Par Cavaye Yeguie Djibril, président de l’Assemblée nationale du Cameroun
Conformément aux dispositions pertinentes de notre Loi Fondamentale, la session qui s’ouvre ce jour [mercredi, 12 novembre 2014] sera prioritairement consacrée à l’examen et au vote du budget de l’Etat pour l’exercice 2015. La tâche qui attend les élus que nous sommes s’annonce donc délicate, voire difficile, mais alors combien exaltante.
En effet, connaitre de l’examen et du vote du budget de l’Etat, constitue pour chaque député, un devoir et une contribution forte au processus de développement de notre cher et beau pays. Cette contribution sera d’autant plus forte aujourd’hui, que sur un plan global, le Cameroun doit faire face à l’actuelle morosité de l’économie mondiale, et sur un plan interne, à une insécurité ambiante dans certaines localités du pays où il devient difficile de mener des activités économiques. La récente chute du prix du baril du pétrole suscite naturellement quelques appréhensions..
Quel en sera l’impact sur les ambitions de notre pays ? La question reste posée. Monsieur le Premier Ministre, Au regard de ce contexte, somme toute préoccupant, vous conviendrez avec moi que la Représentation Nationale est en droit d’attendre beaucoup du Gouvernement. Tout en restant fidèle aux mécanismes et à ses engagements internationaux, il s’agira également pour le Cameroun, de rechercher des solutions endogènes, afin de permettre au pays de poursuivre sa marche vers l’émergence, sous la houlette personnelle de Son Excellence Monsieur Paul BIYA, Président de la République, Chef de l’Etat.
Comme je le disais déjà en pareille circonstance il y a un an, la loi de Finances 2015 et le budget y afférent que nous mettrons à la disposition des pouvoirs publics, doivent être à la fois, des instruments et des outils performants, surtout réalistes. Le premier défi à relever à cet effet, nous semble-t-il, est la maitrise du nouveau mode de conception et de gestion de la dépense publique. Faut-il vous le rappeler, ce nouveau mode entre dans sa troisième année sous le régime du Budget Programme. Si 2013 a été la phase initiatique, 2014 celle des premiers pas véritables sous ce régime, 2015 ne devrait plus être l’année de quelques balbutiements.
Je m’en voudrais de clore ce chapitre, sans évoquer le cas particulier du BIP, le Budget d’Investissement Public. Ce dernier souffre depuis quelques années de la sous consommation. Selon certains indicateurs, malgré l’embellie actuelle, si les engagements dans ce domaine affichent 89,30%, il faut tout de même déplorer que le taux d’exécution physique, à la date du 24 octobre 2014, ne tournait qu’autour de 37%.
Considéré comme un accélérateur de la croissance, le BIP est également le levier qui permet à l’Etat de créer et de partager la richesse à travers la réalisation d’infrastructures de divers ordres. Il faut donc craindre que la situation actuelle ne vienne ralentir à la fois notre élan de croissance nationale et notre stratégie de lutte contre la pauvreté, qui pourtant compte au nombre des engagements prioritaires du Chef de l’Etat au cours de ce septennat. Notre souhait est que chaque camerounais, où qu’il soit, puisse ressentir les effets de la croissance.
Monsieur le Premier ministre,
C’est dire, qu’il est certainement temps pour le Gouvernement, d’ouvrir une réflexion afin d’identifier les causes profondes du mal qui mine tant l’exécution du Budget de l’Etat. Une réflexion qui par ailleurs, pourrait s’arrimer à celle en cours sur les réformes institutionnelles et structurelles, dans le cadre de la mise en uvre du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi.
Honorables députés et chers Collègues,
Je vous recommande ainsi, perspicacité et objectivité au cours des débats sur le budget. Les échanges attendus, ne sauraient être une simple formalité, suffisante pour justifier l’excellente qualité des rapports entre l’Exécutif et le Législatif. Ils doivent être le cadre d’un dialogue franc et sincère afin de rechercher la voie budgétaire la meilleure, susceptible de donner satisfaction à la fois au peuple camerounais, aux pouvoirs publics, à nos partenaires bilatéraux
et multilatéraux.
