Les dirigeants des six pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique Centrale (CEMAC) se sont séparés avec des maigres résolutions
La BEAC au c ur des débats
La lecture de communiqué final laisse entrevoir que les dirigeants de la sous-région Afrique centrale ont plus discuté des sujets de désaccords que des sujets d’entente. Des dysfonctionnements persistent au sein de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale) ont souligné les chefs d’Etat lors sommet qui s’est ouvert lundi à Brazzaville en République du Congo. Un constat qui a conduit au renforcement de l’équipe dirigeante de l’institution monétaire sous-régionale. Ces nouvelles nominations visent à renforcer le fonctionnement de la banque qui a connu des soubresauts ces dernières années. Le Congolais Daniel Ngassiki a par exemple été désigné secrétaire général de la BEAC. En janvier lors de la conférence de Bangui, les chefs d’Etat avaient déjà nommé un nouveau Directeur en la personne de l’Equato-guinéen Lucas Abaga Nchama. Concernant toujours la BEAC, les chefs d’Etats ont décidé du principe de la rotation pour tous les Etats, y compris celui abritant le siège de l’institution.
Plusieurs autres résolutions
Le sommet a également décidé de l’uniformisation de la durée des mandats à cinq ans (à la tête des institutions) à l’exception de la BEAC, selon le communiqué final. La conférence a instruit le président de la commission de poursuivre les négociations avec le partenaire stratégique la société South Africa Airways (SAA) en vue de la mise en place effective de la compagnie Air CEMAC. Les experts affirment que la fin des négociations n’est pas pour demain. Le point de divergence concerne l’accord des avantages fiscaux au partenaire sud-africain. Il a aussi été arrêté qu’il soit effectué un audit annuel des institutions de la CEMAC dans un délai raisonnable.
Quant au passeport CEMAC dont les pays étudient la mise en place, M. Sassou Nguesso a estimé: Il faut prendre des mesures de sauvegarde, il ne faudrait pas que les criminels profitent de ce passeport. Etrangement, le passeport qui sera communautaire pourrait avoir des couleurs différentes selon les pays. La conférence a abordé les dossiers liés à l’augmentation de la participation de la BEAC au capital de la BDEAC en vue de permettre à celle-ci de mieux jouer son rôle d’institution de financement du développement de la CEMAC et au programme économique régional (PER). Elle a demandé aux Etats membres redevables d’arriérés au titre du budget des réformes de les apurer dans les meilleurs délais. La question de la fusion des places financières de la sous-région a elle aussi été furtivement abordée.
Satisfaction exprimée des participants
Les participants à la conférence ont pourtant exprimé leurs satisfactions sur les avancées connues dans la sous-région. Lors de son discours d’ouverture, M. Sassou Nguesso a aussi salué la mise en place en avril à Malabo du parlement communautaire qui, a, entre autres, vocations de promouvoir l’intégration et le dialogue entre les peuples, la démocratie participative, l’Etat de droit, les libertés et les droits fondamentaux en Afrique centrale. Le succès de la conférence extraordinaire de Brazzaville nous conforte dans l’idée que la marche vers l’intégration de notre sous-région est irréversible (.). Nous venons ici à Brazzaville de faire un pas supplémentaire, de poser un nouveau jalon sur la voie de la solidarité et de l’union. Le temps de l’action pour une CEMAC forte et dynamique est arrivé, le temps de l’action pour faire de l’Afrique centrale région émergente à l’horizon 2025 est arrivé. Maintenons ce cap, c’est le moyen le plus sûr de faire entrer notre sous-région dans la dynamique de l’intégration socioéconomique du continent, a déclaré le Président Denis Sassou Nguesso à la clôture du sommet, en ajoutant que des efforts réitérés et persévérants sont à la mesure de notre volonté affirmée de construire en Afrique centrale une communauté forte, viable et solidaire.
Les observateurs dénoncent le peu d’avancée
De nombreux observateurs de l’économie et du droit de l’intégration ne partagent pas cette assurance. Une position qui se vérifie dans la réalité du processus d’intégration en afrique centrale. En l’espace de quelques jours, c’était la troisième fois que les dirigeants de la CEMAC se retrouvaient ensemble, la quatrième en une année. Indispensable à l’intégration sous-régionale, la libre circulation des personnes et des biens constitue la principale difficulté de la CEMAC. Dans son acte constitutif en 1994, cette institution avait fait de cet objectif une de ses missions essentielles, gage selon elle d’un développement harmonieux des Etats membres. 16 ans plus tard, les frontières entre pays restent fermées et les citoyens doivent s’acquitter des frais de visa pour se rendre d’un pays à un autre. La mise en place d’un passeport unique (passeport CEMAC) piétine, les propositions ayant été renvoyées pour plus tard. Au contraire de l’Afrique de l’ouest, les dirigeants en afrique centrale semblent plus préoccupés par la préservation de leurs pouvoirs souverains. Notre indépendance ne peut souffrir d’ambiguïté du fait de notre union avec nos frères de la sous-région, afin de relever les défis économiques et sociaux qui s’imposent à nos populations, a déclaré Paul Biya le président camerounais lors du huitième sommet de la CEMAC qui s’est tenu l’année dernière à Yaoundé. Sur le plan de l’intégration, l’Afrique centrale est de loin la dernière sur le continent.