«Et que dire de ce bon vieux Chirac, pour qui ces Africains, qui n’étaient pas encore mûrs pour la démocratie, sentaient très mauvais et faisaient trop de bruit?»
Et maintenant qu’il n’y a plus le moindre doute sur les velléités conquérantes, dominantes et subordonnantes des faiseurs de lois et d’opinion du « monde », que vont faire les « soumis » ? Ils sont pourtant majoritaires, ces sous-développés, autrefois qualifiés de sauvages, de barbares, et les « civilisés » continuent de penser très fort qu’ils sont toujours des primitifs. Et quand,
« Autrefois vivant dans la barbarie,
Comme un soleil, ils commencent à paraître,
Peu à peu sortant de leur sauvagerie »
On les qualifie d’évolués, d’émergents…
Voilà ce que pensait fort Akumamba, le génie de la pensée bantou. Il le pensait si fort que moi, Faka Bilumba, avec mes pouvoirs extra-sensoriels, je n’ai pas pu m’empêcher de décrypter tout cela pour vous, chers internautes, chers lecteurs. Il se tient comme cela, dans le monde de l’intelligibilité, des sommets dans lesquels s’unissent, dans la pensée et pour la pensée, les dinausores créateurs des civilisations fondamentales du monde, du vrai monde. Ces maîtres à penser analysent les situations contemporaines. Voici pour vous un aperçu de l’une de leurs dernières réunions.
« Réveillons par tous les moyens la conscience des humains ; elle est engourdie par cette drogue intellectuelle qui se prénomme «la pensée unique ». Est-ce que toi, Martin Luther King, tu n’y serais pas pour quelque chose dans ton rêve d’un monde idéal de non violence et d’égalité ?! Moi, Kennedy John qui te parle, je suis comme toi victime d’assassinat car, prônez un once d’égalité, de liberté et de justice réelles et vous voilà zigouillés ! Ni toi, ni Lumumba, ni Chaka Zoulou, ni Martin Samba, Ruben Um Nyobé, Thomas Sankara, Steve Biko.. , la liste est longue, si longue que nul de vous ne peut me contredire ! »
« On n’est pas là pour un hommage aux martyrs, et je m’étonne que, pour le chrétien que tu es, tu oublies de mettre en premier Jésus-Christ sur cette liste ! Peut-être ne veux-tu pas mettre dans l’embarras ceux qui continuent à habiller leur civilisation de couleurs chrétiennes. Si hier encore, dans un certain obscurantisme soigneusement entretenu, ils ont, au nom de ce pauvre Christ -qui n’est pas de Bomba (1)- légitimé des absurdités :
â- l’esclavage des Nègres parce qu’ils n’avaient pas d’âme,
â- la colonisation, la conquête et le pillage de leurs territoires parce qu’il fallait pacifier ces peuples primitifs ;
â- la destruction de leurs valeurs culturelles, de leur médecine par le Prix Nobel de la Paix du « Grand Blanc de Lambaréné », Schweitzer.
aujourd’hui, ces absurdités continuent. C’est moi, Gandhi, qui vous le confirme. Regardez donc, cette même poignée de voleurs et de menteurs et d’usurpateurs ! Ils se veulent « le monde », « la communauté internationale », ils prétendent incarner les vraies valeurs de la démocratie ; au nom de cette dernière, ils proclament des choses fausses ! Des guerres « mondiales », qui ne sont que les leurs, des crises économiques « mondiales » qui n’ont rien à voir avec la plus grande partie du monde ! Non, ne rigolez pas, je ne sais pas ce que la prétendue « crise mondiale » de 1929 avait à voir avec l’Afrique, l’Inde ou l’Asie ! Voici qu’après avoir légitimé leur impérialisme par une éthique chrétienne censée fonder leurs valeurs, ils tuent Dieu, ils tuent leurs rois, et créent à la place leur démocratie et leur laïcité. »
« C’est sans doute vrai, je dirais même fondamentalement vrai, mais il ne faut pas verser dans l’exagération ! Moi, le Général De Gaulle, le référent en France de cette cinquième république, j’ai été précipité hors du pouvoir, même si, aujourd’hui, pour atteindre ce pouvoir en France, tous les présidentiables se revendiquent de moi, à part le Borgne et sa blonde Aryenne de fille.
