère plus,
Dans les affaires africaines, on ne le reprendra plus ! »
Il faut que je vous dise que ça chauffe dans les palais présidentiels du Tiers Monde. Depuis Ben Ali, son exil et sa révolution qui se propage, la peur a changé de camp, on tremble dans les hauts lieux. Chaque jour apporte son lot de révélations, l’Empereur et ses vassaux ne sont plus sûrs des lendemains.
« Non, je ne vous renierai pas, parole de Sarko, je ne vous renierai jamais. Ne me comparez pas à l’apôtre Pierre, car, même sous la torture, je ne renoncerai jamais à tous mes avantages africains : des millions pour ma campagne électorale qui approche, l’uranium pour mes centrales nucléaires, mon énergie atomique et tout le tralala, mais surtout, je vais continuer à ma façon, chers frères et amis, Présidents africains, à vous aimer et à vous aider. Cependant, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Ce n’est pas parce que je ne tiens pas aux promesses de mes menaces que je suis devenu laxiste. J’avais donné trois jours à Gbagbo pour quitter le pouvoir, afin d’installer mon Ouattara, mais les choses n’ont toujours pas changé. Il y a quelques jours, j’ai promis à mes frères juifs, lors de mon allocution au C.R.I.F.que j’allais dorénavant garder ma dignité en en m’ingérant plus dans les affaires africaines. »
« Il faut dire que tu as du culot, et que rien ne te fait peur dans tes différentes déclarations. Puisque tu es entré en campagne électorale, on verra si tu iras aussi manger et faire des allocutions et des promesses avec le C.R.A.N.. Là-bas, on attend que tu salues le printemps des peuples noirs, comme tu viens de saluer celui des peuples arabes. On attend que tu salues la révolution ivoirienne, la révolution gabonaise et que tu amorces vraiment la Rupture avec la Françafrique, que tu avais promises lors de ta précédente campagne présidentielle. Moi, Aimé Césaire, je suis persuadé qu’il n’en sera rien. Je suis persuadé que tu ne pourras même pas faire planer une minute de rêve sur ces peuples noirs, à la manière du grand Général de Gaulle, fondateur de la Francophonie. »
« Je vais prendre la parole pour la première fois, Monsieur Faka Bilumba, car j’ai une mise au point à faire. Je suis Dominique Strauss-Kahn et, en ma qualité de Chef du Fonds Monétaire International, je sais que les Africains ne m’aiment pas beaucoup. Ce n’est pas moi en tant que tel, mais c’est l’institution que je dirige. Le F.M.I. a effectivement ruiné ce continent en imposant des mesures draconiennes à ces pauvres gouvernements que notre système a endettés. Nous avons, par ce biais, racheté -que dis-je !- nous avons bradé toutes les grandes entreprises de transport, d’eau, d’électricité, toutes les banques, bref, nous avons pillé de nouveau ce continent. J’ai deux alternatives : me représenter pour un nouveau mandat au F.M.I. et continuer à torturer économiquement les Africains, ou me présenter à l’élection présidentielle française, et continuer la Françafrique ou la cesser. Dans les deux cas, je n’ai aucune crédibilité aux yeux des Africains, pour lesquels je serai toujours ce bourreau financier. Alors, la déclaration de mon épouse pendant le sommet de Dakar, semble ambiguë. »
« Si tu deviens le nouveau Manitou, le Maître des Chefs d’Etats de la Francophonie africaine, ce sera blanc bonnet et bonnet blanc. Ton illustre prédécesseur, François Mitterrand, malgré son discours de La Baule, n’a rien changé aux relations paternalistes que la France entretient avec l’Afrique. J’en sais quelque chose, car je l’ai défié, moi, Thomas Sankara, lors d’une des rencontres de la Françafrique, qui est restée dans les annales. Ceci n’a pas empêché Tonton de faire de son fils « Papa m’a dit » son « Monsieur Afrique ». D’ailleurs, le Président, qui chante à sa façon « ces écoliers laborieux », doit penser, comme l’ont pensé beaucoup de ses collègues, qu’être bon élève de Mitterrand était de suivre son exemple, en mettant à la tête de l’Etat leur fils ; demandez à Eyadéma, à Kabila, à Bongo, même si Wade est un peu découragé par la tournure des événements… »
On vous a dit, chers amis, que c’est la catastrophe dans le gouvernement de Sarko. Le Premier Ministre et le Ministre des Affaires Etrangères sont en « DIFFICILITE » avec leurs histoires de voyages en avion compromettants. Ben Ali, Moubarak, et qui demain ? Ce qui est certain, c’est que le peuple africain n’a pas besoin de révélation du Canard Enchaîné pour savoir que presque tous les grands dirigeants français se servent gratuitement, pèle mêle, comme dirait la jeunesse africaine. La question reste, celle qu’on n’ose pas poser, pourquoi le financement des campagnes électorales présidentielles françaises ne fait l’objet d’aucun scandale ? Voilà une bonne idée pour les juges français qui ont envie ces derniers temps de faire la peau à leur Président de la République. On en parle la semaine prochaine, car en ce moment, Sarko est en train de s’expliquer avec neuf de ses compatriotes, à la télévision.
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