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Les investissements chinois requis pour l’industrialisation du Cameroun

Après l'annonce de l'octroi de 60 milliards de dollars faite par le président Xi Jinping pour soutenir l'Afrique, le Cameroun…

Après l’annonce de l’octroi de 60 milliards de dollars faite par le président Xi Jinping pour soutenir l’Afrique, le Cameroun entend copter une grande part de ces fonds

L’industrialisation est un chantier prioritaire que le gouvernement camerounais déclare vouloir accélérer pour renforcer la compétitivité de l’économie nationale, avec un plus grand besoin d’investissements chinois déjà importants dans le pays d’Afrique centrale, annonce un responsable du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire.

« En 2015, les investissements chinois au Cameroun représentaient 1430 milliards de FCFA (environ 2,86 milliards de dollars). En 2016, lesdits investissements représentent près de 1215 milliards de FCFA (2,43 milliards de dollars) », a évalué dans une interview accordée à Xinhua, Charles Assamba Ongodo, directeur général de la coopération et de l’intégration au sein de ce ministère.

Diplomate de formation, le haut cadre camerounais avait fait partie de la délégation conduite par le ministre des Relations extérieures Lejeune Mbella Mbella, avec la participation du ministre de l’Economie Louis Paul Motaze, au sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) tenu en décembre 2015 à Johannesburg, en Afrique du Sud.

Présent à ces assises, le président chinois Xi Jinping avait annoncé la mise en place par son pays d’un programme de coopération en dix axes d’interventions prioritaires assorti d’une enveloppe de 60 milliards de dollars de financements pour soutenir le développement socioéconomique sur une période de trois ans en Afrique.

Selon M. Assamba Ongodo, le Cameroun entend se positionner pour capter une partie de ces financements au profit de l’exécution de son Document de stratégie et de croissance pour l’emploi (DSCE) en cours depuis 2010, avec l’ambition de devenir une économie émergente à l’horizon 2035.

« L’appréciation que je fais des investissements chinois au Cameroun, souligne-t-il, se mesure par rapport à ce que représente la Chine, en tant que partenaire économique et commercial du Cameroun ». « C’est donc un partenaire aussi stratégique et l’appréciation ne peut qu’être bonne », précise-t-il.

Ces investissements, détaille le directeur général de la coopération et de l’intégration du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, « couvrent la plupart des domaines, infrastructures avec les routes, chemins de fer, barrages, les stades, les hôpitaux, les lignes de transport d’énergie, les échanges culturels, la formation ».

Le port en eau profonde de Kribi (Sud), en attente de mise en service, le barrage hydroélectrique de Memve’ele et la centrale hydroélectrique de Mekin dans la même région, les hôpitaux gynéco-obstétriques et pédiatriques de Yaoundé et Douala, ou encore l’autoroute Yaoundé-Douala en cours de construction sont parmi les projets les plus importants réalisés grâce à ces investissements.

Sans oublier les stades de Limbe (Sud-Ouest) et de Bafoussam (Ouest), construits dans la perspective de la tenue au Cameroun en 2019 de la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN), après celle de la CAN féminine jouée récemment en décembre dans la première de ces deux infrastructures, en plus du grand stade Omnisports de Yaoundé.

Pour Charles Assamba Ongodo, ces projets contribuent indéniablement à améliorer le niveau de vie des Camerounais, tant en matière d’emploi que bien-être.

« Sur le plan macroéconomique, note-t-il en outre, l’aboutissement des investissements chinois permet notamment d’améliorer les points de croissance au Cameroun ». « A cet égard, on peut dire qu’ils répondent aux attentes du gouvernement et du peuple », résume le haut cadre de l’administration.

Les besoins sont cependant énormes et nécessitent des financements encore bien plus lourds. Car, près de 60 ans après l’indépendance en 1960, un Camerounais sur trois ploie sous la pauvreté et les trois quarts de la jeunesse n’ont pas accès à un emploi décent, en partie en cause de l’inadéquation entre la formation et l’emploi.
Poids lourd de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le pays dispose d’une économie relativement diversifiée soutenue avec un secteur manufacturier assez peu développé.

En 2016, le gouvernement a annoncé l’élaboration d’un plan directeur national de l’industrialisation pour lequel déclare souhaiter pour sa phase opérationnelle une plus grande mobilisation des investissements chinois.

Cette orientation, explique-t-il, aurait l’avantage qu’elle « créerait plus de valeur ajoutée à notre production et boosterait nos exportations de façon à améliorer notre balance de paiements, notamment ».

« Bien plus, il faudrait intensifier l’implication de la main d’ uvre et de la sous-traitance camerounaise dans l’exécution des projets financés par la Chine et assurer un réel transfert de technologies pour améliorer qualitativement les gains engrangés par notre coopération avec la Chine », préconise-t-il.

A l’initiative du chef de l’Etat camerounais Paul Biya en personne, une conférence internationale sur le thème « le Cameroun, terre d’attractivités » s’est tenue en 2016 à Yaoundé, dans le but de favoriser un attrait plus accru des investissements directs étrangers.

Miné par la corruption, le pays est cité dans les classements successifs du rapport « Doing Business » de la Banque mondiale comme un de ceux où les investisseurs éprouvent des difficultés à mener leurs activités.

Mais le directeur général de la coopération et de l’intégration du ministère de l’Economie a décrit son pays comme « un bon risque pour les investissements ».

« Notre pays dispose d’un cadre incitatif en matière en facilitation des affaires et une volonté résolue d’encourager les investisseurs y compris chinois, pour faire des affaires au Cameroun un souci gagnant-gagnant », affirme-t-il dans un appel en direction des investisseurs chinois désireux de tirer parti de l’immense potentiel de développement économique du pays d’Afrique centrale.

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