Je reconnais avoir ouvert la brèche à ces infamies qui sont devenues monnaie courante aujourd’hui. J’ai établi, il est vrai, à travers la pseudo-indépendance de nos colonies, une continuité par le biais de la Françafrique, que la gauche et la droite aménagent allègrement chacune à sa façon quand elles sont aux affaires. La preuve, je défie François Hollande de proclamer dans son programme électoral qu’il va renoncer non pas au nucléaire mais à l’exploitation et à l’appauvrissement de notre vache-à-lait en matières premières, l’Afrique ! Qu’il ose, alors même ses inconditionnels ne voteront pas pour lui ! Sachez-le, ce qui unit tous les partis politiques français, c’est l’Afrique, car tous savent que notre survie vient de là-bas : l’or, l’argent, le pétrole, l’uranium, la main d’oeuvre gratos, nos sans-papiers, nos boucs émissaires, nos souffre-douleur, nos nègres, bons et mauvais, ce sont ces Africains du Nord et du Sud. »
« C’est vrai, mon Général, et moi, Sarko, je ne comprends pas pourquoi on m’en veut. Tu as ouvert le chemin, Giscard l’a continué avec son ami Bokassa et ses diamants, Mitterand a suivi leurs pas avec l’assassinat de Thomas Sankara, le génocide rwandais, et son fils « Papa-m’a-dit » aux affaires africaines ! Et que dire de ce bon vieux Chirac, pour qui ces Africains, qui n’étaient pas encore mûrs pour la démocratie, sentaient très mauvais et faisaient trop de bruit ? « …les bruits, les odeurs » !
Alors, quand, à ma prise de pouvoir, j’ai déclaré que les Africains n’étaient pas entrés dans l’histoire, c’est qu’il me fallait, pour le bien de mon règne sarkozyste, laisser ma griffe africaine, et je n’y suis pas allé de main morte. J’ai :
â- arraché à la justice tchadienne, comme je l’avais promis -quoi qu’ils aient fait-, ces aventuriers de L’Arche de Zoé, qui sont allés enlever des enfants là-bas. Je les ai sortis des prisons tchadiennes, ils sont impunis et libres ici et, d’ailleurs, ils emm… à haute voix le Tchad ;
â- j’ai destitué et puni Gbagbo et Kadhafi, j’ai eu mes guerres en Côte d’Ivoire et en Lybie, mes armées et mes armes pullulent là-bas ;
â- j’ai soutenu le fils de mon mentor Bongo, Ali Ben Bongo. N’ayant jamais gagné les élections présidentielles, j’ai continué comme mon prédécesseur à mettre en place le régime présidentiel africain de père en fils, comme au Togo, au Congo Démocratique et, bientôt, mon dernier coup d’état, au Sénégal.
Je mets en place avec B.H.L., ce philosophe qui sera à l’Afrique ce que Heidegger est au fascisme, une démocratie spéciale pour les musulmans. Mon ami Bernard Lévy est très fort pour cela et, si Faka Bilumba l’embête encore, B.H.L risque de publier avant le temps « Le Manifeste du nouvel impérialisme guerrier et colonial : l’exemple de la Lybie » ou « Comment j’ai tué Khadafi ». »
En attendant, il y a un fait qui confirme le néo-impérialisme sarkozyen : six Somaliens, de jeunes pirates, nous dit-on, arrêtés en Somalie, sont en train d’être jugés en France. Ainsi en a décidé Sarko. C’est un peu son Guantanamo, sa conception de la souveraineté des états africains.
