Le ministre du Travail et de la sécurité sociale, a confirmé aux syndicats et associations le 1er août 2012 que la hausse était inévitable
Proposition du Premier ministre
Dès l’entame de son propos liminaire, Grégoire Owona crache le morceau. « La hausse des prix à la pompe est désormais évidente », informe-t-il, en calmant les ardeurs des syndicalistes, et des représentants des associations des consommateurs. « A présent, le gouvernement est à la recherche des meilleures mesures d’accompagnement de cette hausse des prix », poursuit le Mintss, avant d’ajouter «le gouvernement travaille d’arrache-pied pour dégager les mesures d’accompagnement pour affiner la meilleure stratégie d’ajustement des prix à la pompe. Si l’augmentation est inéluctable, le gouvernement accompagne tous les citoyens, pour qu’on s’en sorte mieux ». Grégoire Owona consacre donc l’essentiel de l’entretien au lavage de cerveaux des syndicalistes, dont plusieurs ont invité les populations à investir les rues pour mettre la pression sur le gouvernement. Mais, le Mintss n’a pas été explicite sur les fameuses mesures d’accompagnement qui doivent contrebalancer la hausse des tarifs. Il faut se référer à la rencontre du 24 juillet entre le Premier ministre et les syndicats, pour avoir une idée des mesures que compte prendre le gouvernement. Ce jour-là, en effet, après avoir dévoilé les intentions du gouvernement, Philémon Yang a survolé quelques mesures à prendre pour amortir le choc. Le maintien des prix du pétrole lampant et du gaz, la réduction de l’impôt libératoire pour les taxis, la réduction des frais de stationnement pour les taxis, l’harmonisation des numéros des portières du taxi en ville, l’allègement des barrages routiers entre les bassins de production des vivres et les centres de consommation, la rationalisation des contrôles de police et de gendarmerie, l’accélération de l’application du code de procédure pénale en matière de transport, concernant la mise en fourrière notamment.
Encadrement des PME
On le constate, aucune mesure en faveur des automobilistes ordinaires, des promoteurs des industries et autres entrepreneurs, des fonctionnaires et des salariés du secteur privé qui, d’après l’Institut national de la statistique (Ins), sont deux fois plus nombreux que ceux du secteur public. Mais, le mystère plane toujours sur la date d’entrée en vigueur des nouveaux prix. Surtout que le Mintss n’a donné aucun indice. «Le gouvernement ne s’est pas précipité et il ne se précipitera pas. Il est au travail, et il est à la recherche des solutions », indique Grégoire Owona, qui a longuement cuisiné les leaders des associations et des syndicats, en sollicitant d’eux esprit républicain et citoyen. Malheureusement, les associations et syndicats ne fléchissent pas, même d’un iota, leur position. «Nous sommes contre cette hausse », fulmine Paul Gérémie Bikidik du réseau associatif des consommateurs de l’énergie (Race), auteur d’une kyrielle de tracts invitant les populations de Douala à boycotter cette hausse, si elle intervient. Concernant ces mesures de compensation, le Mouvement des entrepreneurs du Cameroun (Mecam) a une autre vision. « Le c ur du problème c’est l’entreprise. C’est l’entreprise qui crée des emplois, c’est encore elle qui crée de la richesse. J’entends que parlant des mesures de compensation, l’Etat se prépare à relever le salaire des fonctionnaires. Même en le faisant, le problème démeure car les fonctionnaires ne représentent rien sur le territoire national. Il faut plutôt investir dans le développement des Pme. Or, 75 à 80% de ces Pme sont dans l’informel. L’Etat doit trouver des moyens pour accroître la durée de ces entreprises qui est de cinq ans », déroule le vice-président et porte parole du Mecam. « Nous pensons aussi qu’il faut renforcer plutôt les capacités des Pme qui représentent plus de 85% des entreprises au Cameroun, et leur accorder des mesures incitatives. Il faut aussi résoudre le problème de l’accès au crédit des Pme qui continuent d’emprunter à un taux très élevé et développer un système de tutorat bancaire. Donc, si l’Etat résout l’équation des Pme, le pouvoir d’achat va considérablement augmenter et l’annulation des subventions n’aura aucune incidence. D’après l’institut national de la statistique (Ins), il y a 91.000 Pme au Cameroun. Si chaque Pme recrute seulement un employé, on est à 91.000 nouveaux employés et vous pouvez imaginer l’impact », ajoute Anselme Kemva.