Excellences, Mesdames et Messieurs
Qui dit budget, fait allusion à l’argent, le nerf de la guerre. Justement, nos travaux s’ouvrent alors que la guerre contre l’insécurité se poursuit à nos frontières. Celle contre la secte islamique Boko-Haram en particulier, continue ainsi de défrayer la chronique. Je voudrais à cet effet, et au nom de l’ensemble des députés, saluer du haut de cette tribune, la bravoure de nos Forces de Défense et de Sécurité dont les actes héroïques ne se comptent plus. Je leur réitère ici, tout le soutien de la Représentation Nationale. Je sais qu’elles tiennent le bon bout et qu’elles iront jusqu’au bout grâce à leur professionnalisme et à leur détermination.
Je salue également les récentes libérations d’otages, certainement le fruit d’une action concertée entre les autorités, les Forces de Défense et les courageuses populations de l’Extrême-Nord. Enfin, je dis toute notre gratitude aux pays et organisations amis, qui multiplient des gestes de solidarité afin d’accompagner les efforts du Cameroun. C’est le lieu pour moi d’appeler encore à plus de solidarité, pour venir en aide aux populations des zones frontalières qui vivent déjà sous la menace d’une crise alimentaire. Une des conséquences de l’insécurité dans ces zones, a été, le ralentissement des activités agricoles. Une action conjointe du gouvernement, des ONG et d’autres bonnes volontés devrait ainsi être envisagée. Hélas, une guerre reste d’abord une guerre. Beaucoup de nos compatriotes, nos vaillants soldats en l’occurrence, y ont perdu leur vie.
En cet instant solennel, Excellences, Mesdames et Messieurs, Je vous prie de bien vouloir vous lever pour observer une minute de silence à la mémoire de tous ces défunts.
-Mesdames et Messieurs,
Au moment où nous nous retrouvons dans cet hémicycle, l’espoir renait peu à peu, au sein du mouvement sportif camerounais. Après une longue période d’incertitude, les Lions Indomptables du Football, les hommes d’un côté, renouent avec les victoires, et les dames de l’autre, font une montée en puissance qui ne manque pas de séduire. Une nouvelle ère, qu’il faut mettre à l’actif du Président Paul BIYA dont l’engagement personnel, pour assainir et redresser le football camerounais est avéré. Nous saisissons cette occasion solennelle pour adresser tous nos encouragements et nos sentiments de déférente satisfaction, au Premier Sportif Camerounais.
Mesdames et Messieurs,
La pratique recommande qu’en pareille circonstance, qu’il soit dressé un bref bilan de l’intersession. Au cours de celle qui vient de s’achever, notre Chambre s’est une fois de plus illustrée par un vaste déploiement de sa diplomatie. Aussi, en plus de sa participation aux différentes assises statutaires des organismes interparlementaires, l’Assemblée Nationale du Cameroun a-t-elle eu le privilège d’accueillir à Yaoundé, du 02 au 10 Octobre 2014, la 60è Conférence de l’Association Parlementaire du Commonwealth. Evènement particulièrement couru, s’il en fut, placé sous la présidence effective de son Excellence Monsieur Paul BIYA, Président de la République, Chef de l’Etat, alors revêtu de tous ses ATOURS de Vice Patron du Commonwealth. L’évènement est certainement venu consolider, une coopération déjà excellente, entre le Commonwealth et le Cameroun. Excellente coopération également entre Paris et Yaoundé. La preuve a été administrée à l’occasion de la visite de travail et d’amitié au Cameroun de Monsieur Claude BARTOLONE, Président de l’Assemblée Nationale de la République Française, les 26 et 27 Octobre 2014. Première visite du genre, elle ouvre à coup sûr, des perspectives nouvelles dans les relations entre la France et le Cameroun.
Enfin, l’Assemblée Nationale du Cameroun s’est enrichie de deux nouveaux réseaux. Le premier est la branche camerounaise de Globe International. Fondée au Royaume Uni en 1989, cette organisation uvre aux cotés des Nations-Unies, pour l’atteinte d’un accord global portant législation harmonisée sur le climat. Le bureau de Globe International / Cameroon sera présidé par notre collègue OYONO Martin. Toutes nos félicitations. Le deuxième réseau rassemble des parlementaires autour de la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire international. Il constitue un Forum d’échanges sur toutes les questions de politique économique et monétaire. Votre humble serviteur a été désigné Président d’Honneur dudit réseau, le bureau exécutif étant présidé par l’honorable NDOUMOU Pauline. Toutes nos félicitations également. Sur ce, je déclare ouverts les travaux de la troisième session ordinaire de l’Assemblée Nationale pour l’année législative 2014.
