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Les Camerounais sont-ils des mendiants assis sur une mine d’or?

Par Florence Tsagué

Pour Dr. Paul K. FOKAM de Afriland First Bank, les Camerounais sont des mendiants assis sur une mine d´or (voir la conférence « Le Cameroun, un Havre d´Opportunités » lors du Challenge Camerounais 2013 à Berlin). L´émergence qui est actuellement la musique de fond du gouvernement nécessite, selon lui, une mentalité propice au développement, une vision, une attitude au changement, la persévérance et la réussite. Sans minimiser l´impact des structures politico-économiques, il importe ici de jeter un coup d´ il sur l´attitude individuelle face au développement. Lorsqu´on considère les synergies des communautés camerounaises, on peut émettre l´hypothèse que les compatriotes sont souvent loin d´exploiter de façon effective les opportunités à eux offertes et leurs potentialités.

En Allemagne par exemple, la communauté camerounaise est désormais celle qui regorge le plus grand nombre d´étudiants de l´Afrique. Une communauté qui brille tant par sa quantité que par sa qualité. Nombreux sont ceux qui bouclent avec brio leurs études et réussissent à s´intégrer sur le plan social et professionnel. Et même les compatriotes qui sont venus pour se «chercher», pour des raisons professionnelles ou dans le cadre du regroupement familial, font montre d´une persévérance notoire. Autant notre communauté se fait distinguer par les prouesses et les réussites individuelles, autant il faut souligner le caractère isolé des actions et la difficulté à se mettre ensemble pour agir de concert. Une fois que les facteurs énoncés par Dr. FOKAM sont réunis et servent de grands chevaux de bataille, la synergie reste une étape décisive pour transformer les réussites individuelles en réussite communautaire pouvant profiter à toutes les couches sociales.

Au Forum Social et Économique du Challenge de Berlin 2013, alors tribune par excellence pour présenter les projets et conjuguer les synergies, deux compatriotes ayant pris place à côté de moi ne cachent pas leur inquiétude face au manque de concordance dans les différents points du programme. L´initiateur de la conversation confie: «Une telle désorganisation arrive quand on a un peuple trop intelligent comme les Camerounais, car personne ne veut écouter l´avis de l´autre.» Et à son interlocuteur de rétorquer: «Tu as raison certes, mais ce n´est que chez les Camerounais qu´on trouve quelque chose comme ce Challenge. C´est aussi la résultante de toutes ces intelligences. Si seulement on pouvait mettre nos égos à côté!»

Nombreux sont ceux parmi nous qui ont toujours un point de vue sur tout sujet et s´y accrochent à mort. Beaucoup de discussions entre compatriotes se soldent par les frustrations, chacun se profilant comme expert et affirmant les choses de façon péremptoire. Comme l´une des causes de la mort précoce de beaucoup d´associations de la diaspora, Léonard JAMFA critique cette attitude à piétiner l´expertise. Il est souvent étonnant de voir des ingénieurs accaparer un dossier juridique au mépris des juristes à qui on devrait à juste titre confier la tâche.

De nos jours, les communautés camerounaises à l´étranger regorgent des compétences de tous les domaines importants de l´économie, de la politique, de la technologie, des médias… en sorte qu´il serait saugrenu de tomber dans la débrouillardise là où une tâche exige une expertise précise ou une interdisciplinarité devant réunir autour d´un projet de compétences de divers domaines.

Si un dicton de chez nous dit qu´on ne saurait se laisser mordre par le serpent alors qu´on a un bâton en main, on peut cependant observer au quotidien des individus qui préfèrent périr ou laisser le bateau communautaire chavirer que de recourir à l´aide du compatriote X. Il est vrai qu´on ne saurait frapper à la porte de tout le monde, quand bien même on tire le diable par la queue. Cependant, il est inquiétant de voir, dans le cadre des projets d´intérêt général, les incompatibilités d´humeur primer tout bon sens. D´aucuns jureraient: «si c´est celui-là qui détient le remède pour me guérir, je préfère mourir». Ceci traduit un orgueil souvent mal placé chez l´individu qui préfère se passer du savoir-faire de l´autre là où un petit geste d´humilité aurait aidé à tendre la main et à avancer sûrement.

Combien de fois sommes nous passés à côté des personnes détenant la clé nécessaire à nos synergies pour défendre nos intérêts et plaider pour la cause du Cameroun, notre Patrie et celle de l´Afrique, notre Avenir?

Florence Tsagué
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