«je voudrais envoyer un message à Barthélémy, mon président du pays. S’il te plaît, ne bannis pas Enoh Meyomesse, c’est une référence, une vraie…»
Les institutions qui sont censées gouverner le monde émanent de ce que de Gaulle, le grand général appelait « ce machin » : l’O.N.U. . Si les signataires des différentes chartes de « ce machin »représentent les grands pays du monde, il se trouve que les Africains, disons plutôt certains Africains, se disent outrés de ne pas faire partie du Conseil de Sécurité de « ce machin », l’O.N.U., et ne disposent donc pas du droit de veto qui permet de dire non à n’importe quelle résolution, sans avoir besoin de se justifier. Qui voulez-vous qui puisse vous rapporter ce que revendiquent ces minorités invisibles d’Africains, qui pourtant représentent un pensée unanime africaine, si ce n’est Faka Bilumba, bien évidemment ?
« Merci de me permettre de dire ce que je pense, ce que je vis, et mon ressentiment énorme. Je me nomme Oumarou, je suis ouvrier de l’entreprise Aréva, qui exploite l’uranium dans mon pays, le Niger. Mes patrons français, qui sont les propriétaires de cette entreprise, sont d’une arrogance et d’un mépris sans nom. Vous savez tous sans doute que c’est grâce à notre uranium que la France est une puissance nucléaire, entre autres. Mais, ce pays éprouve un plaisir sadique à nous présenter comme le pays le plus pauvre du monde, oubliant d’ajouter que c’est lui qui nous appauvrit en nous exploitant outrageusement. Les conditions dans lesquelles nous, autochtones, travaillons, sommes payés, logés et considérés sont infectes, honteuses. Si vous n’avez jamais vu d’apartheid dans l’entreprise, venez voir Aréva chez nous -si on vous laisse entrer-.Donc, je voudrais, moi, saisir l’O.N.U à propos de cette abérration, car nos dirigeants sont laxistes, lâches ou complices. »
« Mais de quoi te plains-tu, Oumarou ? C’est l’implacable logique occidentale. Moi, Balla, j’ai quitté ton pays, qui est le mien aussi, pour aller chercher une vie meilleure en Libye. J’y travaillais, et je dois dire que je m’en sortais bien. Mais quand la guerre est arrivée, et que nous avons été pourchassés et traqués par les prétendus rebelles libyens, je me suis embarqué sur les pirogues de la mort, pour l’Europe. J’y erre depuis des mois, de l’Italie à la France, et personne ne veut de nous. Nous espérions du nouveau président français et de son gouvernement des régularisations. Pas d’espoir, nous annonce Emmanuel Vals. Il se trouve que les socialistes, qui critiquaient les comportements outrageants de Sarko et de son équipe envers les migrants, s’appuient sur les acquis répressifs de la droite. Pas de grâce présidentielle, pas de régularisation en masse, on ne parle même pas du cas par cas ! Je m’inquiète, moi, pour les Français qui vivent en Afrique. Si nos chefs d’état si lâches ne bougent jamais, il y a par contre la population, qui voit ses enfants expulsés dans des conditions extrêmement dégradantes, et qui voit aussi les Français d’Afrique dans leur luxe, leur arrogance et leurs avantages, pire qu’au temps de la colonisation…
Nous sommes toujours en train de nous faire avoir ; du temps béni des colonies, on nous « civilisait », on nous évangélisait, on nous sortait de la sauvagerie et de la barbarie. Maintenant, on nous mondialise. On passe par le F.M.I pou mieux nous appauvrir ! Toutes nos entreprises ont été bradées au franc symbolique, pire encore, au franc CFA. Maintenant que la même chose doit s’appliquer en Grèce, en Italie, en Espagne, au Portugal et bientôt en France, c’est la catastrophe ! Alors, plutôt que de venir demander des conseils aux pays africains « F.M.isés » mais qui s’en sortent avec de la croissance, l’O.N.U se refuse à mettre en exergue notre expérience en matière de pauvreté ! ».
« Moi, je voudrais dire un mot au directeur de l’O.N.U. . Je m’appelle Wolowos et j’exerce le plus vieux métier du monde, je l’exerce en France. Voilà que l’on parle d’interdire et de supprimer la prostitution ! Ils sont même comment ici ? Ce métier n’existait pas vraiment dans notre Afrique profonde ancestrale. Si on faisait des présents à sa maîtresse pour entretenir la flamme, il n’a jamais existé un métier dans lequel les hommes ou les femmes vendaient leurs charmes et en vivaient exclusivement au même titre que les agriculteurs, les vanniers, les pêcheurs… Nous, les péripatéticiennes africaines, exerçons un métier civilisé, un métier que nous a apporté la civilisation. Mais il n’est pas le plus vieux métier du monde comme on le prétend, même si on dit qu’il s’exerçait déjà dans la Bible. Mais les histoires de la Bible s’arrêtent, côté Afrique, en Egypte. »
« Et moi, je porte plainte contre les dirigeants français du football pour racisme manifeste. On avait étouffé il y a deux ans une affaire de quotas de joueurs noirs dans les clubs et l’équipe nationale. Laurent Blanc, comme son nom l’indique, a blanchi le onze national. Résultat des courses : la déculottée ! Mais tant qu’ils y sont, ces ambassadeurs du Front National, qu’ils éliminent aussi les athlètes noirs des Jeux Olympiques, ou du tennis ! D’ailleurs, dans leur courage légendaire, les médias n’en parlent pas, même en demi-teinte… Je ne sais pas si l’O.N.U enregistre ce type de plainte, mais moi, Nicolas Anelka, le banni, je m’insurge ! »
« Tu n’es pas le seul banni. Moi, Dieudonné Mbala Mbala, je le suis du paysage audio-visuel français, et je ne suis pas le seul. Voyez Calixthe Beyala ! Elle aussi a osé s’attaquer au lobby qu’on ne nomme pas. Elle a osé porter plainte et gagner contre le Grand, l’Intouchable Drucker, son amant ! La preuve, la voyez-vous encore à l’antenne ? Je ne mettrai pas le Noir qui n’aime pas le manioc dans le même sac. Lui, il a ciré les bottes des gens de droite, en jouant au bon nègre qui se voulait intellectuel. Il a même été récompensé à la hauteur de ses efforts, en étant nommé conseillé d’un ministre de la trahison, Eric Besson, du temps où celui-ci était à l’immigration. Notre Kelman semble bien éteint. Mais je voudrais envoyer un message à Barthélémy, mon président du pays. S’il te plaît, ne bannis pas Enoh Meyomesse, c’est une référence, une vraie, que tout Camerounais doit lire. Il ne fait pas partie de tes éperviables. »
Et moi je vous dis qu’ainsi va la vie, avec des formes nouvelles d’une Afrique-France qui peine à remplacer l’indécrottable Françafrique. N’est-ce pas, Fabius ?
