« Pourquoi en si peu de temps les choses changent à la vitesse grand V? »
Pourquoi en si peu de temps les choses changent à la vitesse grand V ? Pourquoi et comment arrive-t-on à perdre ses repères ? C’est à ces questions casse-tête et sans réponse qu’étaient soumises les cellules de crise des grands palais des « dictatures démocratiques », mais aussi de la grande centrale de la Françafrique. Nul ne sait à quel saint se vouer. Alors, se tient encore, en secret, le Sommet du Désespoir.
« C’est moi, Kadhafi, qui prends la parole cette fois, pour légitimer mon arrogance, mon attitude hautaine et mes positions qui vous ont toujours semblé bizarres. Mon régime de terreur, je l’ai porté au paroxysme afin d’asseoir ma Révolution verte. Là où j’ai fait fort, c’est que j’ai terrorisé jusqu’à l’Occident. C’était pour moi la seule façon de traiter d’égal à égal avec eux. Quand on fait le bilan aujourd’hui, je ne suis pas plus terroriste que ce président américain qui a déclenché la guerre en Irak sur des bases mensongères : des armes chimiques et massivement destructives qui n’ont jamais existé ! Alors, vous parlez de me traduire devant le Tribunal International, essayez ! Je vais faire citer comme témoins mes complices. Mes complices sont ceux qui me vendaient les armes qui servent à ma répression, ceux qui m’ont vendu ces avions et hélicoptères avec lesquels je terrorise et achève mes opposants. Mes complices sont ceux qui ont formé mes militaires, bref tous ceux qui ont soutenu de près ou de loin mon régime. »
« C’est vrai tout ce que tu racontes, Kadhafi, c’est vrai que tu restes le doyen en matière de longévité présidentielle. Mais ce que nos perfides amis occidentaux présentaient jadis comme un signe de sagesse africaine est devenu la principale caractéristique d’un pouvoir dictatorial. Il ne fait pas bon être un « sage africain », un doyen et, même pour les jeunes, il ne fait pas bon être « le fils de »… Donc, mon cher, mets la pédale un peu douce dans tes discours fleuves. Nous négocions très serré pour que nos biens ne soient pas gelés. Notre faux ami Sarko n’a que ce mot à la bouche. En plus, il ne se contente pas de geler nos avions chez lui en France, mais il propose à tous les Européens de le faire. Alors, moi, Barthélémy, qui suis dans le collimateur d’un certain CODE (1), je te demande de faire pression. Tu as l’habitude de faire chanter l’Occident avec les « infirmières bulagres » et autres otages ! Fais donc valoir nos droits dictatoriaux! ».
« Ça ne marchera pas, c’est moi, Mobutu, qui reviens obstinément de l’au-delà pour vous citer l’exemple de mes biens gelés en Suisse. Depuis que je suis ici, au pays du grand repos, je ne l’ai pas, ce repos, dans mon âme. J’ai été floué par les banques occidentales et leurs pouvoirs qui ont confisqué mes biens. On ne parle que de la Suisse, où j’ai déposé, il est vrai, des milliards de dollars. Je soutiens Kadhafi quand il parle de traduire tous les malfaiteurs au Tribunal International : la Suisse et les autres sont des recéleurs. Ils sont complices pour avoir gardé et utilisé nos biens mal acquis. Celui qui s’approprie le fruit d’un vol est un voleur, celui qui arme un régime dictatorial est un dictateur. Donc, ne regardez pas uniquement aux républiques bananières et pétrolières pour trouver des dictateurs ! ».
« Je vous vois venir, les fossoyeurs de la Françafrique. Je vais moi, Sarko, appeler mon Zemmour au secours pour asséner à sa façon des coups de gueule racistes aux Noirs et aux Arabes. Et si ça ne suffit pas, je ferai appel à Finkielkraut ! Quand comprendrez-vous, pauvres laquais, que vous n’existez que par nous et pour nous. Il est normal qu’ayant été choisis pour être à notre botte, vous fassiez ce que nos intérêts occidentaux vous commandent. Regardez ce que nous avons dans le temps fait subir à Lumumba, à Sankara, à Sékou Touré et, en ce moment même, à Laurent Gbagbo. Essayez donc de vous tourner vers les Chinois, et nous allons vous retirer la langue française ! »
« Tu dois vraiment être aux abois, Sarko, pour penser et dire de telles inepties ! Cela, il est vrai, est dans tes gènes, mais ouvre les yeux ! Ce sont les Africains qui maintenant te tiennent. Ta langue française, que tu ne sais d’ailleurs pas bien parler, elle est encore vivante, grâce à l’Afrique. Le français, sache-le, est devenu une langue essentiellement africaine. Tu devrais plutôt réfléchir à de nouveaux accords de coopération économique avec ce continent, car ta Françafrique est foutue. Tu viens d’envoyer deux de tes ministres en Tunisie pour reprendre et maintenir tes avantages là-bas. Est-ce que tu vas faire la même chose en Egypte et en Libye…? Pourtant tu te conduis toujours avec la même arrogance coloniale en Côte d’Ivoire. Pourquoi les banques françaises ont-elles fait un hold-up là-bas en fermant sans crier gare, confisquant ainsi tout l’argent des Ivoiriens ? Moi, Senghor, je te le dis, fais très attention, car ta politique africaine va te coûter ton futur mandat présidentiel ! »
« Il serait temps qu’il ouvre les yeux ! Moi, Rama Yade, j’avais décrié cette politique ! J’avais osé dénoncer les tapis rouges qu’on déroulait à Kadhafi ici à Paris, sans oublier sa tente de Bédouin qu’il était autorisé à planter alors que, dans le même temps, on interdisait l’édification de minarets dans les quelques mosquées en construction. Je me demande jusqu’où nous allons être complices des dictateurs. Notre diplomatie nous fait honte mondialement avec Kouchner, cet ancien guerroyeur du Biafra qui a supprimé « mon secrétariat aux droits de l’homme » et « MAM », la complice des dictateurs tunisiens ! ».
« Que votre esprit ne se trouble pas » -disait le Messie- (.) « Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père… » Ça, c’est le fils de Dieu qui l’a dit. Et vous avez cru que De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterand et les autres étaient des dieux ! Maintenant, on vous laisse tomber, pauvres dictateurs. Plus personne ne veut vous accueillir quand les peuples vous vomissent ! Tout le monde est aux abois, et à qui le prochain tour ? Je n’ai jamais autant rigolé en regardant la conférence de presse du doungourou chef griot -le Ministre camer de la Communication- ! Non, celui-là, il se moque de son patron, le comparant à une mangue mûre. Pauvre ami, beaucoup ont compris que ta mangue mûre va bientôt tomber et pourrir. Tu as même poussé le bouchon si loin que tu as affirmé que c’est à 92 ans que Barthélémy sera plus sage que jamais. En fait, tu es le seul à croire que vous vivrez encore au moment où votre pays connaîtra son émergence, en 2035 ! Moi, Monseigneur Ndogmo, je te le répéterai, et tu verras. »
Et moi, Faka Bilumba, je vous dis que ça crie partout comme dans « Le Cid » de Corneille : à la rage, au désespoir, à la trop grande longévité au pouvoir fatale… Ça crie à la trahison, à la raison économique du plus fort toujours la meilleure ; et beaucoup aimeraient contempler ce moment crépusculaire des derniers jours de leur règne, des derniers jours de la Françafrique. Hélas…
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