Moi, je suis marmiton au palais d’Etoundi, chez Barthélémy. Ici, c’est surtout la patronne qui règne.
« Cher Faka, tu avais, la semaine dernière, donné la parole aux anonymes et sans voix, et tu demandais à la fin de ta dernière chronique de réagir. Nous sommes une bande d’anonymes, importants quelque part, mais complètement sans voix, c’est honteux. Nous avons les vraies infos, nous sommes à la source, car nous faisons partie des « meubles » des palais présidentiels, des cours royales, des assemblées et sénats, bref, nous sommes les invisibles, et parfois insignifiants -chauffeurs, femmes et hommes de ménage, d’entretien, cuisiniers, petit personnel qui sait tout car assistant à tout.
Nous savons, Faka Bilumba, que ton omniprésence et ta transcendance te permettent d’être au fait de plusieurs choses, mais laisse-nous donner les vraies versions des divers kongossas sur l’actualité internationale. »
« C’est vrai, à propos de cette jeune femme africaine qui aurait été sexuellement agressée par D.S.K., on dirait qu’elle n’a pas de nom, ou de prénom. Cette Diallo qui nous a été présentée comme Ghanéenne, ensuite comme Sénégalaise, et qui serait finalement Guinéenne ! Ce n’est pas étonnant, ce mépris qui ne date pas d’aujourd’hui. Souvenez-vous, tous les soldats africains étaient des « tirailleurs sénégalais ». Lorsque Clinton avait eu des problèmes avec sa stagiaire, elle avait, elle, un prénom, un nom, par lesquels le scandale était identifié. Mais, en l’occurrence, c’est, pour les journalistes occidentaux, « une femme de chambre » -prêtez bien l’oreille à leurs commentaires et analyse-. En tout cas, en tant que Présidente des Femmes de chambre et de ménage africaines en Occident, je porte à la connaissance de l’opinion internationale le mépris qui nous est voué. Je vais, moi, vous expliquer les vraies choses. Pour beaucoup d’Occidentaux, nous représentons « leurs choses sexuelles », et ça ne date pas d’aujourd’hui. Pendant l’esclavage, que de viols jamais punis ! Nous étions considérées comme les meubles, les choses, les propriétés de nos maîtres. C’était le Code Nègre. Puis est arrivée la colonisation. Regardez et comptez tous ces métis nés de viols ! Les cuisiniers, femmes de chambres et de ménage, nurses, passaient à la casserole, et qui aurait un seul instant pu imaginer qu’on puisse porter plainte contre son patron blanc ? Combien d’esclaves sexuelles sont de nos jours encore sous le joug de diplomates occidentaux et hauts fonctionnaires internationaux ? »
« Laisse-nous parler aussi, je sais des choses, les vraies choses, car je suis « l’éboueur malien » de l’Elysée. Quand je vais ramasser et vider mes ordures, personne ne fait attention à moi, et j’en sais des choses ! Je ne sais pas si c’est mon patron Sarko qui a envoyé des gens pour donner beaucoup d’argent à cette fille peuhl pour aller séduire D.S.K., mais je sais que, depuis plus d’un mois, on ne parle ici que de le compromettre. Il y a eu l’histoire de la grosse bagnole, cette Porsche, puis de ses costards à 30 000 euros, et, maintenant, ce maraboutage ! »
« Comment ça maraboutage ? Parce que tu crois aussi à cette histoire de maraboutages africains sur les responsables des institutions qui ruinent l’Afrique ? Je suis là pour confirmer que j’ai entendu de mes propres oreilles le président des marabouts et sorciers africains promettre une terrible fin à tous les responsables des institutions qui la ruinent. Strauss-Kahn ferait les frais de l’institution qu’il dirigeait, car il vient de démissionner de son F.M.I.. Et, comme le front monétaire international est le fossoyeur des économies africaines, voilà qu’il paie le tribut des forfaits de son institution. Ils n’ont encore rien vu, car il va arriver pire encore à tous ceux qui ruinent, blessent ou injurient l’Afrique. Je pense au successeur de D.S.K., au responsable de la Banque Mondiale, aux gouverneurs des colonies françaises de la Centrafrique, à leur chef, Sarko ; s’ils sont un peu intelligents, qu’ils fuient tous, parole de premier apprenti en maraboutage ! »
« Moi, je tiens des news du palais de Kadhafi. Evidemment, je ne vous dirai pas lequel, il y va de ma sécurité, j’y travaille dans l’ombre, je suis un eunuque de son harem. Voici deux mois que l’OTAN -je dois dire la France et l’Angleterre- bombardent le pays. C’est un vrai carnage, et force est de constater que mon patron, Khadafi, résiste et même qu’il est loin d’être vaincu. Je l’ai vu ce matin rigoler et se moquer d’Obama : oui, ce dernier veut proposer son « plan Marshall » aux pays arabes. Bientôt, tant qu’il y est, il va leur proposer un « Islam à la sauce démocratique occidentale ! ». Tout le monde se demande ici quand la répression de la Syrie par les Forces internationales, l’OTAN en particulier, va commencer. Nous, nous rigolons car c’est un brasier qu’ils n’osent pas allumer, avec le Liban, l’Irak et… Israël ! »
« Vous êtes aussi lourds que vos patrons, ma parole ! Moi, je suis marmiton au palais d’Etoundi, chez Barthélémy. Ici, c’est surtout la patronne qui règne. Elle était en train de faire des histoires avec son homme, lui reprochant de ne pas être à la hauteur de son prédécesseur, Birax Barbatoura Ahidjo. Il avait choisi les dates d’anniversaire de ses femmes et enfants pour en faire des fêtes nationales, comme le 20 mai ou le 11 février. Il semble qu’on va annoncer bientôt comme coiffure officielle de toutes les Camerounaises la « choucroute » de la Première Dame. Alors, de la même façon qu’il est interdit aux femmes dans ce pays de se présenter dans une administration en string, en mini-jupe ou en pantalon, il sera exigé, même des femmes des Seigneurs de la terre, d’arborer la coiffure présidentielle ! »
« Et moi je vous dis qu’on n’a pas besoin de faire partie du petit personnel de l’Elysée pour voir que tout est fait pour que Sarko soit de nouveau élu. Des ministres qui font comme au Front National afin de prendre des voix au parti fascisant, des bébé de circonstance qui adoucissent l’image du couple candidat, un film à la gloire de Sarko au Festival de Cannes ! Mais tout cela est terni par cette histoire de D.S.K. qui pourrait bien en révéler d’autres. Gare à ceux qui ne résistent pas aux belles Africaines ! »
