Le président de la Commission nationale de lutte contre la corruption a donné un point de presse sur l’enquête dans ses services. Le Consupe parle d’une instruction ordonnée « en haut lieu »
Il n’y a pas le feu dans la demeure, a rassuré le président de la Commission nationale anti-corruption (Conac) Dieudonné Massi Gams hier, le 26 juin 2014, au cours d’un point de presse visant à contester les allégations de certains journaux qui font état de malversations financières dans la structure qu’il dirige. En effet depuis un mois environ, des inspecteurs du Contrôle Supérieur de l’Etat (Consupe) ont établi leurs quartiers au siège de la Conac à Yaoundé.
De nombreux journaux, qui auraient eu certaines conclusions du Consupe, ont révélé que la Commission fonctionne dans une gabegie financière ainsi qu’une perception de sommes indues par les dirigeants et le personnel. Dieudonné Massi Gams s’est dit étonné du fait que des médias allèguent avoir des informations du Consupe alors que cette institution n’a pas encore terminé sa mission d’inspection dont les conclusions sont transmises en premier chef au Président de la République.
Le revérend Dieudonné Massi Gams n’a rien dit sur la question des rémunérations, à part donner des indications sur les salaires d’autres présidents d’organe en charge de la lutte contre la corruption en Afrique. Au Gabon, son homologue toucherait 5,2 millions de F CFA tandis qu’à l’Ile Maurice ce salaire se situerait autour de 8 millions de F CFA. Les journaux qui ont fait état des rémunérations à problème à la Conac et d’autres avantages particuliers, à l’instar du Quotidien de l’Economie du 26 juin, avancent que le personnel de cette Commission se fait traiter comme «les fonctionnaires des Nations-Unies.»
Du côté du Consupe qui a vu hier, la prestation de serment, à la Cour suprême, de 24 nouveaux inspecteurs, on se dit victime d’une campagne de dénigrement. Comme pour envoyer un message à la Conac, le secrétaire permanent du Conseil de discipline budgétaire et financière du Consupe, Marc Mendouga Alima, explique que la présidence s’intéresse de près aux comptes de la Conac.
«Dans le cas des contrôles qui se déroulent en ce moment, il s’agit des missions spéciales. C’est-à-dire que c’est la très haute hiérarchie qui demande qu’il y ait un contrôle. Alors, dans les textes organiques de la Conac, je dois préciser que la Conac est soumise aux organes spécialisés du contrôle supérieur de l’Etat », a-t-il expliqué dans les colonnes du quotidien gouvernemental.
«Les textes sont clairs. Les administrations publiques sont soumises aux services spécialisés de l’Etat et le Consupe est un service spécialisé de l’Etat [.] Le Contrôle supérieur de l’Etat est une institution supérieure de contrôle des finances publiques. Selon les normes internationales, il n’y a qu’une institution de contrôle des finances publiques dans le monde [.] Nombre de gestionnaires de deniers publics savent que le travail sui sera fait dans leurs services conduira à leur responsabilité. Par conséquent, certaines personnes disposant de moyens essaient de contourner, ou de s’opposer à ce travail des contrôles. C’est pratiquement la guerre entre les contrôleurs et ces personnes-là », a déploré le secrétaire permanent du Conseil de discipline budgétaire et financière du Consupe.
Il faudra attendre la copie des Inspecteurs d’Etat qui examinent les comptes de la Conac pour savoir si le Revérend Dr. Dieudonné Massi Gams – l’ «homme de Dieu» à qui Paul Biya a confié l’organe en charge de la lutte contre la corruption – a les mains et les poches propres. Le Consupe sait également que l’enquête doit être rigoureuse parce qu’au moindre doute, ses conclusions pourront être contestées et accusées de partialité en rapport avec quelques précédents.
Le 25 août 2010 par exemple, le ministre délégué chargé du Contrôle supérieur de l’Etat, Siegfried Etamè Massoma, avait rendu public quatre décisions infligeant à chacun des inspecteurs d’Etat impliqués dans le procès du Port Autonome de Douala – dont la Cour suprême a prononcé la décision le 30 avril 2014 – un blâme et une suspension de toute enquête et de toute mission de vérification pendant une période d’un an. Motifs invoqués à cette époque: «violation des principes déontologiques liés au déroulement des missions du Consupe dans le cadre de l’expertise judiciaire et la collaboration avec le parquet effectuées au Pad pendant la période 2006 – 2009».
