« Oui, comme Marine, je demanderais aussi à tous les Blancs qui sont chez nous, en Afrique, de rentrer chez eux… »
J’ai été assailli, moi, Faka, par une multitude de « sans voix ». Elle me reprochait de ne jamais leur donner la parole, alors que c’étaient les mêmes, les plus grands, les plus connus, qu’on écoutait toujours et qui nous débitaient toujours les mêmes rengaines. Aussi, me suis-je invité dans des lieux insolites, des réunions informelles. J’ai assisté à des scènes, j’ai entendu des choses… Voici quelques aperçus.
Dans l’un des centres de rétention administrative, ces prisons qui sont censées ne pas en être, là où on place en France des étrangers en situation irrégulière en attendant leur expulsion ou pas, j’ai assisté aux entretiens, aux causeries que voici :
« Je suis Konaté, mes amis. C’est la troisième fois qu’on m’envoie ici. Vous savez, le meilleur moyen de ne pas se faire expulser, c’est de se faire caca dessus. Oui, vous m’avez bien compris. Il faut se mettre de côté une bonne purée de piment et ne pas hésiter à l’ajouter plein pot à son repas de la veille. C’est comme ça qu’on se prépare une bonne diarrhée carabinée. Quand on vous embarquera de force dans l’avion pour votre expulsion, qu’on vous aura scotché la bouche, menotté, c’est le moment de déféquer en vous débattant. Les policiers seront tellement éc urésl qu’ils ne pourront plus vous y faire monter de force. Vous sentirez tellement mauvais que personne ne voudra de vous dans l’avion. Votre expulsion sera administrativement annulée, et votre temps de rétention légale dépassé. On vous remettra en liberté, faisant de vous un « ni… ni… », ce qui signifie ni régularisable, ni expulsable. »
« Oui, Konaté, c’est peut-être efficace, mais c’est désespérant d’en arriver là. Moi, Moussa, je propose que nous nous cotisions pour faire venir un marabout, comme dans le film « Black Mic Mac » avec Isaac de Bankolé. Mais il nous faudra un marabout vrai vrai, et très puissant.
Ce marabout va faire ouvrir les yeux aux hommes politiques d’ici et de nos pays. Parce que, pour nous traiter de la sorte et oublier que, même étant des « sans-papiers », comme ils disent, nous sommes d’abord des êtres humains, et, dans la Déclaration des Droits de l’Homme… »
« Arrête de rêver, les droits de l’homme sont les droits de l’homme blanc, c’est bon de le préciser ! Tu parles, Moussa, de marabouter les autorités de la Françafrique. Est-ce que c’est dans les droits de l’homme, ça ? Ta polygamie n’est pas dans les droits de l’homme, mais tu peux, avec l’homosexualité et la prostitution, demander un droit d’asile politique. Ça, c’est les droits de l’homme. Tu as le droit d’être esclavagisé, re-re-re-colonisé, injurié, méprisé, exploité, discriminé, et surtout ne te plains pas. Dès que tu le fais, on te sort le grand truc : LA VICTIMISATION ! Je ne dirai pas mon vrai nom, mais je suis une vedette du football français, je suis venu ici, au centre de rétention, voir un parent qui est sur le point d’être expulsé. Vous entendez parler de cette question de quota à l’équipe de France de football et dans les centres de formation ! Ce n’est tout de même pas croyable dans ce pays qui était, paraît-il « terre d’accueil » et référent pour les Droits de l’Homme ! Quand les Arabes et les Noirs sont appelés en renfort pour combattre les Allemands qui ont envahi et colonisent la France, on trouve ça normal, même s’ils sont affublés du fameux sobriquet de « travailleurs sénégalais ». Je crois que trop, c’est trop. Pourquoi ne pas instituer un véritable système d’apartheid comme dans le temps en Afrique du Sud, ou en Amérique avec leur ségrégation raciale ? Le coup du scandale de la dernière coupe du monde en Afrique du Sud est révélateur. D’abord, on ne veut pas des vuvuzelas, ces sauvages trompettes zoulous, ensuite, on fait toute une histoire à propos des footballeurs qui auraient fait la grève de l’entrainement, comme s’ils n’avaient pas un droit de grève ! La vraie raison est que les meneurs étaient des « Blacks », Evra, et le banni, des nègres qui ne marquaient plus de buts mais voulaient faire les grandes gueules. Remarquez que, dans le même temps, la direction de cette même équipe de France refusait, oui, osait refuser, à son ministre du Sport, Rama Yade, de voir les joueurs. Pas grave, Rama Yade n’était que secrétaire d’état et négresse, ça ne saurait choquer qui que ce soit !
[C ] BREF, NI LE COACH BLANC, NI LES AUTRES AUX PROPOS ODIEUX NE SERONT PUNIS. CE QU’ILS DEVRAIENT FAIRE, CES SPORTIFS QU’ON APPELLE « DE COULEUR », C’EST DE FAIRE GREVE PENDANT UNE SEMAINE LORS DES CHAMPIONNATS DE FOOT, DE HANDBALL, D’ATHLETISME, DE TENNIS, OUI, DE FAIRE GREVE ET EXIGER DES EXCUSES ET DES SANCTIONS, ET DES DEMISSIONS… »[/C]
« Et moi, Jeanne, fille de la forêt équatoriale, je vous dis que, si j’étais présidente de mon pays, ou de l’Afrique, je ferais comme la fille de Le Pen. Oui, comme Marine, je demanderais aussi à tous les Blancs qui sont chez nous, en Afrique, de rentrer chez eux. On verra qui va souffrir le plus. Comme ça, ils nous laissent nos pétrole, or, diamant, uranium, cobalt, bref, toutes nos matières premières, tranquilles. Dans mon village, je peux continuer à vivre sans un seul apport des gadgets occidentaux. Je m’en fous des téléphones portables et de toutes ces choses qui ne me servent à rien. »
« Toi aussi, Jeanne, ne sois pas si amère ! Ce n’est pas parce que tu ne pourras plus exercer ton plus vieux métier du monde au bois de Vincennes que tu dois voir tout en noir ! Les trois villas que tu as construites en bord de mer chez toi, les terrains de tennis et les saunas à côté, comment tu vas continuer à entretenir tout ça si tu fais comme la fille de Le Pen ? En tout cas, c’est elle que tout le monde veut imiter ici, surtout les politiciens de droite qui nous jettent déjà en pâture à une opinion publique raciste parce que les campagnes électorales ont commencé. Je suis Amina Junior, la tantouse Mulhousienne officielle. Je n’ai pas envie d’être expulsé(e) car on va me lyncher à l’aéroport du pays, d’autant plus que je n’ai sur moi qu’une tenue féminine. Je compte sur les politiques ici, surtout ceux qui sont mes clients, sinon je les dénoncerai, et ça fera mal. »
Il est temps de quitter les « sans-voix » du centre de rétention de Geispolsheim, à côté de Strasbourg. Quant à vous qui nous lisez, devenez vous aussi leur porte-parole en faisant passer l’info. Merci de votre civilité.
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